HomeA la uneINTERDICTION DE VOYAGER FAITE A DES OPPOSANTS : « Le chef de l’Etat a tenu à nous présenter ses excuses », dixit Zéphirin Diabré

INTERDICTION DE VOYAGER FAITE A DES OPPOSANTS : « Le chef de l’Etat a tenu à nous présenter ses excuses », dixit Zéphirin Diabré


En fin de journée du jeudi 07 juillet 2016, le locataire de Kosyam, Roch Marc Christian Kaboré, a reçu en audience une délégation du Balai citoyen venu présenter au président du Faso, le prix que ladite organisation de la société civile a reçu. Mais avant, le chef de l’Etat a reçu une délégation du Chef de file de l’opposition. Les deux parties ont abordé plusieurs thèmes d’actualité.

 

Ils étaient au nombre de 19 à s’entretenir avec le président Roch Marc Christian Kaboré. Et ce,  plus de deux heures d’horloge durant. Pendant que les journalistes spéculaient sous le hall de la présidence, sur ce que l’opposition et le Chef de l’Etat pouvaient bien se raconter, nous les voyons déboucher par les escaliers quittant la salle d’audience et menant au hall. Après s’être bien positionné au pupitre,   Zéphirin Diabré, Chef de file de l’opposition, sans attendre les questions des journalistes débita :  « Cette rencontre a eu lieu à l’initiative du chef de l’Etat. Elle se tient à la suite de l’audience qu’il nous accordée il y a quelques semaines et au cours de laquelle nous avons convenu d’un nouveau format de rencontre et de dialogue entre le chef de l’Etat et l’opposition. Lequel format nous conduira à avoir deux rencontres par an, comme celle que nous avons eue aujourd’hui, sans compter les contacts permanents, en application des dispositions légales et sans compter les cas d’urgence qui pourraient amener l’opposition, soit par une délégation soit dans son ensemble, à venir rencontrer le chef de l’Etat. Nous avons une appréciation positive de cette manière de faire parce qu’elle dénote d’une certaine disponibilité du chef de l’Etat au dialogue. Elle imprime aussi une nouvelle marque de notre démocratie, au-delà de nos différences et de nos divergences d’opinions parce que c’est le Burkina Faso qui est en jeu. Nous formulons le vœu que chaque rencontre débouche sur des avancées concrètes concernant l’amélioration de la vie des burkinabè et l’évolution de notre pays ». Pour ce qui est des questions abordées, le chef de l’opposition a déclaré qu’elles « sont nombreuses et se résumaient à quelques préoccupations que nous souhaitions porter à la connaissance du chef de l’Etat ». S’en suit alors une énumération : « la première problématique, ce sont  les nombreux problèmes sociaux qui assaillent les burkinabè depuis les questions d’éducation, de santé, d’emploi aux services sociaux de base, les questions de pouvoir d’achat… Il y a une misère sociale que tout le monde constate. Nous savons bien que le chef de l’Etat en est conscient, mais il était important pour nous d’attirer son attention et qu’il instruise son gouvernement pour qu’il prenne à cœur ces questions. Collée à cette question, il y a la situation de l’ensemble de l’économie. Par exemple, la question de la dette intérieure qui ne permet pas à l’économie de respirer. Nous sommes attentifs de voir ce que le nouveau référentiel de développement en cours d’élaboration  va apporter de plus et de mieux par rapport à la SCADD et si nous sommes sollicités, nous verrons comment apporter notre contribution intellectuelle à l’amélioration de ce document. De nombreux secteurs de notre pays sont en panne et l’on souhaite voir une action vigoureuse de relance, qui permettrait la bonne marche de l’économie. La troisième thématique est relative à l’insécurité galopante. Qu’il s’agisse de la circulation à l’intérieur du pays ou des attaques djihadistes, la crainte des burkinabè est grande en la matière et les attentes très fortes. Accessoirement, nous avons aussi abordé la question des Koglwéogo. C’est à l’Etat, dans sa souveraineté, de faire en sorte que l’ensemble des facteurs qui ont donné lieu à ce phénomène soient éradiqués. Et il doit restaurer l’autorité de l’Etat. La quatrième thématique est relative à la question des violences électorales. Nous les déplorons et nous avons tenu à interpeller le chef de l’Etat pour que tous les auteurs soient identifiés, poursuivis, arrêtés et sanctionnés conformément à la loi, et que l’on prenne des dispositions pour que les éléments de configurations politiques qui ont pu entraîner ces violences soient résolus fermement. La cinquième question a trait à la commission constitutionnelle. Et nous souhaitons que nos préoccupations puissent être  prises en compte. Le sixième  thème est relatif à la justice, l’incivisme et la réconciliation nationale. La septième thématique est le financement des partis politiques. Nous avons déploré le fait que la subvention due aux partis politiques a été débloquée trois à quatre jours avant la campagne. Ce qui n’est pas de nature à permettre aux partis politiques de jouer pleinement leur rôle. Nous avons aussi évoqué le rôle et la place de l’opposition politique. Il y a des améliorations que nous pouvons apporter pour la place que l’on qualifiera d’institutionnelle de cette opposition dans la vie publique. Nous avons terminé en déplorant les différentes entraves dont ont été victimes certains leaders des partis déclarés de l’opposition. Le chef de l’Etat a tenu à nous présenter ses excuses pour ce qu’il appelle des malentendus et des erreurs et a pris l’engagement devant nous que ces genres d’entraves ne se reproduiront plus jamais. Ce qui nous ravi au plus haut point. Il n’est pas normal, dans un Etat de droit, un Etat qui n’est pas voyou, un Etat républicain normal, qu’une décision de cette nature soit prise sans fondement juridique ».

Après la délégation de l’opposition, c’était au tour de la délégation du  Balai citoyen d’être reçue par le chef de l’Etat. A sa sortie d’audience, Me Guy Hervé Kam nous a renseigné sur l’objet de leur visite : « Le 26 mai, le Balai citoyen a été honoré avec d’autres organisations de la société civile  africaine notamment « Y’en a marre et Lucha »  du prix « ambassadeur de conscience » de Amnesty international. Lorsque nous avons reçu ce prix, nous nous sommes dit qu’à travers nous, c’est toute la jeunesse burkinabè et généralement le peuple burkinabè qui a été honoré. Et c’est pour cela nous sommes venus présenter ce prix au chef de l’Etat.  Ce prix représente pour nous deux choses ; la première, il reconnaît un travail fait dans le sens du renforcement de la démocratie au Burkina et en Afrique. La deuxième chose, c’est une interpellation de la jeunesse burkinabè et africaine à continuer à prendre en charge l’avenir de nos pays.  Et remettre ce prix à la jeunesse, c’est inciter la jeunesse à aller de l’avant dans le don de soi pour l’Afrique. Le chef de l’Etat s’est montré reconnaissant que nous soyons venus lui présenter ce prix et de façon générale, que nous ayons pensé que le mérite revient à l’ensemble du peuple burkinabè et il nous a incité à persévérer et à continuer toujours à mériter la confiance tant sur le plan national qu’international ».  Le porte-parole du Balai citoyen dit avoir aussi abordé, au cours de l’audience, des points relatifs aux  organisations de la société civile.

 

Françoise DEMBELE

 

 


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