HomeA la uneINTERDICTION DE VENTE DES PEAUX D’ANES : Des trafiquants demandent un moratoire de 3 mois

INTERDICTION DE VENTE DES PEAUX D’ANES : Des trafiquants demandent un moratoire de 3 mois


Les trafiquants de peaux d’ânes de Djibasso demandent un état de grâce de 2 à 3 mois au gouvernement, afin de pouvoir écouler leurs stocks existants pour apurer leurs dettes. L’abattage massif d’ânes, ces derniers temps, a amené le gouvernement à monter au créneau. Cela, avec l’adoption en Conseil des ministres, le 3 août 2016, du décret N°2016-857/PRES/PM/MRAH/MCIA/MINEFD/MATDSI portant règlementation des abattages d’âne, de cheval et de chameau et interdiction de l’exploitation de leurs produits au Burkina Faso.

Cependant, l’application de ce décret a déjà fait des victimes parmi ceux qui s’adonnent à la collecte et à la commercialisation des peaux d’ânes.

 

Le marché de Djibasso a lieu chaque jeudi. Il regroupe hommes, femmes et enfants venant des villages et communes environnantes. C’est un rendez-vous international où Burkinabè et Maliens ont décidé de briser les barrières frontalières pour vivre en communion comme des frères consanguins. Ce cadre d’échanges commerciaux est situé en plein cœur de la ville de Djibasso. Des charrettes et des chariots tirés par des ânes et des chevaux débouchent de partout avec des marchandises. Les femmes, chargées de lourds paniers de légumes, de condiments, de céréales ou de tubercules sont les premières à se rendre sur les lieux, suivies des vendeurs de bétail et des bouchers qui s’empressent d’aller choisir le meilleur animal. Dans le gigantesque parc à bétail, le

braiement des ânes, le hennissement des chevaux se mêlent aux bêlements des chèvres et moutons, aux beuglements des bœufs. C’est un véritable parc qui s’étend à perte de vue au flanc Nord du marché. Selon Sadra Dembélé, vendeur d’ânes, l’application du décret lui a fait perdre un chiffre d’affaires de 12 millions de F CFA avec le gros stock qu’il détient. Il indique que depuis la prise de la mesure, les vendeurs d’ânes ne fréquentent plus le marché et il en est de même des bouchers et des vendeuses de la viande d’âne préparée. Pour les commerçants, c’est en 2015 qu’ils ont commencé à s’intéresser à la collecte et à la vente des peaux d’ânes. Auparavant, certains d’entre eux n’exerçaient pas dans ce secteur. Par la suite, compte tenu de l’ascension fulgurante de ce commerce, d’autres nous ont rejoint. Cependant, il faut noter que la consommation de la viande d’âne faisait partie de leurs habitudes alimentaires. Les sabots carbonisés des ânes tués, sont utilisés pour soigner la teigne et d’autres maladies comme la rougeole et la faiblesse sexuelle. C’est à l’issue de cela que deux Chinois ont débarqué à Djibasso pour une forte demande de peaux d’ânes. Et les raisons qu’ils ont avancées étaient l’utilisation de la peau pour la fabrication de chaussures et de ceintures. Des vertus médicinales supposées ont été évoquées, telles que l’antivieillissement, le fait de retarder la ménopause et d’autres vertus thérapeutiques. C’est pourquoi, Kourbè Dembélé, le président de l’association des vendeurs de peaux d’ânes, affirme qu’« avec l’application du décret, ils détiennent un très important stock estimé à 700 millions de francs CFA  non encore liquidé ».

Le véritable cas malheureux est le suicide par désespoir de notre frère Beéhan Koné, un commerçant de peaux d’ânes qui vivait dans un village frontalier du Mali. Kourbè Dembélé et ses pairs disent ne pas être contre la décision du gouvernement d’interdire l’exportation des peaux d’ânes, mais ils estiment qu’ils auraient dû être consultés au préalable. Et de relever que les peaux d’ânes et les ânes ne proviennent pas seulement de Djibasso. Ils ont des collectionneurs au Mali voisin et en Mauritanie, qui leur livrent la marchandise. Présentement, ils ont des peaux d’ânes dans ces localités, qui ne peuvent pas être acheminés à cause de la mesure d’interdiction. Ils ont également donné de l’argent pour l’achat de ces peaux dans des villages et il est impossible de les récupérer. Certains continuent néanmoins de leur envoyer des peaux d’ânes.  C’est pourquoi ils demandent au gouvernement de leur accorder un délai de 2 à 3 mois afin qu’ils puissent écouler les stocks existants. Un certain nombre de prestataires se sont enfuis au Mali et ils savent que des familles et des couples vont se disloquer à cause de l’arrêt brutal de cette pratique. A propos de l’application du décret, à Djibasso, la mesure est bien et bel appliquée et les Forces de défense et se sécurité veillent au grain. En attendant, ce sont les ânes attelés aux charrettes de leurs propriétaires qui ne sont plus inquiétés à Djibasso, comme dans d’autres villes et dans les campagnes.

 

Madi KEBRE, (Correspondant)

 

 


Comments
  • quand les etalon gagne nos commerçant en profite.

    2 février 2017

Leave A Comment