HomeA la uneKAIS SAIED EN LIBYE

KAIS SAIED EN LIBYE


Le président tunisien, Kais Saied, était le  17 mars 2021 en Libye. Première du genre du maître de  Tunis depuis son accession au pouvoir, cette visite officielle intervient deux jours seulement après la prestation de serment du nouveau gouvernement d’unité nationale libyen dans le but de relancer les échanges entre les deux pays. A préciser que ces relations d’échanges ont pris du plomb dans l’aile ces dix dernières années, depuis la chute et la disparition du Guide de la Jamahiriya libyenne, qui ont plongé le pays dans le chaos, écartelé qu’il est entre des groupes armés parfois parrainés de l’extérieur et aux intérêts divergents. C’est donc un président tunisien qui est venu saluer l’avènement de ce nouveau gouvernement porteur d’espoirs, d’autant qu’il est censé mettre un terme au bicéphalisme qui plombait les espoirs de sortie de crise, pour amorcer le retour du pays à l’ordre constitutionnel normal, avec deux entités antagonistes dont l’une est basée à l’Est et l’autre dans la capitale Tripoli.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette visite du voisin tunisien en Libye, est une visite de raison. Car, ce qui se passe en Libye intéresse au plus haut point ses voisins, particulièrement la Tunisie qui, depuis le temps de Khadafi, est un partenaire privilégié en termes de services et d’échanges commerciaux, notamment de produits agroalimentaires et de construction.

 

 

Le timing est loin d’être un effet du hasard

 

 

Sans oublier l’impact que la situation délétère en Libye a eu sur la Tunisie dont des pans entiers de l’économie, notamment le tourisme, ont été négativement affectés. Au moment où la Libye amorce une nouvelle ère censée apporter plus de stabilité, quoi de plus normal que la Tunisie qui fonde des espoirs sur les travaux de reconstruction du pays au sortir de la guerre, prenne les devants à travers cette visite officielle d’un Kais Saied visiblement décidé à réchauffer ses relations diplomatiques et commerciales avec son grand voisin ! Dès lors, on comprend pourquoi la question de la réouverture de l’ambassade de Tunisie à Tripoli était au menu des échanges, tout comme les questions sécuritaires qui ont porté sur le sort des jihadistes tunisiens encore sur le sol libyen.  En tout cas, pour un pays comme la Tunisie qui n’a jamais ouvertement pris partie dans le conflit fratricide libyen, tout porte à croire que le timing est loin d’être un effet du hasard puisque cette visite intervient au moment où le pays de Khadafi est à un tournant important de son histoire, avec l’avènement de ce nouvel Exécutif qui a pour mission principale de conduire le pays à des élections pluralistes  d’ici à la fin de cette année 2021. Un pari qui est loin d’être gagné d’avance ; tant le chemin pour y parvenir est encore parsemé d’embûches. En effet, les défis de la pacification du pays qui passe, entre autres, par le désarmement des milices et autres groupes armés, et la création des conditions de tenue d’élections pluralistes et inclusives censées remettre le pays sur les rails de la démocratie, semblent autant de travaux d’Hercule qui ne se présentent pas comme une partie de plaisir pour le nouveau Premier ministre et son équipe.

 

 

Une Libye stable serait profitable à tout le monde

 

 

C’est dire si ces derniers ont besoin de soutiens dans la conduite de leur délicate mission. Et cette visite officielle du président tunisien qui sonne comme un acte de reconnaissance, ne pouvait pas mieux tomber pour Abdelhamid Dbeibah qui ne décolère pas contre l’ONU qui a mis en doute la régularité de sa désignation à la tête du nouvel Exécutif. L’institution internationale qui a parrainé le dialogue inter-libyen y ayant conduit, dénonce dans son rapport un processus entaché de faits de corruption.   C’est dire si au-delà de la coopération et du réchauffement des relations bilatérales, cette visite peut contribuer à remonter le moral aux nouvelles autorités libyennes. Reste maintenant à souhaiter que Tripoli bénéficie d’autres soutiens extérieurs  et pas des moindres, pour se donner des chances de mener à bien le processus de sortie de crise devant aboutir à la paix et la stabilité du pays que tout le monde appelle de ses vœux. Car, une Libye stable serait profitable à tout le monde. A commencer par la Libye elle-même qui a déjà payé un lourd tribut à la guerre, en termes d’instabilité politique sur fond de crises sécuritaire et économique auxquelles est venue se greffer la pandémie de Covid-19 avec les conséquences que l’on sait. Ensuite, les pays du Sahel durement éprouvés depuis bientôt une décennie par l’hydre terroriste qui tire ses racines de la déstabilisation du pays de Mouammar Khadafi dans les conditions que l’on sait. Enfin, les pays occidentaux qui souffrent du phénomène de la migration clandestine exacerbée par la situation chaotique en Libye devenue depuis lors une véritable passoire vers « l’eldorado » européen.  

 

 « Le Pays »

 


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