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INVALIDATION DE LA CANDIDATURE DE BEMBA


 Que peut encore la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples ?

Le camp de Jean-Pierre Bemba ne décolère pas. En effet, depuis la fatwa des ‘’Sages’’, le lundi 3 septembre dernier, invalidant définitivement la candidature de l’ancien vice-président à la présidentielle du 23 décembre prochain, son parti, le Mouvement de libération du Congo (MLC) et lui-même sont vent debout contre cette exclusion, tout en dénonçant une Justice aux ordres. Et dans la foulée, les partisans de Jean-Pierre Bemba ont annoncé, le mardi dernier, « un agenda d’actions citoyennes » à travers la création d’un comité de crise commun à l’opposition, l’introduction d’un nouveau recours au niveau des juridictions congolaises après le verdict de la Cour pénale internationale (CPI), le 17 septembre prochain, dans le dossier de subornation de témoins. Ce dossier a, du reste, servi d’argument aux juges constitutionnels pour mettre hors course l’ancien pensionnaire du quartier résidentiel de Scheveningen. La saisine de la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples (CAfDHP)  est également bien inscrite au programme du célèbre opposant. Tout ceci dans le but de remettre en selle le leader du MLC perçu comme  le candidat favori pour succéder à son frère ennemi Joseph Kabila. C’est dire donc que c’est une course contre la montre avant la proclamation de la liste définitive des candidats, le 19 septembre conformément au calendrier électoral publié par la CENI.

Cela dit, la stratégie définie par le camp Bemba « n’exclut pas de boycotter l’élection et promet de mener une évaluation globale du processus électoral en cours avant de décider d’y prendre part ou non ». Toutefois, elle apparaît comme un couteau à double tranchant. Avant tout, l’on peut convenir qu’il sera difficile pour le « champion du MLC », de pouvoir saisir une quelconque instance judiciaire et avoir gain de cause entre le verdict de la CPI, le 17 septembre et la publication de la liste définitive des candidats le 19 septembre.

Les carottes sont cuites pour l’enfant terrible de l’Equateur

Du reste, lui-même sait bien que la galaxie Kabila est à la manœuvre pour l’empêcher d’aller à la conquête du fauteuil présidentiel. Pour ce qui est de la saisine de la Cour africaine des droits de l’Homme, sans jeter l’anathème sur cette institution panafricaine, il faut reconnaître que ses décisions ne sont bonnes que pour le moral, d’autant qu’elles sont rarement exécutées par nos dirigeants qui sont prompts à brandir l’antienne  de la souveraineté des Etats pour ne pas s’y plier. Alors, l’on est en droit de se demander ce que l’on peut encore attendre de la CAfDHP dans cette affaire d’invalidation de la candidature de Jean Pierre Bemba. Sans trop verser dans le pessimisme, l’on peut dire que les carottes sont cuites pour l’enfant terrible de l’Equateur qui doit éviter le pas de clerc en ne mettant pas à exécution sa menace de boycott du scrutin. Toute chose qui ferait l’affaire du régime en place dont c’est d’ailleurs le souhait de voir les poids lourds de l’opposition se mettre eux-mêmes hors course à travers l’option du boycott qui ouvrirait un boulevard au dauphin de Joseph Kabila.

En tout état de cause, Bemba devrait commencer à envisager sérieusement et clairement l’alternative de son inscription dans la dynamique d’une union sacrée de l’opposition autour de la candidature de Félix Tshisékédi dont le père, feu Etienne, aura été un des symboles de la lutte contre le troisième mandat de Kabila. Il est fort à parier que si Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi s’alignent clairement derrière la candidature de Tshisékédi et s’ils arrivent à trier sur le volet des représentants dignes, au-dessus de toute  corruption électorale dans les bureaux de vote, ils réussiront, malgré les machines à tricher,  à déjouer le plan machiavélique de Kabila et à le chasser du pouvoir.

Drissa TRAORE 


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