HomeA la uneEXIGENCE AFRICAINE D’UN SIEGE PERMANENT AU CONSEIL DE SECURITE : JACOB ZUMA MAL BARRE POUR PORTER CETTE REVENDICATION

EXIGENCE AFRICAINE D’UN SIEGE PERMANENT AU CONSEIL DE SECURITE : JACOB ZUMA MAL BARRE POUR PORTER CETTE REVENDICATION


 

En prélude à l’Assemblée générale de l’ONU qui s’ouvre  dans une semaine à New-York, Jacob Zuma vient d’opérer une sortie devant les diplomates étrangers pour donner ses positions sur les préoccupations majeures de l’heure : la crise de l’émigration, la revendication africaine d’un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU et l’équation Omar El Béchir qui cristallise les relations entre son pays et la CPI. Sur ces différentes questions, Zuma  n’a fait que réaffirmer les positions de principe de  l’Union Africaine, se mettant ainsi  au service du  leadership que la RSA entend jouer sur le continent.  Le président de la nation arc-en-ciel s’est  fait donc à l’occasion le porte-voix du continent, portant  le  discours  anti impérialiste d’une Afrique martyr et marginalisée. Posant le diagnostic des causes de l’émigration,  Zuma estime que l’intervention de l’OTAN en Libye était à l’origine de l’instabilité et de la vague des migrations. Connaissant la  position pacifiste  et l’opposition à toute action militaire toujours affichées par l’UA face à la crise libyenne, Zuma ne fait que solder ainsi les comptes de l’Institution Panafricaine avec l’interventionnisme européen sur le continent. L’exigence d’un siège au Conseil de Sécurité de l’ONU est aussi une revendication portée depuis les années 2000 par l’UA qui n’a cessé d’appeler à la réforme de l’institution mondiale.  Derrière cette revendication, se trouve en réalité une invite du continent à la reconnaissance par ses pairs du statut de puissance, un appel du pied à être convié à la table des «maitres du monde», dans le huis-clos des grandes puissances. L’aspiration est légitime en raison de l’impérieuse nécessité de démocratisation de l’ONU. « Un monde censé être juste ne peut pas avoir plus d’un milliard de personnes absentes des instances les plus hautes. » Mieux, l’Afrique constitue le principal théâtre des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, avec en l’occurrence plus des deux tiers des conflits et par ricochet plus du tiers des opérations de maintien de la paix. Cette raison suffit pour revendiquer et justifier une présence africaine au sein du Conseil de sécurité. Un siège permanent permettrait au continent d’avoir un « regard africain » sur les problèmes africains lorsqu’ils sont débattus dans cette instance faîtière de la sécurité internationale. Enfin, le président Zuma a laissé la porte ouverte à une nouvelle visite du président soudanais dans le cadre du Forum sur la coopération Chine-Afrique (FOCAC), qui doit tenir un sommet à Johannesburg en décembre. Réaffirmant la position de l’UA selon laquelle, «aucune poursuite ne doit être engagée devant un tribunal international contre un chef d’Etat ou de gouvernement en exercice ou toute autre personne agissant ou habilitée à agir en cette qualité durant son mandat» afin de «sauvegarder l’ordre constitutionnel, la stabilité et l’intégrité des Etats membres», Jacob ZUMA défend la participation du président soudanais au sommet malgré l’intermède houleux du dernier sommet de l’UA auquel ce dernier avait pris part.

Il y a certes du juste dans ces positions défendues par Jacob Zuma mais lui-même  est-il qualifié pour les porter ?

Zuma est en effet mal placé pour donner des leçons politiques, lui qui n’est pas en odeur de sainteté avec son propre peuple qu’il  ne cesse d’éclabousser par ses frasques à répétition. Demeuré dans sa stature du militant primaire de l’ANC, sa gouvernance politique et sa gabegie le mettent constamment en porte-à-faux avec les règles de l’éthique politique. De fait, sa voix manque d’autorité morale et de force pour porter les revendications africaines. Sur la question particulière de l’émigration,  l’Afrique du Sud elle-même est moralement mal fondée à remonter les bretelles aux Occidentaux. Les récentes dérives  xénophobes  avec les cruelles scènes de barbarie y consécutives, la disqualifient. Sur le fond, Zuma ne devrait pas  dédouaner le continent à si bon compte sur les causes de l’émigration en  déchargeant les responsabilités politiques de ses leaders sur le dos de l’intervention de l’OTAN en Libye. Ces derniers ont échoué dans leur mission d’offrir des conditions de vie décentes à la jeunesse du continent ou tout au moins de l’espoir, les jetant sur les sentiers incertains de l’exil. Quant à la question du siège au Conseil de Sécurité, elle aurait été vite tranchée si Nelson Mandela était encore au pouvoir. L’Afrique du Sud est certes un grand pays mais il est dirigé par un petit président. Le siège tant convoité devant se mériter, l’aura personnelle de Mandela l’aurait amplement emporté. Des trois pays aspirant à ce siège (Afrique du Sud, Nigéria, Egypte), seul le Nigeria aujourd’hui avec Buhari, s’il parvenait à vaincre Boko Haram,  serait le plus crédible. Encore faut-il que le contexte africain soit-il opportun, avec un Mugabe, véritable  cancre de la démocratie et président de l’UA ! Enfin sur la question Béchir, Zuma se fourvoie en défiant ouvertement à nouveau  la justice de son pays.

SAHO


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