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ETHIOPIE-ERYTHREE


 La paix des braves

Toute chose, bonne ou mauvaise, a une fin. Ainsi pourrait-on dire de la guerre fratricide qui a fait couler un torrent de sang et provoqué des vagues de déplacés en l’espace de deux décennies d’affrontements aveugles et soutenus,  entre l’Erythrée et l’Ethiopie. En effet, dimanche dernier, 16 septembre, dans la ville de Djeddah en Arabie Saoudite, sous les auspices du souverain sunnite et de son fils, le prince héritier, une cérémonie solennelle a eu lieu, marquée par la signature d’un accord  destiné à enfouir plus profondément dans le sable saoudien la hache de guerre. Cet accord a visiblement pour ambition de consolider la sécurité et la stabilité dans cette corne très stratégique et très sensible de l’Afrique. La présence du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à la cérémonie, donne la pleine mesure de l’enjeu de cet accord qui devrait apaiser cette zone, hérissée de bases militaires et véritable champ clos  où se télescopent intérêts occidentaux, arabes, russes etc., et où la densité des espions au km2 est l’une des plus fortes sur le continent noir.

On ne peut passer sous silence l’absence bruyante de l’UA à cette  cérémonie de paraphe pour la paix

Il est sans doute nécessaire de rappeler pour l’histoire que le président  érythréen, Issaias Afeworki, et le Premier ministre éthiopien, le réformateur Abry Ahmed, avaient officiellement mis fin, le 9 juillet dernier, à  ce conflit frontalier qui a fait 80 000 morts entre 1998 et 2000, toute chose qui  a scellé un spectaculaire rapprochement entre les deux parties, opéré sous l’impulsion dynamique et très volontariste de M. Abry, nommé en avril dernier. Par la magie de cet accord, l’horizon est désormais dégagé pour la réouverture des ambassades à Asmara et Addis Abeba, le rétablissement des lignes aériennes, téléphoniques et des relations commerciales. Il faut à présent souhaiter que le triomphe de la paix soit de très longue durée entre ces deux pays qui, pour des raisons économiques, politiques, géostratégiques et militaires, ne laissent aucune puissance indifférente. Le choc des intérêts et les manipulations de toutes sortes constituent, de façon permanente, une menace  potentielle pour la stabilité de cette contrée.

En tout état de cause, on ne peut passer sous silence l’absence bruyante de l’UA à cette  cérémonie de paraphe pour la paix. Même si elle doit se féliciter de cet accord, l’organisation continentale  doit reconnaître que cette étape importante de l’histoire  contemporaine des relations entre Addis  Abeba et Asmara lui a filé entre les doigts, toute chose qui devrait la laisser songeur et en même temps fouetter sa conscience. Mais en attendant c’est une paix des braves commandée par le réalisme des protagonistes, qui vient d’être signée sur le sol de l’Arabie Saoudite.

« Le Pays »


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