HomeA la uneDR ARNAUD LAWASSOU TOE, GYNECOLOGUE OBSTETRICIEN : « Nous pouvons tous contribuer à la prévention de la gonococcie »  

DR ARNAUD LAWASSOU TOE, GYNECOLOGUE OBSTETRICIEN : « Nous pouvons tous contribuer à la prévention de la gonococcie »  


 

Cette semaine, votre rubrique « A propos de ma santé » s’intéresse à la gonococcie. Le Dr Arnaud Lawassou Toé donne les causes de cette maladie et quelques conseils. Lisez plutôt pour en savoir davantage sur cette maladie.

Le Pays : Qu’est-ce que la gonococcie ?

Dr Arnaud Toé : La gonococcie est une maladie de répartition mondiale qui atteint plutôt les PVD. Elle est en recrudescence depuis 1998 et représente l’une des IST les plus fréquentes (340 millions de nouveaux cas guérissables par an selon l’OMS) après l’infection à Chlamydia trachomatis. Les IST sont des infections sexuellement transmissibles. C’est une affection contagieuse due à des micro-organismes multiples et variés se transmettant par les rapports sexuels. La gonococcie est une maladie sexuellement transmissible due à neisseria gonorrhoaeae ou gonocoque, bactérie strictement humaine.

Quelles en sont les causes ?

 

La gonococcie est causée par une bactérie appelée gonocoque (appartient au genre Neisseria). C’est un diplocoque (type de bactérie) encapsulé, Gram Négatif, intra ou extracellulaire dont la transmission est presque toujours sexuelle. Facteurs socio-économiques : la pauvreté ; la guerre ; le déplacement de populations ; les professions entraînant des déplacements (migrants internes et externes, routiers, militaires, forces de l’ordre, travailleurs saisonniers, mineurs ou orpailleurs, commerçants ambulants, certaines catégories de fonctionnaires et d’agents  de projets… ) ; l’ignorance relative du mode de transmission des IST ; le mariage forcé ; la dépendance socio-économique de la femme ; l’insuffisance de cadre juridique  éthique et réglementaire de la prostitution, par exemple ; l’analphabétisme ; la situation matrimoniale. Facteurs comportementaux : Les rapports sexuels multiples non protégés (avec des prostituées, avec un partenaire ayant lui-même plusieurs autres partenaires, avec des partenaires occasionnels) ; les pratiques sexuelles à risque (anales, buccales, homosexualité, bisexualité…) ; l’automédication et la consommation de drogues. Facteurs culturels : la sexualité précoce ; le mariage précoce ; certaines pratiques traditionnelles (lévirat, sororat) ; les occasions de grandes rencontres telles que les marchés forains, les funérailles qui peuvent favoriser des rapports occasionnels ; certains tabous sur la sexualité.

Comment se manifeste la gonococcie ?

La maladie débute 2 à 6 jours après le contact avec la bactérie responsable de l’infection. La gonococcie ou blennorragie se manifeste chez l’homme par un écoulement de liquide purulent blanchâtre ou jaunâtre au niveau de l’urètre (gland), et des brûlures très intenses lors de l’émission des urines (miction).  Chez la femme, les symptômes sont souvent peu intenses ; ce qui retarde le diagnostic : de légères douleurs ou brûlures lors de la miction, une légère inflammation du col de l’utérus, du vagin et de la vulve (partie externe du sexe féminin). En absence de traitement, les conséquences peuvent être graves.

Pouvez-vous nous parler des conséquences ?

La gonococcie non traitée à temps ou mal traitée, peut entraîner des complications et des séquelles chez les hommes, les femmes et les nouveaux- nés. Chez les hommes : dans 10 à 40 % des cas, une infection des testicules et de la prostate (orchis-épididymite, prostatite) ; la stérilité ; une obstruction des voies urinaires (rétrécissement urétral, l’amputation du gland). Chez les femmes : la maladie inflammatoire pelvienne entraîne la stérilité ; la grossesse extra-utérine. Les conséquences néfastes durant la grossesse : avortement, mort in utero, naissance de nouveau-né de faible poids suite à un accouchement prématuré ou à un retard de croissance du fœtus. Chez les nouveau-nés : une conjonctivite néonatale à neisseria gonorrhoeae. La gonococcie a des répercussions néfastes pour l’individu infecté, sa famille et toute la communauté.  Conséquences économiques : Le coût des soins (diminue le budget de la famille, de la communauté et de  l’Etat) ; la baisse de la productivité (congés-maladie, décès). Conséquences sociales : baisse de la démographie; conflits et drames conjugaux

Qui peut contracter cette IST ?

Tout le monde (riches ou pauvres ; hommes ou femmes) et partout, peut contracter cette infection ; particulièrement ceux qui s’exposent aux facteurs de risques sus-cités.

Quelles mesures pouvons-nous prendre pour prévenir cette infection ?

La prévention peut être primaire ou secondaire. La prévention primaire consiste à éviter que les individus soient infectés par la gonococcie, une IST ou par le VIH et la prévention secondaire consiste en la fourniture de traitements et de soins aux personnes infectées pour éviter toute transmission de l’infection aux autres. En tant qu’individus, nous pouvons tous contribuer à la prévention de la gonococcie par des attitudes et gestes simples : nous informer sur la  gonococcie et les IST et éduquer nos proches (enfants, amis, jeunes membres de la famille) en ce qui concerne les comportements sexuels à moindre risque afin de prévenir et de diminuer les comportements futurs dangereux ; consulter systématiquement un agent de santé qualifié (sage-femme ; maïeuticien ; médecin ; gynécologue) de façon routinière (surtout chez les femmes où la gonococcie peut exister sans signes ressentis) et  si l’on présente une douleur lorsque l’on urine, des écoulements anormaux au niveau des organes génitaux, des difficultés à procréer ; observer  les traitements prescrits en cas d’infection à la gonococcie et aux IST/VIH en général ; utiliser correctement les préservatifs et les mettre à disposition ; sensibiliser et conseiller nos partenaires sur cette maladie.

Que pouvez-vous dire pour conclure ?

Je remercie votre journal de nous avoir donné l’opportunité de communiquer sur la gonococcie et les IST qui sont un facteur favorisant la transmission du VIH dont la prévention et  la prise en charge conduisent à une réduction de la propagation de cette maladie encore trop fréquente. Je félicite aussi les lecteurs et lectrices pour leur courage à accepter parler de ce mal. Sur ce, tout en vous souhaitant meilleure santé, je rappelle à tous que nous serons toujours disponibles pour d’éventuelles préoccupations.

Propos recueillis par Valérie TIANHOUN


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