HomeA la uneEXPULSION DE REFUGIES BURUNDAIS VERS BUJUMBURA PAR LA RDC : Un acte hautement ignoble

EXPULSION DE REFUGIES BURUNDAIS VERS BUJUMBURA PAR LA RDC : Un acte hautement ignoble


 

L’acte est si hautement irresponsable et ignoble que l’on ne saurait le passer sous silence. Il s’agit de l’expulsion ou de l’extradition, c’est selon, par les autorités congolaises, de réfugiés burundais vers Bujumbura. En effet, c’est par fourgons entiers que 184 Burundais, arrêtés depuis quatorze mois en RDC, et accusés par le régime de Pierre Nkurunziza de faire partie des mouvements insurrectionnels, ont été convoyés dans leur pays. Sitôt arrivés, ils ont été illico presto conduits dans les locaux des services de renseignements pour identification, sous les auspices du ministre burundais de la Justice et du procureur de la République. S’agit-il là d’un échange de bons procédés entre dictateurs, c’est-à-dire entre Pierre Nkurunziza et son homologue congolais Joseph Kabila ? Cela y ressemble fort, puisque les autorités burundaises promettent de juger ces réfugiés déclarés persona non grata sur le sol congolais. Toute chose qui inquiète outre mesure les organisations de défense des droits de l’Homme qui voient là une occasion pour Bujumbura, de solder ses comptes avec tous ceux-là qui ont osé dire non au troisième mandat de Nkurunziza. A juste titre d’ailleurs. Car, même si ces Burundais étaient en situation irrégulière, Kinshasa, pour des raisons humanitaires, aurait pu agir autrement, plutôt que de les ramener, corde ou cou, tels des bovins, à l’abattoir. Ce n’est ni plus ni moins qu’une forme de non-assistance à réfugiés en danger.

C’est tout simplement inhumain

Certes, d’aucuns pourraient objecter que Bujumbura a dû exercer une forte pression sur Kinshasa, mais comparaison étant ici raison, les Etats-Unis, on le sait, n’ont jusque-là pas accédé à la requête des autorités turques, d’extrader le prédicateur Fettulah Gülen et ce, en dépit des multiples appels à eux lancés par Ankara. Il en est de même pour la Tanzanie qui, elle aussi, compte des milliers de Burundais sur son sol, et qui, de mémoire, n’a jamais jeté un réfugié en pâture, comme vient de le faire Joseph Kabila qui, mutatis mutandis, emboîte le pas à Paul Kagame. Car, on se rappelle, en effet, qu’accusée d’enrôler des réfugiés sur son sol, Kigali n’avait pas fait dans la dentelle en ramenant par cars et camions entiers, des Burundais dans leur pays d’origine. Et l’argument tout trouvé à l’époque était le suivant : « Les réfugiés rapatriés étaient en situation irrégulière ». C’est tout simplement inhumain. Car, si ces Burundais ont quitté leur pays, c’est parce qu’ils veulent sauver leur peau. Pourquoi alors les ramener entre les mains de leurs bourreaux ? On aurait, du reste, pu comprendre Kinshasa si, suivant la convention internationale en la matière, elle avait décidé de renvoyer les 184 Burundais vers un autre pays. Mais en les remettant à Bujumbura, on court le risque de vivre un nouveau scandale du Beach, du nom de cette tuerie collective orchestrée les 5 et 14 mai 1999, par de hauts responsables de l’Etat, au Congo Brazzaville à l’encontre de réfugiés rentrés de la République démocratique du Congo à la faveur de la réconciliation nationale initiée par Denis Sassou Nguesso. Touchons du bois et espérons que la communauté internationale mettra un point d’honneur à faire respecter les droits de ces désormais ex-réfugiés. Cela peut paraître difficile, quand on sait que le hors-la-loi Nkurunziza gère désormais à sa guise le Burundi.

Boundi OUOBA


Comments

Leave A Comment