HomeA la uneDIVERGENCES AU FPI A PROPOS DES LEGISLATIVES : C’est dommage pour la démocratie ivoirienne

DIVERGENCES AU FPI A PROPOS DES LEGISLATIVES : C’est dommage pour la démocratie ivoirienne


 

Le Front populaire ivoirien (FPI) aborde les législatives de façon dispersée. En effet, alors que le président légal, Pascal Affi N’Guessan, et son camp ont décidé d’aller à la conquête de l’électorat, les frondeurs regroupés autour de Aboudramane Sangaré ne l’entendent pas de cette oreille. Eux n’iront pas à ces législatives. Ils n’entendent pas, selon eux, avaliser les dérives du régime actuel. Chaque camp a ses raisons, plus ou moins objectives. Affi N’Guessan et les siens qui sont dans la logique d’une collaboration avec les dirigeants actuels, entendent jouer leur rôle d’opposants au sein des institutions de la République. Pour ce faire, ils veulent siéger à la représentation nationale. Pour l’ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo, cette élection est aussi une occasion de jauger son poids réel dans le parti. Pour Aboudramane Sangaré et les siens, participer à cette élection, qui se déroulera sous l’empire de la nouvelle Constitution qu’ils ont jusque-là rejetée, ne serait ni plus ni moins que de la compromission.

ADO peut se frotter les mains

 

Sans qu’il soit besoin de rentrer dans le débat, on peut dire que cette guéguerre entre les militants du parti de Laurent Gbagbo, empêche le parti de jouer à fond son rôle de contrepouvoir. Ce qui n’est pas bien pour le pays. Bien entendu, le pouvoir de Alassane Dramane Ouattara (ADO) en opérant des passages en force comme dans le cas de l’adoption de la nouvelle loi fondamentale du pays, n’a pas encore su œuvrer à l’instauration d’une démocratie apaisée. Pourtant, cela est plus que nécessaire pour permettre à la Côte d’Ivoire et aux Ivoiriens de consolider la paix, après la longue et meurtrière crise qui a secoué le pays. Mais, l’opposition n’a pas non plus su se serrer les coudes pour faire contrepoids chaque fois que cela était nécessaire. Tant et si bien que l’un des plus grands dangers qui guettent le pays est l’instauration ou la restauration d’une sorte de « pensée unique ». En affichant cette incapacité à faire bloc autour de l’essentiel, le FPI court le risque d’être absent ou en tout cas, de ne pas être suffisamment représentatif à l’hémicycle, à l’heure des grands débats. En effet, comme ses leaders ont pu eux-mêmes le constater, la politique de la chaise vide ne paye pas sous nos tropiques. Si le parti avait eu des représentants dans l’actuelle Assemblée nationale, nul doute que le débat sur le projet de nouvelle Constitution aurait été plus houleux. Certes, la faible participation au scrutin sur la nouvelle Constitution, laisse présumer que l’appel au boycott de l’opposition a été suivi. Mais, comme on le voit, cela n’a pas suffi à empêcher que la loi fondamentale soit votée et promulguée. Ce qui laisse penser que les opposants seraient bien inspirés de changer leur fusil d’épaule, s’ils veulent peser de façon effective dans la balance en ce qui concerne les décisions majeures qui affectent le pays. En réalité, ADO peut se frotter les mains de voir que le principal parti d’opposition reste divisé sur la question des législatives. Cette situation l’assure d’avoir une majorité d’élus au Parlement. Ce qui est de nature à lui assurer une mainmise sur le pays, au grand dam de ses contestataires. A force de se tirer les uns les autres dans les pattes, les leaders actuels du FPI ouvrent un boulevard à leurs adversaires, notamment aux tenants du régime en place, toute chose qui leur permettra de gouverner comme bon leur semble, sans contrôle réel. Ce qui, en réalité, ne présage rien de bon pour la gouvernance du pays. En effet,  quand dans un Etat, un seul groupe d’individus concentre d’énormes pouvoirs entre ses mains, il a tendance à en abuser. Ce qui aura pour conséquence de marginaliser d’une manière ou d’une autre, ceux qui sont en face. On risque, si les choses continuent ainsi, de se retrouver dans la configuration d’un parti Etat.

Les frondeurs du FPI seraient bien inspirés de laisser de côté leurs exigences surannées

En effet, à moins d’une surprise dans les résultats à venir de la frange du FPI conduite par Affi N’Guessan ou d’une implosion au sein des houphouétistes, l’Assemblée nationale ivoirienne sera quasiment unicolore. Une configuration qui hypothèquera sérieusement, la constitution du contrepoids indispensable à la qualité du débat dans cette enceinte importante de la République. Ce sera dommage pour la démocratie ivoirienne et les Ivoiriens. Au regard de ce qui précède, on peut dire que les Ivoiriens ont tout intérêt à revoir leur copie. Tous les démocrates sincères devraient se convaincre qu’il faut agir autrement, face à cette situation qui n’est pas rassurante. Il urge de relancer le dialogue national, de désarmer sincèrement les cœurs. Chaque camp devra mettre de l’eau dans son vin. L’opposition devra faire l’effort d’abord de se réunir autour de l’essentiel pour jouer sa partition au sein des institutions républicaines. Les frondeurs du FPI notamment, seraient bien inspirés de laisser de côté leurs exigences surannées telles que la libération sans jugement des prisonniers de leur camp. De son côté, le pouvoir aussi devra faire des efforts pour rendre le dialogue possible et fécond. Quant au chef de l’Etat, il est de son devoir de père de la Nation, de se montrer capable de s’élever au-dessus de la mêlée. On voit bien que les Ivoiriens, dans leur ensemble, devront faire preuve d’un vrai esprit de sacrifice, de maturité pour construire une démocratie apaisée, une démocratie durablement à l’abri des vieux démons. Ce qui n’est pas gagné d’avance.

« Le Pays »


Comments
  • Commentaire…Nous jeunes Ivoiriens devraient comprendre que ni le RHDP avec ADO ni le FPI avec AFFi travaillera pour l’intérêt de la CÔTE D’IVOIRE il faudra alors que chacun(e) prenne ses responsabilités. que Affi ou Aboudramane ai des position opposée ou pas ils ne feront rien pour la démocratie Ivoirienne.

    15 novembre 2016

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