INDEMNISATION DES VICTIMES DANS LE CADRE DE LA RECONCILIATION NATIONALE : Et les PDI dans tout ça ?
Plus de 65 milliards de F CFA ! C’est la somme qui sera débloquée par l’Etat burkinabè pour dédommager les victimes, dans le cadre de la réconciliation nationale. Sont concernées, les victimes de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, celles du putsch manqué de septembre 2015. Et ce n’est pas tout. Car, les victimes des conflits entre agriculteurs et éleveurs ainsi que les 27 militaires condamnés pour motif de tentative de coup d’Etat, n’ont pas été oubliés. Tous seront indemnisés. Je sais qu’en la matière, il y aura toujours des gens qui s’estimeront marginalisés, parce que n’ayant pas été pris en compte dans le processus de réconciliation. Ils ont peut-être raison. Mais ils se doivent aussi de comprendre que l’Etat n’a pas suffisamment d’argent pour indemniser tout le monde. C’est pourquoi je demande aux uns et aux autres de faire preuve de compréhension et de sacrifice pour qu’ensemble, nous puissions sauver l’essentiel. Quant à ceux qui seront indemnisés, je ne sais pas quelle sera la clé de répartition, mais je souhaite que les choses se fassent dans la transparence la plus totale afin d’éviter les frustrations qui pourraient même porter un sérieux coup à la réconciliation que nous appelons de tous nos vœux. Faisons donc en sorte que l’argent ne nous divise pas davantage. Nous sommes déjà si divisés qu’il ne faudrait pas que l’on en rajoute, surtout au regard du contexte national caractérisé par la crise sécuritaire qui, chaque jour que Dieu fait, endeuille des familles. Et justement, c’est en cela que je regrette que parmi les gens à indemniser ou à dédommager, on ne parle nulle part des Personnes déplacées internes (PDI). Pourquoi les a-t-on laissées de côté ?
Je ne vois pas en quoi les autres victimes sont plus éprouvées que les blessés ou rescapés des attaques terroristes
Ou bien pense-t-on que l’on peut réconcilier les Burkinabè en laissant de côté ces milliers de compatriotes qui, du fait de l’insécurité, ont dû tout abandonner pour se réfugier dans des centres urbains ? Certes, l’on nous dira que c’est l’Etat qui leur offre le gîte et le couvert, et nous en convenons. Mais cela est loin de relever de la magnanimité. Loin s’en faut ! Car, c’est du devoir de l’Etat dont l’un des rôles régaliens, est la protection civile. L’Etat ayant échoué à protéger ses citoyens dans leurs localités respectives, il n’avait donc pas d’autre choix que de s’assumer. Et là, il faut aller jusqu’au bout. Car, nombreuses sont les PDI qui ont tout perdu et qui ne savent pas comment faire pour se reconstruire socialement. Ces gens-là ont besoin du soutien de l’Etat même si l’on arrive, comme c’est d’ailleurs le souhait de chacun de nous, à reconquérir l’intégralité du territoire national. C’est pourquoi je souhaite que l’on ne les oublie pas. Je ne vois pas en quoi les autres victimes sont plus éprouvées que les blessés ou rescapés des attaques terroristes dont certains, faut-il le rappeler, vivent au jour le jour, ne sachant pas de quoi sera fait demain. Même nous autres, fous, abandonnés à nous-mêmes, méritons d’être pris en compte dans le processus de réconciliation en cours dans notre pays. Car, ce que certains d’entre vous ne savent pas, c’est que nous n’avons pas demandé à être ce que nous sommes aujourd’hui. Certains d’entre nous sont devenus fous parce qu’un de leurs proches a utilisé leur nom pour aller pactiser avec le diable afin de devenir riche. Et Dieu seul sait s’ils sont nombreux parmi nous. Ne pensez-vous pas que ce genre de fous-là ont aussi besoin d’être indemnisés ou de se réconcilier avec leur bourreau avec le soutien de l’Etat qui est le garant de tout ?
« Le Fou »