HomeOmbre et lumièreHOOLIGANISME EN MILIEU SCOLAIRE AU BURKINA : La chienlit a assez duré

HOOLIGANISME EN MILIEU SCOLAIRE AU BURKINA : La chienlit a assez duré


Des psychopédagogues, précurseurs de “l’Ecole nouvelle”, ont pu analyser certaines dérives comportementales des élèves sous l’angle de la crise de l’adolescence. Subséquemment, ils en ont appelé à la tolérance et à la compréhension de la société en général et des enseignants en particulier par rapport à ce phénomène qui, selon eux, s’inscrit dans l’ordre normal des choses. Sans forcément remettre en cause cette analyse, il faut reconnaître que face à certains comportements en milieu scolaire au Burkina, il est devenu impératif dans l’intérêt de la société dans son ensemble, d’y mettre le holà. A l’appui de cela, l’on peut prendre le cas du comportement hautement répréhensible des élèves du CEG (Collège d’enseignement général) de Nagaré dans le département de Logobou, province de la Tapoa. En effet,  le jeudi 14 avril dernier, des élèves dudit établissement, au motif de défendre un des leurs qui, à leurs yeux, a été injustement sanctionné par son professeur de mathématiques, en sont arrivés à poser des actes qui, franchement, font froid dans le dos. Rien, en effet, ce jour-là, n’a été épargné par leur hooliganisme dans cette pauvre bourgade : des professeurs humiliés et rudoyés, leurs domiciles et biens saccagés et incendiés, les symboles de l’Etat profanés, etc. Dans quel pays sommes-nous ? Peut-on s’interroger tout en s’indignant. Suite à ces actes inqualifiables, les enseignants craignant pour leur vie, ont déserté leurs postes, entraînant du même coup l’arrêt des cours. On le sait, la contestation et les mouvements d’humeur sont consubstantiels au monde scolaire, mais il y a des lignes rouges à ne pas franchir au risque de mettre en péril toute la société. Le moins que l’on puisse dire, est que dans le cas d’espèce, ces lignes rouges ont été allègrement franchies par les élèves du CEG de Nagaré. Au-delà de ce cas, l’on peut faire le constat que de manière générale, nos enceintes scolaires sont devenues des sanctuaires de l’incivisme, de la violence gratuite et de bien des pratiques addictives.

 

Il faut mettre tous les acteurs du monde éducatif face à leurs responsabilités

 

Autant de choses qui sont incompatibles avec les missions d’apprentissage et d’éducation de la jeune génération, qui sont dévolues à l’institution scolaire. Et cette situation dangereuse dans laquelle est empêtrée la vie scolaire perdure depuis 1998, date de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Depuis lors, les élèves ont pris le pouvoir au Burkina et leurs armes favorites pour se faire entendre, sont la pyromanie et l’autodafé. A l’époque, l’on pouvait comprendre leur colère, parce que tout le Burkina avait été choqué par le sort que le régime de Blaise Compaoré avait réservé à ce journaliste et à ses camarades d’infortune. Mais aujourd’hui, personne n’a intérêt à ce que, pour un oui ou pour un non, les élèves recourent systématiquement à ces deux armes, prônant ainsi la violence comme l’unique moyen de résolution de toutes les crises en milieu scolaire. Le pire est que face à ces excès, tous les acteurs de la communauté éducative semblent avoir capitulé pour se laisser dicter par les humeurs des élèves. Il y a donc urgence à travailler à inverser les tendances par des actions républicaines très fortes et dissuasives. Car, ne dit-on pas que « qui aime bien châtie bien » ?

Ce dicton, qui à lui seul, est une véritable mine en termes de teneur éducative, doit plus que jamais inspirer les parents d’élèves, les enseignants et l’Etat dans leurs rapports au monde scolaire. Car, à force de vouloir mimer servilement les sociétés occidentales où le simple fait d’administrer une tape bénigne à un enfant pour le rappeler à l’ordre, peut valoir à son auteur un séjour en prison, nous courons le risque de livrer notre société à une relève en rupture avec toutes les valeurs cardinales qui constituent le fondement de la société burkinabè et grâce auxquelles, peut-on dire, le Burkina, tel le roseau de Pascal, « plie mais ne rompt jamais ». Une de ces valeurs est le respect dû aux aînés. L’on avait eu la faiblesse de croire qu’avec l’avènement du nouveau pouvoir, l’on aurait assisté à un changement de comportement des élèves en situation de contestation. Mais hélas, on peut aujourd’hui déchanter. En tout cas, la chienlit a assez duré. Et il faut coûte que coûte y mettre fin. Pour cela, il faut mettre tous les acteurs du monde éducatif face à leurs responsabilités. Tous doivent agir en synergie en ne perdant pas de vue la définition que la loi d’orientation du 30 juillet 2007 donne à l’éducation dans notre pays. Pour rappel, celle-ci, dans sa section 2 article 2 dit ceci : il  faut entendre par éducation : « l’ensemble des activités visant à développer chez l’être humain l’ensemble de ses potentialités physiques, intellectuelles, morales, spirituelles, psychologiques et sociales en vue d’assurer sa socialisation, son autonomie, son épanouissement et sa participation au développement économique, social et culturel ». Chacun peut aisément apprécier l’écart abyssal qui existe entre le comportement de nos élèves aujourd’hui et le contenu de cette définition.

 

SIDZABDA

 


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