INCENDIE MEURTRIER D’UNE ECOLE AU KENYA : Un drame qui doit interpeller
Trois jours de deuil national à partir du 9 septembre 2024. C’est la décision prise par les autorités kényanes suite à l’incendie survenu dans la nuit du jeudi 5 au vendredi 6 septembre dernier dans le dortoir d’une école primaire au Kenya. Une décision qui se justifie d’autant plus qu’il s’agit de pertes en vies humaines, en l’occurrence des êtres fragiles qui constituent l’avenir de la Nation. Le bilan provisoire, susceptible de s’alourdir à tout moment, fait état d’une vingtaine de morts parmi les 156 pensionnaires de l’internat dont certains manquaient encore à l’appel, alors qu’une centaine a été retrouvée après le drame. Concomitamment au deuil, une opération d’identification des victimes par test ADN, a été lancée le 9 septembre dernier. Ce qui en dit long sur le degré de gravité des brûlures et le supplice de ces adolescents surpris dans leur sommeil par des flammes ravageuses qui n’ont rien laissé sur leur passage. De quoi créer l’émoi au sein des familles qui vivaient une véritable angoisse dans l’attente de connaître le sort de leurs enfants, et qui sont plongées dans un véritable cauchemar depuis l’annonce du drame. La nouvelle a d’autant plus bouleversé la Nation tout entière que le président William Ruto l’a qualifiée de « tragédie inimaginable ».
La prise de mesures hardies pour éviter la survenue de tels drames à l’avenir, s’impose
En attendant de connaître les conclusions de l’enquête diligentée par les autorités de Nairobi à l’effet d’en savoir davantage sur les circonstances du sinistre, cet incendie meurtrier est un drame qui doit interpeller. D’autant plus que ce n’est pas la première fois qu’une telle catastrophe survient au Kenya. En 2001 déjà, 67 personnes avaient péri dans l’incendie d’un dortoir dans le Comté de Machakos. En 2016, ce sont neuf autres personnes qui perdaient la vie dans l’incendie d’un dortoir pour filles, dans un bidonville de la capitale. Et pas plus tard que le week-end écoulé, on signale un autre incendie qui s’est déclaré dans une école pour filles dans le Centre du pays, qui a heureusement été maîtrisé sans faire de victime. C’est dire la problématique de ce drame qui se veut encore plus interpellateur pour le gouvernement, au regard de la récurrence du phénomène. C’est à se demander si les autorités kényanes ont vraiment tiré leçon des désastres précédents et pris le problème à bras-le-corps afin d’y apporter la réponse adéquate. On peut d’autant plus en douter qu’au-delà de la vétusté des bâtiments que de nombreux pays africains partagent en commun, certaines sources évoquent, dans le cas précis de ce drame, le surpeuplement dudit dortoir au moment où des voix s’élèvent pour dénoncer de la négligence concernant les mesures de sécurité. Toute chose qui pose le problème du respect des règles en la matière. Au-delà, cet incident tragique interpelle, plus généralement, sur le respect des normes de sécurité incendie dans les bâtiments publics où, très souvent, en plus du défaut d’extincteurs, manquent parfois les issues de secours. Et même quand de tels dispositifs existent, leur fonctionnalité n’est pas gagnée d’avance là où se pose aussi le problème de l’initiation des usagers à l’utilisation des extincteurs.
A l’issue de l’enquête, il faudra situer les responsabilités pour punir pour l’exemple
Mais cela n’est pas l’apanage du seul pays de William Ruto. Car, c’est une situation qui est assez répandue dans les républiques bananières où le laxisme dans la réalisation des marchés publics, le dispute souvent à la corruption. C’est pourquoi, au-delà des trois jours de deuil national décrété par le gouvernement pour marquer sa compassion aux familles des victimes, la prise de mesures hardies pour éviter la survenue de tels drames à l’avenir, s’impose comme une nécessité. C’est dire s’il faut éviter de faire de la tragédie de Endarasha, un drame de plus qui ne durera que le temps d’une émotion. C’est pourquoi il importe, d’ores et déjà, de prendre des mesures conservatoires visant à assurer plus de sécurité aux pensionnaires des internats et plus globalement aux usagers des bâtiments publics. Pour cela, il ne serait pas superflu de faire l’état des lieux des différents internats à travers le pays, à l’effet de les doter de matériel de lutte anti- incendie. Il faut aussi revoir la qualité des bâtiments en optant pour des matériaux de construction moins inflammables, de même que les effectifs des pensionnaires pour éviter les surpopulations avec toutes les conséquences qui vont avec. C’est dire si à l’issue de l’enquête, il faudra situer les responsabilités pour punir pour l’exemple, mais aussi prendre les mesures nécessaires pour que le système éducatif puisse repartir du bon pied. En tout état de cause, l’école n’est pas une prison. Et si le succès de demain se prépare aujourd’hui, cela doit se faire dans de bonnes conditions d’apprentissage qui favorisent l’épanouissement moral, physique et intellectuel des apprenants.
« Le Pays »