HomeA la uneENJEUX ET DEFIS DE LA REGULATION DES MEDIAS: Le CSC fait le bilan de ses actions sous la Transition

ENJEUX ET DEFIS DE LA REGULATION DES MEDIAS: Le CSC fait le bilan de ses actions sous la Transition


« Les défis de la régulation des médias sous la Transition politique au Burkina Faso » ; tel est le titre du rapport du Conseil supérieur de la communication sur les actions qu’il a entreprises au cours de l’année 2015. Paru en février 2016, ce rapport donne dans les détails la stratégie mise en place par l’Institution pour réguler les médias dans une période assez particulière comme celle de la Transition et les innovations apportées pour faire face aux nombreux défis.

 

C’est un secret de polichinelle de dire que la Transition politique au Burkina Faso a été une période caractérisée par de nombreux enjeux socio-politiques. De ce fait, tous les acteurs qui animent la vie socio-politique ont été appelés à jouer un rôle crucial pour la préservation de la paix sociale. Le Conseil supérieur de la communication (CSC) n’a pas été en reste. De l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 jusqu’à l’organisation des élections couplées présidentielle et législatives du 29 novembre 2015, il a, par moment, fait parler de lui. « Dans le souci de maintenir et préserver la cohésion sociale », comme indiqué dans l’ouvrage intitulé « Les défis de la régulation des médias sous la Transition politique au Burkina Faso ». Cet ouvrage de 87 pages édité en février 2016 décrit, en effet, les actions de l’institution sous la Transition.  En trois chapitres, l’ouvrage met en exergue le contexte historique et politique suscité par l’insurrection et la Transition politique ; la régulation du discours politique dans le cadre des élections présidentielle et législatives du 29 novembre 2015 et fait une approche critique de l’organisation de la couverture médiatique des élections couplées du 29 novembre 2015. S’agissant du contexte, le rapport du CSC a rappelé les nombreux défis de la Transition et le délai imparti pour relever tous ces défis. Il s’agit, bien entendu, de l’organisation des élections et les nombreuses attentes légitimes du peuple. Au regard de cette situation, relève le rapport, l’Institution a pris son bâton de pèlerin avant même l’ouverture de la campagne et est allée à la rencontre de tous les acteurs. C’est ainsi qu’à l’intention des acteurs, elle a initié des conférences publiques et des campagnes de sensibilisation. L’une des actions fortes qui a d’ailleurs suscité beaucoup de remue-ménage a été la suspension des émissions interactives. « L’objectif a été de civiliser le débat politique dont les dérives commençaient à constituer de sérieuses menaces à la cohésion sociale. La mesure ne visait pas à sanctionner les médias mais à marquer une halte pour un recadrage », précise le rapport.  Concernant la régulation du discours politique électoral, une stratégie a, selon le rapport, été bâtie autour de deux valeurs que sont l’anticipation et la pédagogie. Cela, en tenant compte des spécificités respectives des deux élections. Ainsi, en se fondant sur l’égal accès aux médias publics et la règle du pluralisme et l’équilibre, l’option choisie a été celle de l’organisation d’émissions alternées portant respectivement sur les élections présidentielle et législatives. Une feuille de route a ensuite été adoptée pour la tenue de plusieurs activités. Des innovations ont été également introduites au niveau du cadre règlementaire de l’Institution. Se basant sur le code électoral, le CSC a pris des décisions portant règlementation de la couverture médiatique des activités des partis et formations et regroupements politiques de candidats indépendants.

 

Les partis politiques ont brillé par une absence d’occupation des espaces médiatiques qui leur était destinés

 

Dans la détermination des reportages à accorder aux candidats par les médias publics, on note aussi des avancées. En outre, il a été interdit de faire de la publicité à caractère politique dans les médias privés pendant la campagne alors que par le passé, cette mesure ne concernait que les médias publics. Des textes règlementaires ont été adoptés pour encadrer le discours politique électoral avec la mise en œuvre de dispositif organisationnel interne dans des médias publics. Les émissions encadrées et consacrées aux candidats sont les émissions « Message campagne », « Au cœur de la présidentielle » et « Au cœur des législatives »  « Un candidat un programme » au niveau de la RTB télé et Radio. Au niveau du quotidien d’Etat Sidwaya, des pages ont été consacrées aux candidats. « Tout ceci, en respectant le pluralisme et l’équilibre de l’information » spécifie le rapport avec à l’appui, tous les taux de participation et de publication. Quid de l’approche critique du discours électoral et du rôle des médias ? Pour le CSC, la classe politique a honoré son engagement avec des messages caractérisés par un ton courtois et soutenu par le souci de préserver un climat social apaisé. Mais, note le document, lorsqu’on décrypte les contenus des reportages réalisés pendant les meetings et publiés dans les médias tant publics que privés, on note certains propos qui frisent l’impertinence, conséquences évidentes de l’improvisation ou des effets de foule. « Les sorties du candidat Ablassé Ouédraogo et de Yamba Malick Sawadogo militant du MPP tout de suite fustigés par l’opinion ont eu le mérite de contribuer à civiliser le débat », a estimé le CSC. Faisant une approche critique du discours politique, le CSC a estimé que les partis politiques ont brillé par une absence d’occupation des espaces médiatiques qui leur était destinés. Toute chose qui a eu pour conséquence de rendre le discours électoral peu structuré et sans véritable impact communicatif pour le public cible. « Le principal objectif de communication des partis en compétition semblait être d’indiquer aux électeurs la place de leur logo sur le bulletin unique et subsidiairement de présenter les candidats retenus pour briguer le mandat de député », relève le rapport. S’agissant du rôle des médias publics, le rapport indique que la tutelle pesante qu’exerçait le ministère de la Communication sur les médias a connu un grand fléchissement tout le long de la Transition et surtout à l’occasion des élections. Les forces de la couverture médiatique ont été entre autres, l’ouverture de la couverture médiatique des activités des partis politiques et candidats aux médias confessionnels et à certains médias communaux, l’équité dans la répartition de la subvention de l’Etat à la presse privée. Néanmoins, selon le rapport, des faiblesses ont été relevées et elles sont liées notamment au nombre pléthorique des partis politiques, à la problématique de la publicité électorale et l’amateurisme et l’impréparation de nombreux responsables de partis politiques. En perspectives, le CSC envisage corriger les défaillances résiduelles dans l’organisation de la couverture médiatique et de consolider les acquis engrangés. Elle recommande, par ailleurs, au gouvernement de doter l’Institution de moyens conséquents pour un contrôle intégral du paysage médiatique national, et d’augmenter la subvention de l’Etat à la presse nationale.

 

Adama SIGUE

 

 


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