FESPACO 2017 : « Félicité » d’Alain Gomis obtient l’Etalon d’Or de Yennenga
Les lampions de la 25e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) se sont éteints dans la soirée du 4 mars 2017, au Palais des sports de Ouaga 2000. C’est le Sénégalais Alain Gomis qui a remporté, pour la 2e fois, le titre le plus convoité, l’Etalon d’Or de Yennenga, avec son film : «Félicité». Appoline Traoré du Burkina Faso, n’a pas été classée parmi les 3 premiers prix les plus convoités, mais elle s’en est sortie avec trois prix d’une valeur de 27 millions de F CFA, alors que l’Etalon d’Or de Yennenga est à 20 millions de F CFA. L’Etalon d’Or de Yennenga a été conjointement remis, pour la première fois dans l’histoire du FESPACO, par le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, et son homologue ivoirien, Alassane Dramane Ouattara. La cérémonie de remise a connu la présence effective de la Secrétaire générale de la Francophonie, Mikäelle Jean.
Les rideaux de la 25e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) se sont refermés le 4 mars 2017, au Palais des sports de Ouaga 2000. Le cinéaste sénégalais, Alain Gomis, a remporté le prix le plus convoité, l’Etalon d’Or de Yennenga. Il devient le 2e réalisateur, après Souleymane Cissé, à remporter deux fois le grand prix, puisqu’il l’avait déjà remporté en 2013. L’Etalon d’argent revient au réalisateur Béninois, Sylvestre Amoussou, avec son film « L’orage africain, un continent sous influence». l’Etalon de Bronze a, quant à lui, été remporté par le marocain Said Khallaf, avec son film « A mile in my shoes » . Les efforts de Apolline Traoré du Burkina Faso, ont été récompensés. Elle s’en est sortie avec des prix intermédiaires d’une valeur de 27 millions de F CFA, avec son film fiction long métrage « Frontière ». Il s’agit du prix Félix Houphouët Boigny, d’une valeur de 10 millions de F CFA, le prix de l’intégration de la CEDEAO, d’une valeur de 15 millions de F CFA et le prix Paul Robeson d’une valeur de 2 millions de F CFA.
Plus de 100 kg de bronze, d’argent et d’or
Mais avant la remise de ces prix, c’est une grande cérémonie qui a permis aux acteurs du 7e art de se dire au revoir et prendre rendez-vous pour la 26e édition en 2019, qui marquera aussi le cinquantenaire de la biennale du cinéma africain. Dès 14 h, le Palais des sports de Ouaga 2000 a été pris d’assaut par les festivaliers et la population ouagalaise, alors que la cérémonie de clôture était prévue pour 16h. Une importante présence policière et militaire était visible aux alentours du palais. Les visiteurs étaient « fouillés » et passaient entre les portiques de détection de métaux avant d’avoir accès à l’intérieur de la bâtisse. Une fois à l’intérieur, ils avaient le plaisir de voir, sur scène, des artistes du Burkina et du Mali se succéder pour tenir le public en haleine. A partir de 15h, c’était au tour des officiels, ministres, ambassadeurs en poste au Burkina, députés et autres personnalités, et les invités du FESPACO, de faire leur entrée. Quelques minutes plus tard, c’est à la secrétaire générale de la Francophonie, Mikäelle Jean, de faire son entrée au Palais des sports de Ouaga 2000. C’est à 15 h 30 mn que les deux présidents, Roch Marc Christian du Burkina Faso et Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire ont fait leur entrée. La cérémonie pouvait commencer. Alors, les artistes se succèdent de nouveau sur le podium pour rendre la fête du cinéma africain plus belle. Ainsi, Greg, Amity Méria du Burkina, Djénéba Seck du Mali, se sont succédés sur le podium. Entre une prestation d’artistes-chanteurs et une autre, les lauréats des prix intermédiaires sont invités à les recevoir. C’est après tout cela que la cérémonie de remise du prix le plus convoité du cinéma africain, est intervenue.
135 millions de F CFA ont été mobilisés pour les prix du palmarès
L’instant est solennel ! Le générique du FESPACO retentit ! Il attire toutes les attentions vers le podium où était installé, depuis un instant, le président du jury de la catégorie Long métrage, le Marocain Nourredine Saïl. Chacun voulait vite découvrir le visage de celui qui allait succéder au Marocain Hicham Ayouch, vainqueur de l’Etalon d’or de Yennenga 2015. Plusieurs hôtesses, toutes habillées en pagne frappé du logo du FESPACO, se déploient le long du tapis rouge jusqu’à quelques mètres des deux présidents. Une femme sort, à la manière des griottes, fait les éloges du président Alassane Ouattara en langue Bambara. Son micro la lâche, mais elle n’abandonne pas pour autant ce qu’elle avait si bien commencé. Elle prend le micro du maître de cérémonie et poursuit ses éloges. Après, c’est un autre, un jeune homme, tout de blanc vêtu, qui sort à son tour avec un flûte. Il manie avec dextérité l’instrument musical en avançant doucement vers les deux présidents. Puis recule progressivement. Les deux présidents se lèvent et vont sur le podium. Ils y trouvent l’heureux réalisateur du jour, le vainqueur de la 25e édition du FESPACO, accompagné de son co-producteur, Oumar Sall. Auparavent, le président du jury, le Marocain Nourredine Saïl, avait salué « la qualité du sujet, la puissance et la rigueur extraordinaire de la technique ». En recevant son prix, le réalisateur a rendu hommage aux réalisateurs disparus, à savoir le Guinéen Cheick Fantamadi Camara, auteur de « Il va pleuvoir sur Conakry » et le jeune réalisateur Burkinabè, parti très tôt selon lui, Adama Zallé. Alain Gomis a également eu une pensée à l’endroit de Idrissa Ouédraogo, « pour son aide ». Après avoir reçu son prix, Alain Gomis a dédié son trophée aux jeunes réalisateurs africains qui se battent pour faire bouger le cinéma africain. Pour lui, le cinéma africain est un peu en danger. « Il faut lutter pour notre indépendance », a-t-il lancé, en pointant la problématique du financement du film africain. « L’Afrique doit financer son cinéma, excellence Messieurs les présidents. 0n ne peut pas développer un pays sans sa culture et pour cela, il faut des sociétés de production fortes dans vos pays, parce qu’il s’agit d’une économie du cinéma », a repris Oumar Sall, coproducteur du film lauréat, « Félicité ».
Le FESPACO 2017, selon le délégué général du Festival, Ardiouma Soma, ce sont 150 séances de projection pour plus de 165 films en huit jours. 135 millions de F CFA ont été mobilisés pour les prix du palmarès officiel et les prix spéciaux. Plus de 100 kg de bronze, d’argent et d’or décernés aux réalisateurs et collaborateurs techniques et artistiques sous forme de trophées. Et cela montre, selon Ardiouma Soma, la grandeur d’un festival qui s’apprête à fêter ses 50 ans en 2019. Signalons que Félicité a également été primé « ours d’argent » à la Berlinale.
Issa SIGUIRE
ADO à propos du FESPACO
« C’est un succès mondial »
Pour prendre part à la 25e édition du FESPACO, l’avion du président de la Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara (ADO), a atterri à l’Aéroport international de Ouagadougou, le 4 mars 2017, à 11h10, heure locale. Ce dernier a été reçu par le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, le président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, des membres du gouvernement et la représentation du corps diplomatique. Des dizaines d’Ivoiriens résidant au Burkina Faso sont également sortis pour accueillir le président ADO. Après avoir pris un bain de foule, le président ivoirien a fait une déclaration à la presse.
« Je voudrais tout d’abord, au nom de ma délégation et du peuple ivoirien, vous remercier de nous honorer en considérant la Côte d’ivoire comme pays invité d’honneur pour la 25e édition du FESPACO. Je voudrais également vous remercier de l’invitation que j’ai reçue du ministre Burkinabè en charge des Affaires étrangères. Nous sommes très heureux d’être à Ouagadougou non seulement par rapport à cet évènement important qu’est le FESPACO, mais également compte tenu des relations très particulières entre le Burkina Faso et la république de Côte d’Ivoire. Les peuples burkinabè et ivoirien sont des peuples frères. C’est quasiment le même peuple. Etre à Ouagadougou, c’est pour moi comme être en Côte d’Ivoire. Je voudrais donc traduire toute ma joie auprès du président du Faso, d’être à Ouagadougou pour cet évènement important. Le FESPACO est un évènement essentiel pour le monde de la culture, pour les Africains, pour la diaspora et pour le monde entier. Cette 25e édition montre à quel point le FESPACO est un succès burkinabè, ouest-africain, continental et même mondial. Je voudrais donc féliciter les organisateurs et les autorités burkinabè pour l’éclat qui est donné à cet évènement continental. C’est une très belle fête et nous nous réjouissons d’en faire partie ».
Palmarès officiel de la 25e édition du FESPACO
PRIX SPECIAL DE L’INTEGRATION DE LA CEDEAO | 15 000 000 de F CFA | Frontières | Appoline TRAORE BURKINA FASO |
PRIX UNICEF POUR LES DROITS DE L’ENFANT | 7 000 000 de F CFA | La rue n’est pas mère | Jérome Nabonswendé YAMEOGO
BURKINA FASO |
PRIX FELIX HOUPHOUET-BOIGNY DU CONSEIL DE L’ENTENTE | 10 000 000 de F CFA | Frontières | Appoline TRAORE BURKINA FASO |
PRIX DU MEILLEUR FILM FICTION DES ECOLES | 2 000 000 de F CFA | Down Side up | Peter Owusu GHANA |
PRIX DU MEILLEUR FILM DOCUMENTAIRE DES ECOLES | 2 000 000 de F CFA | Nubuke | Aryce BISMARK
GHANA |
PRIX SPECIAL DU JURY FILM DES ECOLES | 1 000 000 de F CFA | Héritage | Fatoumata Tioye COULIBALY
MALI |
PRIX DE LA MEILLEURE INTERPRETATION FEMININE | 1 000 000 de F CFA | Noufissa BENCHAHIDA dans le film A la recherche du pouvoir perdu | Mohamed Ahed BENSOUDA
MAROC |
PRIX DE LA MEILLEURE INTERPRETATION MASCULINE | 1 000 000 de F CFA | Ibrahim KOMA dans Wùlu | Daouda COULIBALY MALI |
PRIX DE LA MEILLEURE AFFICHE | 1 000 000 de F CFA | The Luky specials | Rea RANGAKA
AFRIQUE DU SUD |
PRIX DU MEILLEUR MONTAGE | 1 000 000 de F CFA | Kenzo Kenza dans L’interprète | Olivier Melieche KONE COTE D’IVOIRE |
PRIX DU MEILLEUR DECOR | 1 000 000 de F CFA | Chantel Carter dans The Luky specials | Rea RANGAKA
AFRIQUE DU SUD |
PRIX DE LA MEILLEURE MUSIQUE | 1 000 000 de F CFA | Cédric Peras dans le puits | Lotfi BOUCHOUCHI ALGERIE |
PRIX DU MEILLEUR SON | 1 000 000 de F CFA | Benoit De Clerck et Jean-Pierre La force dans Félicité | Alain GOMIS SENEGAL |
PRIX DE LA MEILLEURE IMAGE | 1 000 000 de F CFA | Philippe Radoux – Bazzini dans Zin’naariya | Rahmatou KEITA NIGER |
PRIX DU MEILLEUR SCENARIO ( SOUTENU PAR TV5) | 3 935 742 F CFA | La Forêt du Niolo | Adama ROUAMBA BURKINA FASO |
PRIX UE-ACP | 5000 euros | Kemtiyu, Seey ANTA | Ousmane William MBAYE
SENEGAL |
PREMIER PRIX DU DOCUMENTAIRE | 3 000 000 de F CFA | Kemtiyu, Seey ANTA | Ousmane William MBAYE
SENEGAL |
DEUXIEME PRIX DU DOCUMENTAIRE | 2 000 000 de F CFA | Congo! Le Silence des crimes oubliés | Gilbert BALUFU
RDC |
TROISIEME PRIX | 1 000 000 de F CFA | A Foot note in Ballet History | Abdul Khalek Hisham |
PRIX DE LA MEILLEURE SERIE | 2 000 000 de F CFA | TUNDU WUNDU | Abdoulaye One SENEGAL |
PRIX SPECIAL DU JURY | 1 000 000 de F CFA | APHASIE | Hyacinthe Hounzou
COTE D’IVOIRE |
PRIX OUMAROU GANDA | 2 000 000 de F CFA | le Puits Mohamed Yacine Belhadji | Lotfi BOUCHOUCHI ALGERIE |
PRIX PAUL ROBESON | 2 000 000 de F CFA | Frontières | Appoline TRAORE BURKINA FASO |
PRIX UE-ACP | 5000 euros | THE BICYCLE MAN | Twiggy MATIWANA AFRIQUE DU SUD |
MENTION SPECIALE DU JURY | A PLACE OF MYSELF | Marie Clémentine Dusepjambo
RWANDA |
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POULAIN DE BRONZE | 2 000 000 de F CFA | KHALLINA HAKKA KHIR | Mehdi M. BARSAOUI TUNISIE |
POULAIN DARGENT | 3 000 000 de F CFA | THE BICYCLE MAN | Twiggy MATIWANA AFRIQUE DU SUD |
POULAIN D’OR DE YENNEGA | 5 000 000 de F CFA | HYMENEE | Violaine Maryam Blanche BELLET MAROC |
PRIX UE-ACP | 5000 euros | Félicité | Alain GOMIS SENEGAL |
ETALON DE BRONZE | 5 000 000 de F CFA | A mile in my shoes | Said Khallaf
MAROC |
ETALON D’ARGENT | 10 000 000 de F CFA | L’orage africain, un continent sous influence | Sylvestre Amoussou BENIN |
ETALON D’OR | 20 000 000 de F CFA | Félicité | Alain GOMIS SENEGAL |
Ils ont dit
Alain Gomis, Etalon d’Or de Yennenga : « Mon rôle c’est de tendre la main aux jeunes »
« Je pense que c’est un travail sur le long terme. Je pense à tous ceux qui ont travaillé avec nous pour faire ce film. Ça a été très difficile, mais il vient d’être récompensée. Je vois une sorte de persévérance qui a été récompensée. Je pense aux jeunes surtout. Mon rôle c’est de tendre la main aux jeunes, de créer des ponts et de travailler avec la nouvelle génération ».
Sylvestre Amoussou, Etalon d’argent : « Le FESPACO est le festival le plus important »
« Je suis très fier, à chaque fois que je viens au FESPACO. Pour moi, le FESPACO est le festival le plus important. C’est la plate-forme où le panafricanisme raisonne. On voit des réalisateurs venus de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud du continent et ils sont ensemble. Si au sommet des Etats, on n’arrive pas à organiser une vraie Union africaine des peuples, le FESPACO est déjà la base d’une vraie Union africaine. Pour moi, l’Union africaine viendra des peuples. »
Ousmane William Mbaye, réalisateur du film documentaire : « Kemtiyu, Seey ANTA »,
« Recevoir un prix dans un grand festival, surtout au FESPACO, c’est être reconnu par ses pairs, c’est la plus grande joie, le plus grand bonheur pour un cinéaste. Cela veut dire qu’il y a un intérêt sur le sujet Cheick Anta Diop. Je pense particulièrement à la femme de Cheik Anta Diop, parce qu’elle a beaucoup donné pour ce film. Elle est partie le dernier jour du mixage. Elle est sur le générique du film et c’était un hasard que ce soit le jour de son anniversaire que le film reçoive le prix du FESPACO. »
Propos recueillis par Issa SIGUIRE
* Les fausses notes de la soirée
Au moment où les choses devenaient de plus en plus sérieuses, puisqu’on était à quelques minutes de la remise de l’Etalon d’Or de Yennenga, les dieux de l’électricité ont lâché le comité d’organisation, sinon toute l’assistance et même les téléspectateurs de la Télévision nationale du Burkina.
* Un son inaudible
La qualité de la sonorisation laissait à désirer. A peine si on entendait ce que disaient ceux qui prenaient officiellement la parole. Si bien que certains se demandaient si le Palais des sports de Ouaga 2000 était adapté à cet type d’événement ou si le matériel de sonorisation était à la hauteur.
* Le traducteur en anglais introuvable
Le FESPACO utilise deux langues. L’Anglais et le Français. Tous les documents sont produits en français et en anglais. Avant le début de la cérémonie, le maître de cérémonie avait annoncé un traducteur. Malheureusement, ce dernier est resté introuvable jusqu’à la fin de la cérémonie.