EXCLUSION SOCIALE EN FRANCE : Quand les vérités de Valls suscitent la polémique
“Il existe un apartheid territorial, social et ethnique en France”. Ces propos sont du Premier ministre français, Manuel Valls. Comme on le sait, ils ont provoqué une levée de boucliers au sein de la classe politique française. Certains hommes politiques français les ont jugés trop “excessifs”. Quoi qu’on dise, il faut reconnaître le courage de ce Premier ministre qui vient de mettre le doigt sur une plaie béante de la République : les inégalités sociales criardes dans l’Hexagone, l’exclusion. C’est à l’honneur du Premier ministre Valls. D’autant que les Français, en général, n’aiment écouter que ce que leurs oreilles veulent entendre. En mettant ainsi les pieds dans le plat, le chef de l’exécutif français provoque la colère de bon nombre de Français, certes. Mais sa sortie a, pour le moins, le mérite de poser les vrais problèmes. Car, que dire de tous ces quartiers discriminés, de ces ghettos abandonnés de la République ? En abordant ce problème, cela permettra sans doute de répertorier les causes des inégalités grandissantes que vivent au quotidien tous ces Français oubliés, et autres marginalisés privés de presque tout.
En tout cas, ce n’est un secret pour personne, le racisme, la xénophobie, l’exclusion sociale sont des maux bien réels en France. En posant le problème comme l’a si bien fait le Premier ministre Valls, cela pourrait permettre à la France censée être un pays de droit, de liberté, d’égalité et de justice, d’avancer. Pour peu, bien sûr, qu’elle ait le courage de se regarder dans la glace. Car, quoi qu’on dise, quelque part, c’est un ensemble de frustrations sociales qui sont à l’origine de la création de “montres” comme Mohamed Merah et autres. Du reste, Manuel Valls ne croyait pas si bien dire quand il prévenait qu’il “y a des dizaines de Mohamed Merah” en France”.
La France gagnerait à combattre toutes les formes d’exclusion et de discrimination
Hélas, l’avenir allait lui donner raison. En tous les cas, on aura beau multiplier les moyens de sécurité et de renseignement, créer une “peine d’indignité nationale ” qui priverait les terroristes de leur droit de vote, renforcer la sécurité dans les écoles, les édifices publics, les lieux de rassemblement, etc., tout cela sera vain si la France ne médite pas cette pensée du député PS Philippe Doucet, pour qui : “Chacun sait que dans notre pays, il y a des territoires entiers qui sont discriminés, mis à part. Vous avez des logiques de ghetto (…) qui amènent de fait à un apartheid”. Apartheid ou pas, il faut aller au-delà de la guerre sémantique, voir la réalité en face et la corriger le plus rapidement possible.
Même si ce mot gêne aux entournures, il reste qu’il décrit bel et bien la situation de certains quartiers en France. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, ne s’était-il pas engagé “à nettoyer au Kärcher” certaines banlieues de la capitale ?
En tout cas, la France gagnerait à combattre toutes les formes d’exclusion et de discrimination qui contribuent aussi à faire le lit des violences sur son territoire. Il est vrai que le jeune terroriste Amédy Coulibaly, qui est né en France et est citoyen français, a agi au nom de sa religion. Il est vrai aussi qu’il s’est rapproché des frères Couachi pour exprimer un ras-le-bol vis-à-vis des pratiques liberticides de Charlie Hebdo. Mais en posant courageusement un diagnostic sans complaisance des maux qui minent en ce moment la France, l’Hexagone aura déjà fait un grand bon en avant.
Gageons donc que la rencontre de Manuel Valls avec les députés français, permettra de mettre sur la table les vrais problèmes, afin que dans les jours à venir, les parlementaires français votent des lois qui mettent davantage les Français à l’abri des violences alimentées par des frustrations et ressentiments de toutes sortes.
Ben Issa TRAORE