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DISCOURS DU PRESIDENT DU FASO A LA NATION


 Les Burkinabè en attendaient plus

A la veille de la célébration du cinquante-huitième anniversaire de l’indépendance du pays, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a sacrifié à la tradition en s’adressant au peuple. De ce discours, l’on peut retenir principalement l’engagement pris par le président du Faso (PF) de faire en sorte que tous les enfants du pays puissent aller à l’école sur toute l’étendue du territoire national, et son appel à la solidarité nationale pour faire face à l’ennemi commun. En ces périodes où le peuple burkinabè est fortement éprouvé par les attaques terroristes qui mettent, entre autres, à mal le système éducatif dans certaines parties du pays, cet engagement du premier des Burkinabè peut être vu comme l’un des traits majeurs de son discours. C’est pourquoi, entre la parole et l’acte, Roch peut, d’ores et déjà, être sûr qu’il sera attendu sur le terrain par ses compatriotes. D’autant plus qu’à l’orée de cette année scolaire, la menace terroriste sur le monde de l’éducation reste persistante dans de nombreuses régions du pays. D’un autre côté, si Roch Marc Christian Kaboré a réaffirmé son engagement pour la réconciliation nationale, les préalables de la vérité et de la justice pour y parvenir demeurent visiblement une constante pour lui. De quoi se demander s’il sera jamais un jour en phase avec les chevaliers de la justice transitionnelle.

Cela dit, cette adresse à la nation en cette fête du souvenir et de la mémoire, a, à entendre certains commentaires, visiblement laissé de nombreux Burkinabè sur leur faim. Car, dans cet environnement où l’on crie au marasme économique et où le débat sur la vie chère reprend de plus belle, ils sont nombreux les Burkinabè qui attendaient des mesures fortes, visant à desserrer l’étau de la pauvreté qui frappe de plein fouet dans les rangs de ses compatriotes.  Mais à la décharge du président, l’on peut se demander si cela n’est pas lié aux discussions toujours en cours avec les partenaires sociaux sur la question, suite à la récente hausse du prix du carburant qui a entraîné des remous sociaux.

Beaucoup attendent que le président tape fermement du poing sur la table pour siffler la fin de la récréation

Quoi qu’il en soit, si le PF a mis la gouvernance vertueuse au centre de ses préoccupations, concernant la question de l’incivisme et surtout des détournements et de la corruption, beaucoup attendent de lui qu’il tape fermement du poing sur la table pour siffler la fin de la récréation. Mais, à analyser le ton de son discours, l’on serait poussé à y voir plus une profession de foi qu’une véritable volonté d’aller à l’assaut de ces fléaux qui gangrènent fortement notre pays. En tout cas, ce n’est pas avec de tels propos angéliques que Roch fera peur à tous ces pêcheurs en eaux troubles dont les actions fortement décriées, contribuent à saper ses efforts et à donner des verges à ses adversaires pour se faire fouetter. C’est pourquoi le natif de Tuiré gagnerait quelquefois à sortir de sa peau d’agneau pour se transformer non pas en loup, mais en tigre dont le feulement ne passe pas inaperçu dans la forêt. En tout cas, il lui revient de traduire en actes sa volonté de lutter efficacement contre des fléaux qui, comme il a su si bien le dire, « fragilisent la cohésion sociale et les efforts pour un mieux-être pour tous ». Pour cela, il faudra nécessairement hausser le ton à un moment ou à un autre, pour qu’on sente de la fermeté et une détermination à mettre fin à des vices qui ont visiblement la peau dure et qui affaiblissent la République. Car, le peuple burkinabè a tellement pris de mauvaises habitudes pendant des décennies qu’il faut aussi un discours qui colle à la réalité de son affaissement moral. C’est aussi cela, l’une des voies pour reconquérir la confiance de ceux de ses compatriotes qui ne se gênent plus de cacher leur déception.

Enfin, l’on peut être étonné que dans ce speech, il n’y ait pas eu un seul mot sur la vie du pays dans ses rapports avec les autres nations. Mais sait-on jamais. Peut-être le PF se réserve-t-il pour son discours de fin d’année. L’on attend de voir.

 

« Le Pays » 


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