FETE PASCALE : L’Abbé Anatole Tiendrébéogo invite les fidèles catholiques à la piété
Dans 24 heures, les fidèles catholiques du monde entier célébreront la fête de Pâques qui est la résurrection du Christ. Cette commémoration qui intervient après 40 jours de pénitence et de jeûne pour ces fidèles, est la plus grande fête chrétienne. Pour en savoir davantage sur le sens de la fête de Pâques et quel comportement les catholiques doivent adopter durant cette commémoration, nous avons rencontré le vicaire de la paroisse universitaire Saint Albert Le Grand de la Rotonde, l’Abbé Anatole Tiendrebéogo, par ailleurs aumônier des groupes sociaux catholiques suivants : le Service pastoral pour la formation et l’encadrement des responsables (SEPAFAR), l’Alliance catholique pour les hommes d’affaires catholiques du Burkina (ACATAB) et le Mouvement des anciens jécistes (MAJEC). Lisez plutôt !
« Le Pays » : Sous quel signe l’Eglise place-t-elle la fête de Pâques 2017 ?
L’Abbé Anatole Tiendrébéogo : Pâques, c’est la plus grande fête chrétienne, car c’est la célébration de la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ. Et la résurrection est la doctrine fondamentale de notre foi chrétienne. Selon Saint Paul, « si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine ». Donc, notre foi est basée sur la résurrection et Pâques étant la résurrection du Seigneur, c’est la plus grande fête chrétienne. Cette fête se prépare d’abord à travers un cheminement de 40 jours au cours desquels les chrétiens catholiques font le carême pour se préparer à la fête, à travers la pénitence, le jeûne, l’aumône, le partage, en vue de célébrer cette fête comme il faut. La dernière semaine de ce temps de carême est la Semaine Sainte qui commence avec le dimanche des rameaux. C’est la semaine pendant laquelle nous vivons les moments les plus importants de notre salut en Jésus-Christ, en ce sens qu’on se rappelle les évènements de sa mort et également les éditions de l’Eucharistie qu’il a faites avant sa mort. Avant la célébration de la fête de Pâques, les trois jours saints, (c’est-à-dire le Jeudi Saint, le Vendredi Saint et le Samedi Saint) qu’on appelle le Triduum Pascal, sont des jours très importants. D’abord, le Jeudi Saint : la célébration de l’Eucharistie : c’est le jour où le Christ a institué l’eucharistie et le sacerdoce. Le Vendredi Saint, la commémoration de sa passion et de sa mort. Enfin, le Samedi Saint, pendant lequel il y a la veillée, jusqu’au dimanche qui est la célébration de la résurrection. Ce sont donc les trois jours importants de cette Semaine Sainte. Pâques est la plus grande fête chrétienne et lorsque l’Eglise fête Pâques, c’est la commémoration de la résurrection du Christ et c’est en même temps une affirmation de notre foi dans la résurrection, car nous croyons que notre vie ne finit pas avec celle ici-bas, mais il y a une autre vie préparée pour nous auprès de Dieu après l’existence sur cette terre.
A 48 heures de la commémoration, quelle attitude doit adopter le fidèle chrétien ?
Le fidèle catholique est invité d’abord, à participer aux célébrations du Triduum Pascal et tout bon catholique ira aux célébrations qui se font à partir de 18h dans les paroisses, pour célébrer le Jeudi Saint qui est l’institution de l’Eucharistie par le Christ. Le Vendredi Saint, on commémore la passion et la mort de Jésus, en veillant et en priant. La nuit pascale, on célèbre la résurrection du Christ. J’invite les catholiques à entrer dans un esprit de piété filiale, d’adoration, de foi et de fidélité au Seigneur.
Comment les chrétiens doivent-ils fêter Pâques ?
Pour nous, ce qui est le plus important dans la célébration de la fête de Pâques, c’est l’aspect spirituel. Parce que nous voulons qu’à l’occasion de cette fête, chaque chrétien se renouvèle dans le Christ, c’est-à-dire que cette célébration doit aider chaque chrétien à revisiter les valeurs de la foi chrétienne et à demander une période de fidélité à Dieu, pour être témoin de Dieu au milieu de ses frères et sœurs. Donc, Pâques étant une manifestation suprême de l’amour de Dieu pour les Hommes, chaque chrétien est invité à devenir un autre Christ pour les Hommes afin de manifester dans son comportement et dans sa vie, l’amour que Dieu a pour les Hommes. Mais qui dit fête, dit aussi manifestation joyeuse à travers le partage du repas. A la fête de Pâques, on célèbre le baptême des adultes lors de la nuit pascale. Donc, c’est à cause de la résurrection que nous profitons pour donner ce baptême parce que c’est une nouvelle vie dans le Christ. Et ceux qui deviennent chrétiens pour la 1re fois, c’est au cours de la nuit pascale qu’ils sont baptisés et deviennent des êtres nouveaux avec le Christ ressuscité qui leur donne la vie nouvelle qui est la vie d’enfant de Dieu. Donc, cela donne lieu à des manifestations de joie et dans les familles, on célèbre la fête à travers le partage de repas, la visite des amis, et ceux qui ont reçu le baptême, recevront les salutations et félicitations des amis, parents et proches pour leur engagement dans la vie chrétienne.
Cette fête pascale intervient quelques jours après le massacre des chrétiens d’Orient (les Coptes) par des terroristes, en plein dimanche des rameaux. Comment avez-vous vécu cela ?
Evidemment, le terrorisme est devenu un phénomène mondial. Ici aussi au Burkina, nous avons été victimes de ces actes terroristes. Que cela arrive dans un lieu de culte, particulièrement un dimanche où l’on célébrait le dimanche des rameaux, ne peut que susciter l’émoi au niveau international. C’est révoltant et écœurant pour toute personne humaine, de voir des individus s’attaquer à des gens qui sont en train de prier Dieu, que ce soit dans une église ou dans une mosquée. C’est un fait qui n’est pas bien. Nous ne pouvons qu’être en solidarité avec ces chrétiens coptes, puisque nous sommes tous des croyants en Christ et nous demandons à Dieu de toucher le cœur de ces personnes-là afin qu’elles puissent rechercher la paix et l’harmonie dans la vie entre les hommes, dans la société et non pas dans un esprit partisan et dans un esprit de guerre, en s’attaquant à leurs frères parce qu’ils sont d’une autre religion. Nous avons vécu cela avec tristesse et nous prions Dieu pour que ces évènements ne se répètent pas et que les autorités qui sont en charge de la sécurité prennent les dispositions nécessaires pour que de telles choses ne se reproduisent plus.
Quelles sont les dispositions prises par les autorités et les services d’ordre dans les différentes églises du Burkina pour permettre aux fidèles catholiques de prier dans la quiétude ?
Au niveau de nos églises, nos services d’ordre travaillent en étroite collaboration avec les Forces de sécurité, pour qu’il y ait un minimum de vigilance afin d’éviter ces choses-là. Particulièrement à l’occasion de ces célébrations, les Forces de sécurité ont pris attache avec les services d’ordre dans nos églises, pour leur donner des consignes de sécurité à observer et des méthodes pour être vigilants. Par exemple, pour détecter des personnes qui peuvent avoir des comportements qui sont suspicieux, pour qu’on puisse éviter des drames comme ce qu’on a vécu ailleurs.
Lors de l’une de ses récentes sorties, le Pape a dit qu’il réfléchirait sur la question du mariage des prêtres.
Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Ce n’est pas étonnant et ce n’est pas une question taboue non plus. Mais, il y a une tradition qui existe dans l’Eglise depuis longtemps. On continue de la perpétuer et on a répété plusieurs fois que le mariage n’était pas contraire au sacerdoce, puisque dans l’Eglise catholique, il existe des prêtres qui sont mariés, notamment les prêtres de rite oriental. Ceux qui sont par exemple du côté de l’Orient, leurs prêtres ont choisi de se marier ou de rester célibataires quand ils rentrent dans la fonction sacerdotale. Donc, mariage et célibat ne sont pas contraires. Seulement, dans le rite romain dans lequel nous sommes ici en Afrique, les prêtres ne se marient pas. Dans d’autres Eglises aussi comme celles orthodoxes, le mariage est aussi optionnel car on choisit de se marier avant de devenir prêtre ou de ne pas se marier. Donc, ce n’est pas du tout une opposition au sacerdoce, mais un choix de l’Eglise romaine et on trouve que ce choix est particulièrement convenable pour rendre le service sacerdotal, vu que c’est un service qui vous prend tout entier. Et si vous êtes tout entier à votre tâche, il est difficile de vous occuper de votre femme et de vos enfants, et même de votre propre subsistance. Mais, il y a aussi une raison spirituelle qui est fondamentale, car le célibat, dans l’Eglise, est un signe. Comme il est dit dans l’évangile qu’au ciel, on n’aura pas de mari ou de femme, ce ne sera pas nécessaire, parce qu’on vivra dans la communion avec Dieu. Et c’est déjà ce signe que les prêtres religieux et religieuses vivent sur terre, pour témoigner de la vie à venir. Donc, c’est pour cette raison aussi que les prêtres ne se marient pas. Mais, si un jour l’Eglise catholique de rite romain demande aux prêtres ou dit aux prêtres que ceux qui voudraient se marier peuvent se marier, il n’y aura rien de scandaleux ni d’extraordinaire. Ce qui fait de nous des prêtres, c’est le fait qu’on est célibataire. D’abord, c’est le fait de s’engager à la suite du Christ. Donc, il peut y avoir chez nous comme dans d’autres rites, un sacerdoce marié, car cela n’est pas interdit par l’Eglise ni par l’évangile.
Autre chose à dire ?
Je ne peux que dire merci au journal « Le Pays » pour son engagement à s’intéresser aux questions religieuses et à la célébration de la fête de Pâques. Je souhaite que cette célébration amène beaucoup plus de ferveur spirituelle pour les chrétiens et surtout qu’elle les aide à imiter davantage le Christ dans leur vie professionnelle, familiale et citoyenne. Cela, afin que leur foi soit un plus dans leur vie quotidienne, pour eux-mêmes et pour les autres.
Valérie TIANHOUN