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INSECURITE AU BURKINA


Il faut sauver à tout prix l’école burkinabè

L’obscurantisme est, entre autres, l’allié naturel du terrorisme. De ce point de vue, l’on peut comprendre les raisons pour lesquelles les fous de Dieu ont l’école burkinabè  dans leur ligne de mire. Depuis 2016, en effet, on ne compte plus le nombre d’écoles incendiées. A cela, il faut ajouter que deux enseignants sont tombés sous les balles assassines des adeptes du mal. Résultat, la psychose s’est emparée des enseignants et des apprenants si fait que l’on enregistre, à ce jour, 1 300 écoles fermées, 150 000 élèves dans la nature et 5 000 enseignants qui ont déserté leurs postes. La situation est tout simplement catastrophique et sa résolution implique la prise en compte de nombreux paramètres parmi lesquels le développement des initiatives pour davantage impliquer les communautés dans la sécurisation des écoles. En effet, pour reprendre Joseph Ki-Zerbo, l’école doit être l’affaire du village, c’est-à-dire de la base. A ce niveau, si les uns et les autres sont suffisamment sensibilisés sur les enjeux de l’école, ils peuvent être motivés pour contribuer à sa défense. Ils peuvent davantage être dans cette posture dès lors qu’ils prendront conscience que l’avenir de leur progéniture en dépend. Et les exemples foisonnent, qui illustrent tous les bienfaits de cette institution relativement à la promotion sociale des citoyens. Et dans la quête de la promotion sociale, l’école ne fait pas de différence entre les enfants de la République. Si l’on peut émettre des objections à ce niveau, pour ne pas offusquer les spécialistes en matière de sociologie de l’éducation, il faut reconnaître que l’école a pour vocation de donner les mêmes chances à tous les enfants d’un pays. Aussi voit-on aujourd’hui des enfants issus de milieux paysans ou pauvres qui ont réussi à se frayer un chemin pour in fine occuper de grands postes de l’Etat. En plus du fait que l’école est un puissant vecteur de promotion sociale, il y a aussi qu’elle participe à la socialisation de l’enfant et partant au vivre-ensemble. C’est tout cela qui démange les terroristes au point qu’ils ont juré la perte de l’école.

L’Etat doit tout faire pour encourager les enseignants qui, en dépit de la situation, sont à leurs postes

Sensibilisées donc sur les enjeux de l’école, les communautés mettront un point d’honneur à barrer la route à ces ennemis. Le deuxième paramètre à prendre en compte dans la perspective de sauver l’école incombe à l’Etat. Il lui revient de bander les muscles de sorte à neutraliser, pour parler comme les militaires, tous ceux qui, par des actes violents ou d’intimidation, se sont inscrits dans la logique d’anéantir l’école burkinabè. Et aucune mesure n’est de trop pour punir les auteurs d’actes de sabotage de son fonctionnement. Car s’attaquer à l’école, c’est s’attaquer au fondement de la République. C’est certainement cette dimension que Joseph Zobel a voulu relever lorsqu’il dit que l’école est « la clef qui ouvre la porte de notre liberté ». Le troisième et dernier paramètre à prendre en compte pour sauver l’école s’adresse aux enseignants. Il est vrai que dans certaines zones, la menace terroriste est réelle. Des enseignants y ont même perdu la vie. Nous saluons au passage leur mémoire et invitons l’Etat à s’occuper de leurs ayants droit. Dans les zones rouges donc, l’on peut comprendre que les enseignants désertent leur poste de travail. Il est vrai également que certains profitent de la situation pour déserter leur poste pour se la couler douce. Et vers la fin du mois, ils sont les premiers à se présenter aux guichets de paiement des salaires. A la moindre rumeur, tout cours cessant, on fonce sur les chefs-lieux de province ou de région pour y trouver refuge. Ce faisant, ils participent à encourager et à alimenter la psychose. Il y a même, par endroits, certains enseignants indélicats qui sont à l’origine d’affiches intimant l’ordre de fermer les écoles. Un d’entre eux a d’ailleurs été démasqué et puni. L’Etat doit avoir la main ferme vis-à-vis de cette catégorie d’enseignants irresponsables et sans conscience. Dans le même temps, il doit tout faire pour encourager les enseignants qui, en dépit de la situation, sont à leurs postes. Leurs situations administratives doivent être traitées sans qu’ils ne soient contraints de faire le moindre déplacement. En plus de cela, il faut envisager de les décorer. De tout ce qui précède, l’on peut aboutir à l’impérieuse nécessité de sauver l’école à tout prix. Et c’est l’Etat qui doit prendre toutes les mesures allant dans ce sens. Comparaison n’est pas raison certes, mais quand la hiérarchie militaire a opté de sévir contre les soldats fuyards, l’on a constaté avec bonheur que la peur a commencé à changer de camp. Cette mesure punitive pourrait inspirer les autorités en charge de l’éducation.

 

Sidzabda


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