HomeA la uneLANCEMENT DE L’UE NAVFOR CONTRE L’IMMIGRATION CLANDESTINE : La solution militaire seule ne suffit pas

LANCEMENT DE L’UE NAVFOR CONTRE L’IMMIGRATION CLANDESTINE : La solution militaire seule ne suffit pas


Le plan opérationnel de l’opération navale de l’Union européenne (UE) contre l’immigration clandestine en Méditerranée, a été adopté. Comme prévu lors du sommet de l’UE qui avait eu lieu suite au naufrage de plus de six cent candidats à l’immigration clandestine en Méditerranée, cette mission qui va se déployer progressivement, sera bientôt en route. Elle devra débuter par une surveillance des côtes et une collecte de données sur les réseaux de passeurs et un partage accru de ces données. Cela, en attendant un éventuel feu vert du Conseil de sécurité des Nations unies qui lui permettrait de s’attaquer aux bateaux utilisés par les auteurs de trafic humain en mer.

Il faudra d’autres mesures pour venir à bout du phénomène de l’immigration clandestine

Cette question de l’immigration clandestine, est, faut-il le dire, un thème d’une universalité indiscutable. Tous les continents y font face, à des degrés divers. Mais l’Occident y est surtout confronté, particulièrement l’Europe. Il n’y a qu’à voir les vagues de migrants qui déferlent en Méditerranée, pour s’en convaincre. La question divise l’Europe de la manière la plus transversale. En effet, elle divise à l’intérieur d’un même pays, mais elle divise aussi les pays entre eux. D’un côté, il est difficile de rester impassible face à ces drames récurrents. De l’autre, la tentation de l’UE de maîtriser le flot de migrants est tout à fait compréhensible également. Entre les impératifs de solidarité humaine et le besoin non moins légitime des pays européens de contrôler les vagues de migrants qui arrivent sur leur sol, le phénomène charrie des réactions variées et plus ou moins houleuses. Mais toute solution doit tenir compte de la dignité humaine.
L’UE dit s’inscrire dans cette logique, en se lançant dans la traque aux auteurs de cet ignoble trafic humain et en se dotant de moyens pour sauver les occupants des embarcations à la dérive. Le début de concrétisation de cette décision, prise il y a à peine un mois, souligne l’esprit de suite de l’UE sur cette question. Certes, la solution militaire seule ne suffit pas. En effet, il faudra d’autres mesures pour venir à bout du phénomène de l’immigration clandestine ou du moins, pour le réduire à sa plus simple expression. Les jeunes des pays sous-développés ou en guerre, surtout des pays africains, n’ont pas peur de prendre des risques énormes pour aller de l’autre côté de l’océan. Ni le désert qu’il faut très souvent traverser, pour ceux venant de l’Afrique subsaharienne, ni l’océan qu’il faut affronter en fin de parcours, ne suffisent à les dissuader ; les causes du départ de ces hommes et de ces femmes de leurs terres d’origine, étant nombreuses et douloureuses. Cette solution n’est donc pas suffisante, mais l’Europe a au moins le mérite de tenter quelque chose.
En effet, cet activisme de l’Europe sur la question de l’immigration clandestine contraste bien avec le laxisme de l’Afrique. Tout se passe quasiment comme si l’Afrique était étrangère à ce phénomène. Elle se comporte en spectatrice des efforts déployés par l’UE et des drames successifs qui se jouent dans le désert et en Méditerranée. Certes, ce phénomène de l’immigration clandestine met, dans une certaine mesure, l’Occident et en particulier l’Europe, face à ses responsabilités en Afrique. Il est notoire, en effet, que les politiques de développement et d’aide au développement souvent imposées aux pays africains d’une manière ou d’une autre par ces Européens, ne sont que des moyens de les vassaliser davantage. Pour ne prendre que cet exemple, les politiques en matière d’enseignement supérieur, font de nos universités de véritables fabriques de chômeurs, donc de candidats potentiels à l’immigration clandestine.

Les dirigeants européens sont moins à blâmer que leurs homologues africains

Un autre élément et non des moindres qui illustre la responsabilité des Européens est le soutien tacite ou explicite à la mauvaise gouvernance sur le continent. En effet, des pays européens se sont illustrés dans le soutien à des dictateurs africains, en témoigne l’histoire contemporaine du continent africain. On en veut pour exemple les soutiens de pays européens apportés à des présidents comme Omar Bongo du Gabon, Jean Bedel Bokassa de la Centrafrique qui sont loin d’incarner l’image du démocrate modèle. Ce soutien a pour raison, bien entendu, la volonté de préserver les intérêts du pays européen en question. De nos jours encore, la défense de ces intérêts égoïstes n’est pas rangée au placard. Il n’y a qu’à voir le cas de la crise burundaise où face aux massacres de populations par l’appareil répressif de Pierre Nkurunziza, la Belgique se retrouve presque seule à s’opposer à cette forfaiture du régime burundais. Nul doute que si les autres pays de l’UE avaient la même fermeté vis-à-vis du satrape de Bujumbura, la donne aurait été tout autre aujourd’hui, en termes d’avancées démocratiques dans ce pays.
C’est dire combien l’Europe contribue à créer les conditions de la misère en Afrique et de la fuite subséquente de la jeunesse. Toutefois, les dirigeants européens sont moins à blâmer que leurs homologues africains. En effet, les autorités politiques africaines sont au premier plan, responsables des malheurs du continent. Ils sont plus actifs dans la quête de leur bonheur égoïste que dans celui de leur peuple. Mise à part la Libye qui demande à être associée aux opérations entreprises par l’Europe, les Etats africains ne manifestent que très peu d’intérêt par rapport à ce phénomène. Pourtant, c’est un fléau majeur qui prive le continent de bien de ses bras valides et endeuille de nombreuses familles. Tout ce qui préoccupe les dirigeants africains, c’est leur fauteuil avant tout. Et c’est parce que les chefs d’Etat africains ont un attachement si maladif au pouvoir que les Européens arrivent à exploiter les pays africains comme bon leur semble et à imposer ce qu’ils veulent aux Africains comme politiques. La relation Europe/Afrique ne profite pas tant aux peuples du continent noir qu’à l’Europe elle-même et aux dictateurs africains. Les dirigeants Africains doivent enfin se réveiller, combattre les démons de la mal gouvernance, et faire face à leurs propres responsabilités, de façon digne.

« Le Pays »


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