ENCLAVEMENT, DEGRADATION DU RESEAU ROUTIER,…DANS LA REGION DE L’EST
« U Gulmu fi » signifie en français « le Gulmu est debout » ou encore « le Gulmu s’est levé ». C’est le nom de ce mouvement qui a battu le pavé le week-end dernier à Fada N’Gourma. Il proteste contre ce qu’il appelle « le délabrement achevé du réseau routier » dans la région de l’Est dont les principaux maux sont les suivants, à en croire les manifestants : « insécurité, manque d’infrastructures routières, sanitaires et socio-éducatives ». Je crois, si ma mémoire est bonne, que les initiateurs de ce mouvement de contestation, ont même été reçus par le chef de l’Etat qui dit avoir pris note des différents points contenus dans la plateforme revendicative. J’ai aussi fait le constat qu’une semaine avant la marche, des membres du gouvernement ont effectué une visite de terrain à l’issue de laquelle ils se sont voulus rassurants. C’est la preuve que les plus hautes autorités ont prêté une oreille attentive au cri de cœur des populations de la région de l’Est. C’est tout à leur honneur. J’ai même appris, par voie de presse, que la région de l’Est, à elle seule, bénéficie de près de 160 milliards de F CFA et cela seulement pour les infrastructures routières. Que c’est donc intéressant de le savoir ! Les populations du Gulmu n’ont donc pas à rougir, peut-on dire. Elles ne sont pas oubliées par les autorités comme elles le pensent. Mais au-delà des chiffres, je voudrais parler plus concret. Car, je connais très bien la région de l’Est. Et je sais que les populations n’ont pas tort de crier leur ras-le-bol. Je ne suis pas là pour jeter de l’huile sur le feu. Je vais dépeindre des faits que quiconque peut vérifier s’il le souhaite. En fait, la région de l’Est ne dispose pas d’une seule bonne voie. L’axe Fada-Matiacoali-frontière du Niger qui est le prolongement de la RN4, date de plus de trente ans, si bien qu’il est en piteux état. L’axe Fada-Pama-Bogandé est en travaux pendant que l’axe Fada-Pama est en déshérence.
Il faut faire preuve de discernement et de lucidité par ces temps d’insécurité
Seul l’axe Kantchari-Diapaga, long d’une soixantaine de kilomètres, a enregistré des travaux très avancés. Certes, l’on nous dit que certains travaux ont été abandonnés à cause de l’insécurité. Mais combien de temps cela prendra-t-il quand on sait que certaines localités sont classées comme des zones rouges ? Et d’ailleurs, l’argument de l’insécurité peut-il justifier le retard constaté dans l’exécution des travaux sur l’axe Gounghin-Fada ? Je me pose la question parce qu’à ma connaissance, on n’a jamais enregistré une seule attaque sur ce tronçon. Je me rappelle d’ailleurs que quelques mois avant les élections de novembre 2020, les autorités avaient promis que les choses iraient très vite. Mais jusque-là, rien. Voyez-vous ? Ceux qui qualifient les manifestants de régionalistes ne connaissent pas la réalité du terrain. Je le dis parce qu’en plus du réseau routier, la région de l’Est connaît d’autres difficultés. Elle manque d’infrastructures sanitaires et éducatives. Et le peu dont elle dispose manque cruellement de ressources et d’équipements adéquats. C’est le cas, par exemple, du Centre hospitalier régional de Fada N’Gourma qui ne dispose que d’un seul chirurgien. J’oublie volontiers le cas d’écoles qui manquent d’enseignants. Que l’on ne me parle surtout pas d’insécurité. Car, moi fou, j’y ai fait le parcours scolaire dans les années 90 au moment où le Burkina était présenté comme un havre de paix. Mais laissez-moi vous dire que le manque d’enseignants y était déjà criard. Si bien que des générations entières ont été sacrifiées. Moi, je suis contre tout esprit régionaliste et sectaire. Mais, je suis pour un partage équitable des richesses et des ressources du pays. Car, comme on le sait, c’est de l’injustice et l’iniquité que naissent les frustrations. Cela dit, je termine par un appel à mes compatriotes ressortissants de l’Est. Il faut faire preuve de discernement et de lucidité pour que par ces temps d’insécurité, l’ennemi n’exploite pas nos divergences. Et là, je compte sur la hauteur de vue et la grandeur d’esprit qui caractérisent les uns et les autres.
« Le Fou »