HomeOmbre et lumièreINHUMATION DU CHEF SUPREME DES BOBO-MADARE : Forte mobilisation à Dioulassoba

INHUMATION DU CHEF SUPREME DES BOBO-MADARE : Forte mobilisation à Dioulassoba


Décédé dans la nuit du dimanche 7 décembre 2014, le chef suprême des Bobo-Madarè, El Hadj M’Pa Yacouba Sanon, a été conduit à sa dernière demeure le jeudi 11 décembre 2014, au palais royal (à Dioulassoba), après une prière mortuaire qui a été dite en sa mémoire. Les autorités locales se sont fortement mobilisées pour lui rendre un dernier hommage.

Décédé dans la nuit du dimanche 7 décembre 2014, le chef suprême des Bobo-Madarè, El Hadj M’Pa Yacouba Sanon, repose désormais dans la cour royale située au quartier Dioulassoba, secteur 1 de la cité de Sya. Coups de canon et son de tam-tam, cris et déferlement de masques bobo, une forte mobilisation des autorités administratives, politiques, militaires et paramilitaires, religieuses et coutumières ont rehaussé l’éclat des obsèques de Sa Majesté le chef suprême des Bobo-Madarè, le jour de son inhumation, le jeudi 11 décembre 2014. C’est à son domicile situé à Farakan que les obsèques se sont déroulées, avant l’enterrement intervenu dans la soirée du jeudi 11 décembre 2014. Entre pleurs et tristesse, les parents et proches du défunt n’ont pu contenir les différentes délégations venues leur présenter leurs condoléances. Né en 1918, El Hadj M’Pa Yacouba Sanon serait le petit-fils de Souro Sanou, dont le Centre hospitalier universitaire de Bobo-Dioulasso porte le nom. Intronisé en 2006 à la suite d’une crise qui éclata au sein de la communauté bobo où il a joué un rôle déterminant dans la médiation, M’Pa Yacouba Sanon fait ainsi ses adieux à ses parents, amis et connaissances, laissant derrière lui une veuve et 14 enfants dans la consternation. A noter que El Hadj M’Pa Yacouba Sanon n’a eu que huit ans de règne à la tête de la communauté Bobo.

C’est à la place publique Wara-Wara que la prière dirigée par l’Imam de Dioulassoba (mosquée touristique et la plus ancienne de Bobo), Siaka Sanou, a été dite pour le défunt. A ce que l’on dit, les coutumes voudraient qu’il soit inhumé au septième jour de son décès, mais son attachement à l’Islam a fait que les choses se sont déroulées autrement, en tenant compte des dogmes de cette religion.

Conformément aux coutumes de sa tribu, la communauté devra attendre la prochaine fête de Djomènè (fête traditionnelle bobo correspondant à l’année lunaire) pour choisir un nouveau chef suprême. Et c’est sans doute le plus âgé de la communauté Bobo qui sera intronisé pour conduire la tradition bobo.

Josias Zounzaola DABIRE & Emmanuel SOMBIE

ENCADRE

Témoignages de quelques parents et connaissances

Sidi Traoré, Directeur général de la SNC

« Nous sommes là pour conduire à sa dernière demeure le chef de canton de Dioulassoba, Sa Majesté M’Pa Yacouba Sanon. C’est quelqu’un que j’ai connu particulièrement quand j’étais à la Direction générale du patrimoine culturel. En 2006, quand il y a eu son intronisation, on était venu couvrir cette cérémonie d’intronisation à Dioulassoba. Je puis dire que nous entretenions vraiment de très bonnes relations, et c’est pourquoi il me paraît normal que je sois là aujourd’hui, avec les autres, pour l’accompagner à sa dernière demeure. Puisse Dieu l’accepter dans son royaume. »

Sayouba Guiré, point focal du MPP, ancien député du CDP

« Le départ du chef suprême Bobo-Madarè est une grande perte pour nous. C’était notre vieux, notre sage ; nous venions prendre des conseils avec lui. Ce qui est d’ailleurs très regrettable, c’est qu’il y a à peine un mois, on a assisté au décès de son jeune frère. Voilà maintenant que c’est lui qui part. Nous ne pouvons que souhaiter que Dieu l’accueille dans son royaume. Perdre deux sages en moins de deux mois, c’est un coup très dur, mais la volonté de Dieu est indiscutable. Nous présentons également nos condoléances à sa famille et surtout beaucoup de courage à la grande famille Madarè. Que la terre lui soit légère. »

Soumaïla Sanon, premier fils du défunt

« Papa a été pour moi le premier modèle de ma vie. Pour s’assurer que j’allais avoir une bonne éducation, il m’a fait quitter la famille à l’âge de six ans. De là, j’ai pu apprendre à l’extérieur ce que lui ne voulait pas m’apprendre. Et c’est grâce à cette éducation que j’ai pu traverser beaucoup de chemins, beaucoup de pays pour réussir ma vie. Cela a été également pour moi une occasion de comprendre ce qu’est l’amour d’un père et d’une mère. Je lui rends grâce pour tout ce qu’il a fait pour moi, ses enfants et toute la communauté. J’avoue qu’il a été quelqu’un de très modeste. Quand il a été promu chef, cela n’a surpris personne, vu les nombreux services qu’il rendait aux gens. Il est arrivé à cette place à un moment où il y avait une crise. Il a su gérer la situation, jusqu’à ce qu’il accède au trône. »

Issiaka Sanon, fils du défunt

« Nous venons de perdre notre papa qui représentait toute la famille. Notre tristesse est grande, mais nous ne pouvons que nous en remettre à la volonté d’Allah. Nous nous remettons à Dieu qui a également permis de voir toute cette mobilisation de gens qui sont là pour nous soutenir. Ce soutien nous va droit au cœur. Chez nous, les Bobo, quand un chef meurt, les petits-fils en font une fête. Et c’est ce que vous voyez, qui est loin d’être une réjouissance pour nous. »

Propos recueillis par JZD


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