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FETE DU TRAVAIL : Les syndicats réactualisent leur plateforme revendicative


Les travailleurs burkinabè ont, à l’instar des autres travailleurs du monde entier, célébré le 1er mai 2015, la fête du travail. A Ouagadougou, la commémoration a été marquée par une marche-meeting tenue à la Place de la révolution. Auparavant, les travailleurs sont allés, comme à l’accoutumée, remettre leur plateforme minimale de 16 points au ministre de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale, Augustin Loada, dans la cour de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Plusieurs autres ministres étaient présents aux côtés du Pr Loada, pour la circonstance. En somme, ce sont de meilleures conditions de vie et de travail que réclament les travailleurs.

Il y a de cela 129 ans que des ouvriers de Chicago se faisaient massacrer parce qu’ayant bravé les forces de répression pour exiger la journée de travail de huit heures. Pour saluer leur bravoure, leur lutte, leurs efforts, les travailleurs du monde entier ont célébré cet anniversaire, chacun à sa façon. Au Burkina Faso, c’est à travers une marche-meeting que les travailleurs, réunis au sein de l’Unité d’action syndicale (UAS) se sont exprimés. Une marche précédée par la remise de leur plateforme minimale de 16 points au ministre en charge de la Fonction publique, du travail et de la sécurité sociale, Pr Augustin Loada. Les travailleurs n’ont d’ailleurs pas manqué de rappeler à ce dernier que deux autres cahiers de doléances avaient été remis en 2013 et 2014 et n’ont toujours pas trouvé réponse. Et d’espérer qu’une attention particulière leur sera accordée, cette fois-ci. Augustin Loada a, en réponse à leurs sollicitations, accusé réception de la plateforme et promis qu’elle sera transmise à qui de droit. Il a laissé entendre que le gouvernement est en train de travailler sur les précédents cahiers de doléances. «Nous allons également travailler sur cette plateforme pour vous donner des réponses qui tiendront compte du contexte que vous avez souligné et qui, pour vous, est très important », a-t-il souligné. Le ministre a réitéré aux travailleurs une bonne célébration de la fête, salué la mémoire des disparus et encouragé ceux qui sont blessés et ceux qui sont malades. « Nous sommes tous des membres d’une même famille, des membres dont les fonctions doivent concourir à une même efficacité au sein du corps social auquel nous appartenons tous », a-t-il déclaré. Selon lui, les syndicats ont besoin du gouvernement tout comme le gouvernement a besoin des syndicats et c’est ensemble que les préoccupations seront examinées.

Maintenir le cap de la mobilisation et de l’action organisée

Après la remise de la plateforme, place a été faite à la marche ; marche au cours de laquelle d’aucuns arboraient des pancartes avec différents messages et scandaient des slogans. La dernière étape de la célébration a été le meeting au cours duquel les travailleurs n’ont pas manqué de mentionner leurs revendications. D’entrée de jeu, une minute de silence a été observée en la mémoire des dirigeants, des militants syndicaux et des victimes de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014. Au nombre des revendications, la lutte contre le règne de l’impunité, de la corruption, la déperdition prononcée des valeurs morales, le chômage massif et endémique des jeunes, la cherté de la vie, les déficits en matière de santé, d’éducation qui hypothèquent l’avenir des générations futures, etc. Ils ont, une fois de plus, revendiqué la révision de la loi 013, portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la fonction publique, de la grille salariale des agents publics de l’Etat. La loi 028 portant code du travail et la loi 027 portant régime applicable aux agents des collectivités territoriales, sont revenues dans les revendications. Les travailleurs ont également réclamé la diminution des prix des hydrocarbures, la suppression de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS), la création d’emplois décents et stables pour la jeunesse, la suspension du système LMD en attendant de réunir les conditions de sa mise en œuvre, etc. Et Chrysogone Zougmoré, vice-président de la CCVC, d’inviter les travailleurs et le peuple à maintenir le cap de la mobilisation et de l’action organisée. Dans son adresse, il a relevé que les processus de démocratisation sur le continent africain, demeurent pervertis par la persistance de velléités de tripatouillages constitutionnels, notamment en RDC et au Burundi.

Dans le message du 1er mai lu par Yamba Georges Koanda, SG de l’USTB, les travailleurs sont revenus sur l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 qu’ils ont salué comme une victoire partielle du peuple, et sur les actions menées par les syndicats. Pour eux, le 1er mai 2015 est caractérisé par une montée des luttes sociales dont entre autres, celles visant à rejeter certaines nominations, celles engagées par les travailleurs de la BRAKINA-SODIBO, ceux de la SAP, de la SCOMA, de la SOFITEX, de FASOPLAST, de la SEMAFO, des agents de Canal 3, de la société des mines de Belahourou, des transporteurs routiers, des greffiers, des contrôleurs et inspecteurs de travail, etc. Luttes à l’issue desquelles ils ont estimé que les autorités de la transition et le patronat n’ont pas hésité à menacer les travailleurs et les organisations syndicales.

Sur le plan politique, les travailleurs disent observer que sous la pression populaire, la transition a entrepris de satisfaire certaines revendications politiques importantes du mouvement démocratique et syndical, et de souligner les arrestations de certains animateurs de la IVeme République qui, selon eux, devront se poursuivre de façon non sélective et aboutir à des jugements en vue de recouvrer les biens du peuple spoliés et rendre justice aux victimes des crimes de sang. Au plan de la gouvernance, les nouvelles autorités, de l’avis des travailleurs, n’ont pas effectué une rupture avec les pratiques d’injustice sociale. Cela, malgré le budget d’austérité annoncé. Ils ont aussi relevé le fait que les autorités de la transition ont mis six mois avant de déclarer leurs biens. L’insécurité avec le cas d’enlèvement à Tambao jusque-là non élucidé, a été dénoncée par les travailleurs. De l’avis de ces derniers, l’on a certainement pas besoin d’un gouvernement de 27 ministres, juste pour organiser des élections en 11 mois. Ils ont par ailleurs rejeté les accusations selon lesquelles le mouvement syndical cherche à troubler la transition. Selon Yamba Georges Koanda, le contexte national interpelle tout le monde et les structures syndicales doivent être renforcées afin de poursuivre la lutte.

Christine SAWADOGO

Les seize points inscrits dans la plateforme minimale du 1er mai

I . Pour l’amélioration des conditions de vie et de travail

  1. Révision de la loi 013/98 / AN du 28 avril 1998 portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la fonction publique, de la grille salariale des agents publics de l’Etat et de la loi 028 – 2008/ AN du 13 mai 2008 portant Code du travail et de la loi 027 portant régime applicable aux agents des collectivités territoriales selon une échéance et un calendrier qui seront arrêtés de commun accord avec les syndicats; application effective et extension des conventions déjà signées;
  2. Relecture consensuelle de l’arrêté conjoint n°2013-195/MEF/MFPTSS du 30 mai 2013

portant procédures de traitement et modalités de liquidation de la retenue salariale pour fait de grève;

  1. Mise en œuvre des engagements pris par le gouvernement relatifs d’une part au check off et son élargissement au privé et au parapublic, d’autre part à l’organisation des élections professionnelles.
  2. Suppression de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) sur les primes et indemnités servies aux travailleurs du privé et des établissements publics et parapublics de l’Etat;
  3. Diminution significative des prix des hydrocarbures et des produits de grande consommation tels que le riz, l’huile, le savon, le sucre, et contrôle de la qualité et des prix des produits; suppression des monopoles de fait sur les produits d’importation tels que le riz et suppression de la COTECNA ;
  4. Prise de mesures urgentes pour assurer la fourniture en électricité et en eau pour les populations;
  5. Création d’emplois décents et stables pour la jeunesse ;

8 . Suspension du système LMD (Licence-Master-Doctorat) dans les universités publiques, en attendant de réunir les conditions de sa mise en œuvre. Augmentation du taux de l’aide et son élargissement à tous les cycles d’enseignement ;

  1. Prise de mesures adéquates en matière d’infrastructures et d’équipements, de ressources humaines, de gestion des carrières du personnel, du contenu de l’enseignement dans le cadre du transfert du préscolaire et du post primaire;
  2. Prise de mesures urgentes en faveur des travailleurs ayant perdu leur emploi du fait de la destruction de leur entreprise lors de l’insurrection;
  3. Baisse des loyers des marchés et yaars
  1. Pour la lutte contre l’impunité
  2. Mandat d’arrêt international contre Blaise et François Compaoré et mise aux arrêts de toute personne impliquée dans les crimes de sang et crimes économiques; Identification et saisie des biens et fonds détournés par les dignitaires du régime de Blaise Compaoré et prise sans délai des mesures nécessaires, en vue de recouvrer l’ensemble des fonds expatriés;
  3. Vérité et justice pour Norbert Zongo, Thomas Sankara, Boukary Dabo, les martyrs de l’insurrection et toutes les victimes de crimes de sang; jugement et châtiment des auteurs et commanditaires de ces crimes et des crimes économiques, qui doivent être frappés d’indignité politique et électorale;
  4. Audit des opérations de lotissement; jugement des auteurs de pillage du foncier; retrait des parcelles spoliées et leur réattribution aux victimes et/ou aux citoyens dans le besoin. Diminution, réglementation et contrôle des prix des loyers;
  5. Dissolution du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) ;
  6. Respect et élargissement des libertés individuelles et collectives: réintégration des travailleurs abusivement licenciés, abrogation du texte instituant les zones dites rouges

Source : Plateforme minimale du 1er mai


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