INTERPELLATION D’OPERATEURS ECONOMIQUES LOCAUX : Le CPPU s’indigne contre l’attitude du régime Kaboré
Le Collectif pour un peuple uni (CPPU), une organisation de la société civile, a tenu, le vendredi 21 avril dernier à Ouagadougou, une conférence de presse. Celle ci fait suite à l’interpellation, 48heures plus tôt, des opérateurs économiques locaux Inoussa Kanazoé et ses collaborateurs, notamment le DG de CIMFASO, le DG de CIMETAL GROUP. A l’occasion, les responsables du collectif n’ont pas été du tout tendre avec les autorités actuelles auxquelles ils reprochent la forme d’interpellation de ces opérateurs économiques qui laisse croire qu’elles tiennent à démontrer à quiconque veut l’entendre que le pays et ses habitants leur appartiennent et qu’elles en font ce qu’elles veulent.
L’interpellation des opérateurs économiques Inoussa Kanazoé, PDG de CIMFASO, et ses plus proches collaborateurs, n’est pas du goût du CPPU. Son coordonnateur, Abdallah Bafa Ben Azize Ouattara, a tenu à donner de la voix, en interpellant les autorités afin que celles-ci se ressaisissent, car cette façon de gérer les problèmes n’est pas la mieux indiquée, selon lui. Le CPPU a dit avoir du mal à comprendre l’attitude des autorités qui, à travers le discours du chef du gouvernement le 14 avril dernier sur la situation de la Nation, discours orienté vers la recherche des investisseurs locaux et internationaux, puissent être en déphasage avec les réalités du terrain et se conduire de la sorte. « Aujourd’hui, sous nos tropiques, nous assistons à une traque d’opérateurs économiques nationaux, pourtant piliers de notre économie car employant des milliers d’hommes et de femmes burkinabè et appuyant le développement local », a-t-il indiqué. Le cas le plus récent et le plus illustratif, selon M. Ouattara, est l’interpellation de l’opérateur économique Inoussa Kanazoé et ses collaborateurs, le DG de CIMFASO, le DG de CIMETAL GROUP. Selon M. Ouattara, ces opérateurs économiques ont reçu la visite de la gendarmerie dans leurs locaux. « Une descende musclée digne d’un film hollywoodien, suivie d’arrestation à la Jack Bauer. Ils ont ensuite été conduits manu militari à la gendarmerie de Paspanga où ils sont écroués présentement pour des motifs qui, jusque-là, demeurent un mystère pour les populations », a-t-il martelé. Le coordonnateur du CPPUa tenu à préciser que Inoussa Kaboré n’a pas été arrêté à l’aéroport de Ouagadougou ni vers une des nombreuses frontières qui nous séparent des Etats voisins, en train d’y trouver refuge comme l’ont fait croire certains. L’opérateur économique connu de tous a été pris dans son bureau en compagnie de ses collaborateurs, foi de M. Ouattara. A la question de savoir si la gendarmerie avait auparavant adressé des convocations aux responsables de CIMFASO et de CIMETAL et les motifs de leur interpellation, le coordonnateur du CPPU a affirmé devant la presse qu’aucune convocation n’avait été adressée à ces chefs d’entreprises. La preuve, dès que le CPPU a appris ces arrestations musclées de ces chefs d’entreprises, en tant qu’organisation de la société civile responsable et républicaine soucieuse du devenir et du mieux-être du Burkina Faso, il s’est rendu à la gendarmerie de Paspanga où Inoussa Kanazoé et ses collaborateurs ont été conduits, pour, dit-il, savoir les raisons de ces arrestations. Abdallah Bafa Ben Aziz a indiqué que des heures et des heures durant le collectif a fait le pied de grue à la gendarmerie sans avoir des informations sur le motif de ces arrestations alors que sous d’autres cieux, pour ce genre de situation, l’opinion nationale et internationale seraient déjà informées sur les mobiles des arrestations. Il a déploré que sous nos tropiques, ce soit un mystère et boule de gomme pour ceux qui veulent être informés. Par ailleurs, M. Ouattara a tenu à préciser que contrairement à une certaine opinion qui, jusque-là, pense que son organisation est manipulée par des hommes politiques de l’opposition, des opérateurs économiques tapis dans l’ombre qui tirent les ficelles afin que le CPPU se mette en avant-plan pour dénoncer “les frasques” de l’actuel régime, il n’en est rien de tout cela. La preuve, a-t-il dit, le CPPU n’est ni du côté du pouvoir ni de celui de l’opposition car, dit-il, le CPPU a souvent dénoncé les dérives de l’opposition lorsque celle-ci allait contre l’intérêt du peuple burkinabè. Le CPPU a même décrié “la faillite” de cette classe politique et a invité le peuple à lui forcer la main à une retraite anticipée. Les responsables du CPPU n’ont pas voulu entrer dans le fond de cette interpellation, mais se sont plutôt attaqués à la forme de l’interpellation qui, selon eux, laisse croire que les autorités actuelles tiennent à démontrer à quiconque veut l’entendre que le pays et ses habitants leur appartiennent et qu’elles en font ce qu’elles veulent. Toujours selon M. Ouattara, quel que soit ce qui leur est reproché, le fond reste politique. A son avis, le procédé choisi est bien de ternir leur image. Certes, nul n’est au dessus de la loi mais toute personne est présumée innocente. Par conséquent, il y a des procédés, des règles et même le respect du droit de la personne à arrêter. Le coordonnateur du CPPU a dénoncé cette attitude et s’est demandé comment comprendre que ces autorités veuillent une chose et son contraire. « On ne peut pas vouloir le Ying et le Yang à la fois car à ce rythme, ils feront fuir les restants d’opérateurs économiques qui, malgré les difficultés rencontrées, ont préféré rester, investir et apporter leur touche au développement pour un Burkina Faso meilleur », a-t-il indiqué. Pour finir, le CPPU a invité les autorités à se ressaisir car cette gouvernance, cette façon de gérer les problèmes n’est pas la mieux indiquée. Et à ce rythme, ces gouvernants actuels, estiment-il, ne seront plus que les ennemis du développement de ce pays et pourraient être haïs par un peuple las d’attendre le changement tant promis.
Ben Issa TRAORE