HomeA la uneGROGNE AU SEIN DU PDCI :Le sphinx de Daoukro saura-t-il résister à la fronde ?

GROGNE AU SEIN DU PDCI :Le sphinx de Daoukro saura-t-il résister à la fronde ?


Depuis qu’il a appelé ses militants à soutenir le président Alassane Ouattara (ADO) à la présidentielle de 2015, le président du Parti démocratique de Côte d’ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié (HKB), fait face à une fronde au sein de son propre parti. Cette décision, jugée unilatérale par certains militants et en contradiction avec une décision du congrès d’octobre dernier, d’une candidature PDCI à la présidentielle de 2015, a provoqué une grogne dans les rangs du parti de l’Eléphant. Certains frondeurs, qui ne cachent pas leur désaccord, ont décidé de s’organiser au sein d’une « coalition pour la sauvegarde du parti », parce que n’ayant plus de lisibilité au niveau de la ligne politique. La question fondamentale que l’on se pose est de savoir jusqu’où ira cette fronde contre HKB. Le sphinx de Daoukro saura-t-il y résister ?

 

L’on est enclin à croire que la démarche de Bedié procède d’une stratégie politique

 

En tout cas, avec la dernière sortie, le lundi 22 septembre dernier, d’une soixantaine d’élus et de militants du parti, pour dénoncer la décision du président HKB, la clameur semble s’intensifier, et tout porte à croire que la démarche de Bédié est unilatérale. Si cela s’avérait, l’on pourrait se demander si cette décision de Bédié a été bien mûrie,  et s’il ne s’est pas tiré une balle dans le pied. Quelle mouche l’aurait alors piqué ? Aurait-il manqué de bon sens ou parlé trop vite dans l’euphorie ?

A l’analyse, l’on se convainc difficilement qu’un vieux baroudeur politique, un vieux renard comme Bédié, peut prendre une telle décision sur un simple coup de tête, ou sous l’effet de l’émotion, sans s’être assuré au préalable d’un minimum de soutiens de certains dinosaures du parti. Car, une telle attitude serait tout simplement suicidaire. Aussi est-on enclin à croire que sa démarche procède d’une stratégie politique visant à purger les rangs du parti, à un an de l’échéance de 2015. Les mécontents auront le temps de sortir du bois et seront tentés ou obligés d’aller voir ailleurs. La paix est encore fragile en Côte d’Ivoire, et le pays a besoin de se stabiliser dans la durée. Cela passe par un soutien au président actuel qui, en plus d’appartenir à la même famille politique, a engagé de vastes chantiers de reconstruction, mais aussi par le renforcement des liens de la famille houphouëtiste à travers la fusion PDCI-RDR. Ce faisant, briser cet élan ne serait pas opportun. Le PDCI et le RDR gagneraient donc à aller main dans la main, plutôt que d’aller à un affrontement qui pourrait, si l’on n’y prend garde, remettre le front politique en ébullition. En cela, il faudrait apprécier positivement la démarche de Bédié, car la Côte d’ivoire a besoin d’apaisement pour avoir la confiance des investisseurs et des bailleurs de fonds.

 

HKB se donnera les moyens de résister à la bourrasque

 

En tout état de cause, ces remous au sein du PDCI reflètent un choc d’idées entre réalisme et idéalisme, entre légitimité et légalité. De fait, d’un côté, l’on ne peut s’empêcher de croire que la décision de Bédié n’a pas fait l’objet d’un consensus. En cela, l’on pourrait lui reprocher de n’avoir pas suivi la voie de la légalité. Mais d’un autre côté, l’on est porté à croire que Bédié s’est fondé sur sa légitimité historique de garant putatif du temple, pour prendre une décision qu’il juge salutaire pour le parti. Une chose est sûre : s’il avait suivi la procédure, il n’aurait pas été en mesure de faire avaler la pilule à tous ceux qui rongent déjà leurs freins au sein du parti. Mais, convaincu de la justesse de sa position, il a choisi d’emprunter un chemin sur lequel il savait que se dresseraient devant lui certains tenants de la légalité, pour lui porter la contradiction.

Dans ce bras de fer qui se profile à l’horizon, Bédié ne semble pas vouloir s’accommoder ni s’en laisser conter par des ouvriers de la 25e heure. Et l’on est porté à croire qu’en fin stratège politique, il se donnera les moyens de résister à la bourrasque, comme il a su le faire pour rester à la tête du parti. Toutefois, sa trop grande assurance pourrait lui réserver bien des surprises, même si,  à certains égards, l’on pourrait douter de la sincérité de certains frondeurs. La réalité, c’est que bon nombre d’entre eux, ne veulent pas voir le président Ouattara même en peinture.

Quoi qu’il en soit, les dés sont jetés. L’avenir nous dira si cette fronde était le signe annonciateur d’un séisme au sein du PDCI ou si ce n’était qu’une tempête dans un verre d’eau. On attend de voir.

 

Outélé KEITA


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