HomeRencontreFOUSSENI OUEDRAOGO, PRESIDENT DU MBDC: « C’est le moment pour le peuple d’exiger un projet de société clair aux partis politiques »

FOUSSENI OUEDRAOGO, PRESIDENT DU MBDC: « C’est le moment pour le peuple d’exiger un projet de société clair aux partis politiques »


Du 4 au 8 août dernier s’est tenue à Koudougou, l’Université des jeunes leaders sous la houlette du Mouvement burkinabè pour la démocratie et le civisme (MBDC). A l’issue de cette rencontre, Fousséni Ouédraogo, président du mouvement, fait le bilan dans les lignes qui suivent et donne sa lecture de la situation sociopolitique qui prévaut actuellement au Burkina Faso.

 

« Le Pays » : Vous avez organisé du 4 au 8 août 2015 à Koudougou, la 3e édition de l’Université des jeunes leaders. Quels sont les motifs de satisfaction que vous en tirez ?

Fousséni Ouédraogo : Cette Université rendue possible grâce au partenariat de Diakonia a été de notre point de vue, une réussite. Nous en tirons un bilan positif puisqu’elle a permis une maîtrise des différents courants idéologiques. Nous avons pu renforcer les capacités de 30 jeunes participants, en répondant à leurs besoins et préoccupations. Ces derniers ont pris l’engagement d’accroître leur participation en politique, ou même dans la vie associative. L’une des réussites aussi, c’est l’engagement de la mise en place d’un réseau des jeunes leaders assorti d’un plan d’action d’une année. Nous apprécions enfin la confiance renouvelée de notre partenaire Diakonia qui a décidé de reconduire cette université l’an prochain pour sa 4e édition.

Quelle adéquation peut-on faire des courants idéologiques dont vous parliez tantôt et le contexte actuel ?

Lorsqu’on observe la pluralité des partis politiques et les tendances au plan national, on note qu’ils sont issus principalement de deux courants : le socialisme et le libéralisme. La maîtrise de ces courants conditionne le projet de société que nous devons mettre en place. Nous pensons qu’il y a des besoins et des défis à relever, qui doivent s’inscrire dans ces courants idéologiques. Quand on prend par exemple le libéralisme, vous mettez alors l’accent sur le capital, la propriété privée. Si en revanche vous optez pour le socialisme, à ce moment vous mettez en avant l’intérêt général, l’esprit communautaire. C’est en ce sens qu’il est fondamental d’avoir un courant idéologique qui soit en phase avec les préoccupations de l’heure. Au lieu de naviguer à vue, il faut clairement s’afficher pour apporter des solutions durables aux problèmes du moment. C’est le moment plus que jamais pour le peuple d’exiger un projet de société clair aux partis politiques en lice pour les élections à venir.

A l’orée des élections au Burkina Faso, quelles sont les grandes questions du moment que vous souhaiteriez voir prises en compte par les programmes politiques ?

Je me réfère tout d’abord à la question de l’éducation, au regard de la situation peu enviable que l’on observe dans nos universités publiques où les années se chevauchent depuis plus de 10 ans. Il importe donc dans le contexte de refonte de la société burkinabè, de poser la question de notre université. Par rapport à ce contexte particulier, je me demande alors si le vrai passeport pour accéder à l’université se limite à la simple obtention du BAC. J’estime qu’avoir 10 de moyenne est certes une garantie de succès au BAC, mais ne peut pas donner droit d’accéder forcément à l’université. A mon avis, il faut au minimum 12 de moyenne pour accéder à l’université. De la sorte, les politiques pourront avoir une idée claire de ceux qui iront à l’université en fonction du nombre de places disponibles, des conditions dans lesquelles ils vont étudier et des mécanismes de leur d’insertion socio-professionnelle. Mais si ces précautions ne sont pas prises, les étudiants seront toujours laissés à eux-mêmes. La transition en cours et les élections à venir sont une grande opportunité pour que les parents d’élèves et les jeunes interrogent les partis politiques, particulièrement les candidats, sur la question de l’éducation. Egalement sur la question de la corruption ou de l’impunité, les hommes politiques doivent être interpellés de façon objective. C’est de la sorte que l’on pourra faire le bilan des actions des partis politiques. Seul un courant idéologique clairement défini et clairement positionné dans notre contexte actuel peut nous apporter des réponses judicieuses aux problèmes actuels et à venir. Par ailleurs sur la question du chômage, Il faut que les partis politiques aient des projets de société précis pour permettre aux jeunes de trouver des emplois. Je pense donc que les populations ont le droit de mettre la pression sur les partis politiques pour qu’ils nous présentent des projets de société raisonnables pour les élections à venir.

« Le MBDC n’a pas l’ambition de se muer en parti politique »

Le concept du « plus rien ne sera comme avant » est en vogue. Comment cela doit-il se traduire dans le comportement des jeunes selon vous ?

Marcel Merle affirmait, je le cite : «Notre démarche doit épouser la logique selon laquelle : si nous commençons par la certitude, nous finirons par le doute ; si nous commençons par le doute sans trop nous hâter d’en sortir, nous finirons par la certitude ». Pour revenir donc à votre question, je pense que ce concept est une volonté des autorités de la Transition d’imprimer une autre vision de gouvernance, d’attitudes et de comportements dans notre pays. Il faut que chaque Burkinabè se pose la question de savoir ce qu’il faisait de mauvais et dont il a besoin de se départir désormais. Les jeunes doivent se comporter de façon citoyenne, responsable et respectueuse. Ils doivent se débarrasser des mauvais comportements qu’ils avaient au temps du régime précédent, pour épouser des comportements à même de nous permettre de privilégier l’intérêt général.

Le MBDC pourrait-il se muer en parti politique ?

Nous ne sommes pas dans le mélange de genre. Le Mouvement burkinabè pour le développement et le civisme (MBDC) ne peut pas être neutre dans la gestion de la cité. Notre organisation n’est pas partisane. Elle est certes apolitique, mais n’est pas pour autant insensible par rapport à la gestion de la cité. C’est pourquoi nous avons régulièrement des approches de plaidoyer et des lobbyings pour que les jeunes sortent du carcan où ils étaient confinés pour jouer les premiers rôles. C’est le sens de la tenue des Universités des jeunes leaders parce qu’être responsable demain s’apprend dans les regroupements, les instances politiques. Nous sommes pour la promotion du civisme, de la démocratie. Seulement, nous avons une ligne rouge à ne pas franchir. Nous n’allons pas nous muer en parti politique, mais allons continuer à porter un regard critique sur les actions politiques. Nous restons dans la société civile où nous nous sentons bien, avec nos convictions que nous partageons avec les jeunes.

Interview réalisée par Y. S


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