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INSECURITE AU SAHEL


Le 25 décembre dernier, en plein deuil national de 48 heures, onze soldats burkinabè périssaient dans une embuscade tendue par des terroristes à Hallalé, dans la province du Soum. Vingt-quatre heures plus tôt, ce sont sept autres soldats qui tombaient sous les balles assassines des forces du mal à Arbinda, toujours dans le Nord du pays, lors d’une attaque d’envergure qui a vu les Forces de défense et de sécurité  (FDS) du pays des Hommes intègres envoyer ad patres pas moins de 80 terroristes qui, dans leur lâcheté, s’en sont pris à des populations civiles dont 31 femmes froidement abattues. Quelque deux semaines auparavant, c’est la base militaire d’Inatès au Niger, non loin de la frontière malienne, qui subissait une attaque  au cours de laquelle 71 militaires perdaient la vie dans ce qui reste jusque-là comme l’attaque la plus meurtrière jamais subie par les Forces armées nigériennes.

 

Plus les attaques terroristes s’intensifient au Sahel, plus elles se caractérisent par la violence de leur nature

 

A quelques semaines d’intervalle, à la mi-novembre, une double attaque contre les camps de Mondoro et Boulikessi au Mali, faisait 25 tués parmi les éléments des Forces armées maliennes. C’est dire qu’en cette fin d’année 2019, plus les attaques terroristes s’intensifient au Sahel, plus elles se caractérisent par la violence de leur nature qui trahit la volonté des terroristes de causer le maximum de dégâts matériels et humains. Or, dans un pays comme le Burkina Faso, l’on se rappelle que le jour de l’an 2019 avait été marqué, entre autres, par le massacre de Yirgou consécutif à une attaque de djihadistes suivie de représailles, qui a failli être le déclenchement d’affrontements intercommunautaires généralisés. C’est dire si dans le cas d’espèce, l’année 2019 s’achève comme elle avait commencé : dans la douleur sur fond de situation sécuritaire toujours préoccupante et dont le niveau d’alerte est aujourd’hui au degré le plus élevé.  Car, jamais auparavant, les peuples du Sahel n’avaient été aussi éprouvés dans cette guerre contre un ennemi sans visage. Mais dans cette grisaille, pointent tout de même des lueurs d’espoir liées d’une part à la capacité de résilience des populations, et d’autre part à la montée progressive en puissance des armées nationales qui parviennent aussi à infliger des pertes importantes à l’ennemi, comme ce fut le cas dans l’attaque de Noël à Arbinda où l’armée burkinabè a infligé de lourdes pertes aux terroristes qui ont même été obligés de battre en retraite.  Au début du mois de décembre, une vingtaine de djihadistes étaient neutralisés à Toéni et à Bahn.  Quelques mois plus tôt, en août, c’est une  quarantaine de terroristes qui étaient tués en réaction à l’attaque de Koutougou où plus d’une vingtaine de soldats burkinabè avaient perdu la vie. C’est dire si petit à petit, l’armée burkinabè est en train de prendre ses marques et s’adapte à cette guerre asymétrique dont la récurrence des attaques meurtrières avait poussé, à un moment donné, les Burkinabè au pessimisme. Mais aujourd’hui, l’armée burkinabè qui ne cesse d’appeler les populations à la collaboration, est en train de prouver sur le terrain que le peuple burkinabè peut lui faire confiance.

C’est aussi par la force du renseignement que l’on pourra espérer venir à bout du terrorisme

 

En tout cas, même s’il peut paraître prématuré de dire que la peur a changé de camp, il convient de saluer, à sa juste valeur, le courage et la détermination des soldats burkinabè dont les dernières performances au front, ont fait renaître l’espoir dans le cœur des Burkinabè. Mais il faut toujours garder l’arme au pied. Particulièrement à Arbinda et dans bien d’autres localités du Nord qui semblent plus que jamais des objectifs stratégiques majeurs pour les terroristes qui ne sont pas à leur première tentative et qui n’ont certainement pas encore dit leur dernier mot. C’est pourquoi, en soutien à l’action des FDS,  les populations sont appelées à la plus grande vigilance et à la collaboration à travers le retour d’informations. Car, tout porte à croire qu’en plus des initiatives locales d’organisation des populations et du renforcement des capacités opérationnelles des FDS,  c’est aussi par la force du renseignement que l’on pourra espérer venir à bout du terrorisme, dans l’union sacrée des fils et filles du pays contre l’ennemi commun. C’est à ce prix que le Burkina Faso peut espérer éviter que 2020 ne soit une pâle copie de 2019 sinon pire, eu égard aux enjeux électoraux qui se profilent déjà à l’horizon. C’est le lieu d’appeler la classe politique, dans son ensemble, majorité comme opposition, à la responsabilité, pour éviter toute nauséeuse exploitation de la situation à des fins politiciennes.   Cela dit, en plus des actions de déradicalisation qui pourraient être d’importance, parallèlement à l’action militaire,  il faut souhaiter que dans la riposte, le Mali dont le Nord échappe toujours au contrôle de Bamako, puisse s’inscrire dans la même dynamique que le Burkina Faso et le Niger pour que ces pays du Sahel puissent se donner de meilleurs chances de réduire considérablement la voilure des terroristes dans la région. Il y va de l’intérêt de tous.

 

 « Le Pays »

 


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