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GOUVERNANCE AU BURKINA


Les résultats du  sondage « Présimètre » de juin 2020 ont été dévoilés aux Hommes de médias, lors d’un point de presse tenu à Ouagadougou, le 11 juin 2020. Ce programme qui vise, entre autres objectifs, la consolidation de la culture démocratique, est porté par l’ONG Diakonia et soutenu par un réseau d’organisations de la société civile, notamment le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD). Cette trouvaille a permis, à travers la perception des citoyens sur la gestion globale du pays, d’attribuer la note de 4,53/10 au président du Faso, Roch Kaboré.

La note de la gouvernance globale du président du Faso, Roch Kaboré, pour la période de juin 2020, est désormais connue. Réalisé du 1er au 10 juin 2020, avec un échantillon de 2 506 personnes âgées de 18 à 35 ans et plus, ce «Présimètre », probablement le dernier avant l’élection présidentielle de 2020, a permis aux citoyens, sur la base de leur appréciation, d’attribuer la note de 4,53/10 au chef de l’Etat sur sa gestion globale du navire Burkina. De 5,2/10 en juin 2017, le président du Faso est tombé à 4,53/10 en juin 2020, soit une baisse de 0,67 points. Cette note a été dévoilée au cours d’une conférence de presse, aux Hommes de médias dans la matinée du 11 juin, à Ouagadougou. Cette note s’explique-t-elle ? Thomas Ouédraogo, directeur exécutif du CGD, nous en dit plus : « Les citoyens sont beaucoup plus sévères par rapport à ceux qui les gouvernent. L’action publique, malheureusement, expose à des aléas. Entre autres aléas, c’est d’accepter certaines critiques qui peuvent vous aider à vous améliorer. Cette note n’est pas aussi catastrophique, car c’est légèrement en dessous de la moyenne. Et on connaît le contexte que notre pays traverse, avec toutes les attentes des citoyens vis-à-vis leurs dirigeants». Cette note qui est l’agrégation de celles des citoyens du milieu rural et urbain, met en évidence le fait que celle des villes (4,41/10) est plus sévère que la note du milieu rural (4,53/10). « Si vous considérez la note comme une note scolaire, on peut dire qu’elle est insuffisante. Mais si on l’analyse sous l’angle des attentes des populations, on peut dire que les demandes sont plus fortes que l’offre aujourd’hui », a indiqué Thomas Ouédraogo. Cette note découle d’une insatisfaction des citoyens interrogés sur l’action du président du Faso (voir en encadré 1, l’appréciation de quelques actions). Mais pour Serge Théophile Balima, administrateur au CGD, ces résultats démontrent que les Burkinabè sont responsables et pondérés dans leurs jugements. « Nous n’avons pas un peuple surexcité. Et notre démocratie est globalement apaisée. Même si la dimension subjective citoyenne est légitime, on peut dire que ce sont des appréciations qui sont modérées dans l’ensemble », a-t-il ajouté. Et de justifier cet état de fait en ces termes: «  C’est d’ailleurs le reflet de la presse. Parce que je trouve que la presse elle-même, produit des contenus réfléchis ».

38,9% des personnes sondées ont déclaré avoir le sentiment que le respect des droits de l’Homme s’est amélioré

Il ressort de ce sondage que 33% des personnes sondées sont satisfaites des actions de Roch Kaboré. Et 63%, représentant les personnes insatisfaites, justifient leur appréciation par le fait que le chef de l’Etat hérite d’un lourd passif qui ne peut être réglé en cinq ans. Ils ont aussi justifié cela par le manque de fermeté quand il le faut, par le fait que le président du Faso n’arrive pas à se hisser au-dessus des considérations politiques et n’arrive pas, selon ces citoyens, à mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut. Entre autres domaines où les personnes interrogées sont les plus insatisfaites, ceux de la lutte contre la vie chère, la lutte contre la corruption, la promotion de la « méritocratie », l’apaisement de la fronde sociale, la réduction du train de vie de l’Etat et la lutte contre l’insécurité. Sur ce dernier point, il ressort que 56,2% sont insatisfaits mais avec 39,8% de personnes confiantes quant à la tenue de l’engagement du chef suprême des armées de faire des Forces de défense, une institution forte. Une institution sur laquelle pèsent depuis le déclenchement de la lutte contre le terrorisme, des soupçons de non-respect des droits de l’Homme. D’ailleurs, ce sondage révèle que 38,9% des personnes sondées ont déclaré avoir le sentiment que le respect des droits de l’Homme s’est amélioré. Par contre, ceux qui connaissent les moyens de recours en cas de violation des droits de l’Homme, représentent 46,5% de l’échantillon concerné par cette étude.

Le sondage a montré que la CENI a une cote de confiance de 51,4% en 2020

Autre sujet sur lequel les populations ont donné leur point de vue à travers ce sondage du CGD et de l’ONG Diakonia, est l’épineuse question des élections à venir. Selon ce sondage, une majorité écrasante des personnes interrogées (73,4%) sont certaines qu’elles iront voter. Mais le pourcentage des personnes qui ne veulent pas voter est en hausse, passant de 6,9% en 2019 à 12,1% en 2020. 29% d’entre elles pensent que les élections ne changeront rien à leur quotidien. Dans ce même registre, le sondage a montré que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a une cote de confiance de 51,4% en 2020, comparativement à celle de 2019 qui était inférieure à ce pourcentage. De cette étude, l’on retient aussi, toujours concernant les élections, que 64,9% des personnes interrogées, ne savent pas qui voter pour le moment. Mais l’ensemble des personnes qui ont participé au sondage, ont donné le portrait-robot du président idéal (voir encadré 2). D’autres institutions ont aussi été appréciées (voir encadré 3). Toutes les cotes de confiance de ces institutions sont en hausse, comparativement à celles de 2019. Dans ce sondage dévoilé à quelques mois des échéances électorales, viennent en tête, en termes de priorités, les questions sécuritaire et sanitaire. Si ces questions semblent être la priorité des priorités, l’étude montre que la création d’un gouvernement d’union nationale est le premier préalable pour aller à la réconciliation nationale, selon ces citoyens. Alors que le sondage de 2019 mettait, quant à lui, l’accent sur le retour des exilés politiques. Avec ce contexte mondial où l’or se porte de mieux en mieux, 34,6% des citoyens pensent que l’exploitation des mines n’enrichit que les sociétés minières tandis que 17,1% pensent plutôt le contraire.

Boureima KINDO

 

Depuis l’arrivée de Roch Kaboré au pouvoir

*les actions qui ont beaucoup plu  aux citoyens :
-infrastructures routières ;
-gratuité des soins ;
-électricité : réduction des délestages, promotion de l’énergie solaire ;
-la valorisation des produits locaux notamment le Faso Dan Fani ;
-la gestion du Covid-19 : gratuité de l’eau et de l’électricité pour les tranches sociales, cession des salaires des autorités ;
-la liberté d’expression.

*Les actions qui n’ont pas du tout plu aux citoyens :

-la gestion de la situation sécuritaire ;
-le manque de fermeté et le laxisme dans la gestion de l’Etat ;
-les promesses de campagne non tenues sans autres précisions ;
-la corruption galopante ;
-le libertinage : trop de liberté dans le pays ;
-le choix des collaborateurs.

Source : le sondage

Le portrait-robot du président idéal

– Un homme honnête, courageux, respectueux de la règle de droit ;
-un homme qui sait manier efficacement le bâton et la carotte ;
-un homme qui redonne au peuple la nostalgie du patriotisme ;
-un homme qui sait restaurer l’autorité de l’Etat ;
-un homme qui rassemble.

Source : le sondage

La cote de confiance aux autres institutions en 2020

-la Justice : 47,3%
-le Parlement : 38,9%
-le gouvernement : 38,2%
-les partis politiques : 31,3%
-ONI : 59,2%
-Conseils municipaux : 43,9%
-OSC : 48,3%

Source : le sondage


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