HomeOmbre et lumièreFRAUDES AUX CONCOURS DE LA FONCTION PUBLIQUE : Tant que la rupture ne va pas s’opérer

FRAUDES AUX CONCOURS DE LA FONCTION PUBLIQUE : Tant que la rupture ne va pas s’opérer


Ces derniers temps, l’actualité est marquée entre autres par des fraudes constatées aux concours de la Fonction publique dont on ne connaît pas encore l’ampleur, même si les autorités de ce ministère prétendent les avoir circonscrites. Il s’en est suivi des interpellations d’une trentaine de personnes qui ont été mises sous mandat de dépôt en attendant leur jugement. A ce que l’on dit, ces personnes représenteraient une partie insignifiante de l’ensemble des individus censés avoir mis la main dans le cambouis. La structure à l’origine de cette sale affaire de la République, est un cabinet privé dont le nom n’a pas été révélé, auquel l’Etat a confié la charge de confectionner les épreuves à administrer et ce, à la suite d’un appel à candidature. Le pot aux roses a été découvert grâce au dispositif anti fraude mis en place et les autorités de la Transition semblent avoir mis un point d’honneur à faire en sorte que les coupables répondent de leurs actes. A en juger par la qualité de certaines personnes qui ont été alpaguées, l’on peut déjà être tenté de dire qu’il y a une volonté manifeste de faire subir à tous les citoyens, sans distinction, qui ont trempé dans cette affaire, toute la rigueur de la loi. Cela peut se lire comme un signe des temps nouveaux. Car, à une époque encore récente, cette affaire avait des chances d’être étouffée pour protéger certaines personnes, tant l’impunité était garantie pour certains citoyens indélicats. Il en était résulté la mise en place d’une justice à deux vitesses. La justice qui s’appliquait aux gens ordinaires qui, pour une broutille, pouvaient être jetés en prison, et il existait une autre réservée aux intouchables de la République. Le Burkina est-il en passe de tourner la page de cette justice ? L’on aurait voulu y répondre par l’affirmative. Mais ce serait aller trop vite en besogne. En effet, pour en arriver là,  il ne suffit pas de crier haro sur la seule institution de la justice.

Une République qui recrute les agents de son administration sur la base de combines, n’a pas d’avenir

Il est aussi impératif de travailler à un réarmement moral de l’ensemble de la société. Cela passe d’abord par la promotion d’une pédagogie par l’exemple de la part des gouvernants. Ce sont eux qui, au quotidien, par leurs pratiques vertueuses, sont susceptibles d’influer de manière positive sur le comportement des autres membres de la société. Il faut ensuite travailler à inculquer des reflexes de citoyenneté à tous, par le biais des structures de formation et d’éducation. L’école, la famille et les médias peuvent être mis à contribution à cet effet. De manière générale, ce sont ces préalables qui doivent être posés pour une renaissance morale de la société burkinabè. Pour revenir au cas spécifique des fraudes aux concours de la Fonction publique, l’on pourrait s’offusquer tout en se posant la question suivante : pourquoi l’Etat a-t-il pu confier l’élaboration des épreuves, qui, à notre sens, relève de ses fonctions régaliennes, à une structure privée ? Cette question est d’autant plus légitime que l’Etat dispose de structures spécialisées qui pourraient exécuter cette tâche avec le moins de risques possibles. En tout état de cause les dégâts, de toute évidence, ont lésé des citoyens honnêtes et méritants dans cette affaire. Une République qui recrute les agents de son administration sur la base de combines, n’a pas d’avenir. Car, en plus de fouler aux pieds le principe de l’égalité des chances des citoyens, elle décourage le goût de l’effort et de la méritocratie. Dans ces conditions, l’on peut se poser la question de savoir le genre d’éducation que l’on veut donner à nos enfants, quand ceux-ci observent qu’autour d’eux, ce sont des scandales publics qui rythment la vie de l’Etat et celle des adultes censés leur servir d’exemples ? De ce point de vue,  l’on peut affirmer que les fraudes aux concours de la Fonction publique ont de beaux jours devant elles, tant que la rupture ne va pas s’opérer véritablement. Et cette rupture doit se constater dans tous les pans de la société. Car, les fraudes aux concours de la Fonction publique et les autres fraudes en général, loin d’être un phénomène conjoncturel, sont une réalité structurelle. En attendant que des mesures fortes soient prises pour les réduire à leur plus simple expression, l’on peut déjà encourager les autorités de la Transition dans leur volonté d’assainir l’organisation des concours en traquant les fraudeurs, et souhaiter que cette dynamique se poursuive avec les nouvelles autorités qui seront mises en place après les élections du 11 octobre prochain.

Sidzabda


Comments
  • On doit purement et simplement reprendre ces concours concernes et les frais de reprise a al charge de ceux qui seront reconnus coupables, en premier le cabinet concerne. Aussi des peines lourdes devraient etre infliges a tous ceux qui sont concernes pour ne plus donner envie a qui conque d’être mêler de près ou de loin a cette histoire de fraude. Pour les fonctionnaires on doit les radier carrément, les candidats une interdiction de 10 ans de passer un concours dans la fonction publique et le cabinet une interdiction a vie d’avoir un quelconque marche avec l’Etat ….vous verrez que quand on va parler de fraudes…les gens fuiront comme si on approchait un militaire pour lui parler de coup d’Etat en préparation. Mais des peines comme le cas Guiro vous verrez que ca ne fera que encourager la tricherie

    1 septembre 2015
  • Pour une meilleure équité,,tous les concours doivent être repris car les concours incriminés ne sont que la partie visible de l’iceberg.En effet j’ai ouïe dire qu’à Bobo,les épreuves de l’élevage,l’enseignement de base et de l’agriculture ont circulé sous les manteaux de l’université vers les quartiers.

    1 septembre 2015

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