HomeA la uneLANCEMENT DU PARTI DE SIMONE GBAGBO : Après le divorce conjugal, le divorce politique

LANCEMENT DU PARTI DE SIMONE GBAGBO : Après le divorce conjugal, le divorce politique


Le parti de Simone Gbagbo, le MGC (Mouvement Génération capable), a été porté sur les fonts baptismaux au sein du siège de l’organisation situé à Cocody Riviera Golf. La création officielle de ce parti, peut-on dire, consacre la rupture politique de Simone Gbagbo avec son ex-époux. Ainsi donc, après le divorce conjugal intervenu peu après le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, voici venu le divorce politique. Et l’on peut se risquer à dire que ce double divorce est une véritable épreuve pour bien des « frontistes » historiques ; tant le couple symbolisait à lui seul les valeurs portées par le FPI (Front populaire ivoirien) depuis sa création en 1982. Pour certains militants, la déchirure sera davantage plus grande. C’est le cas, par exemple, de Charles Blé Goudé, leader du COJEP (Congrès pour la justice et l’égalité des peuples). En effet, l’ex- général de la rue, puisqu’on l’appelait ainsi pendant les moments de braise de la crise ivoirienne, était si proche du couple qu’il considérait Simone comme sa mère et Laurent comme son père. De ce point de vue, l’on peut donc dire à Charles Blé Goudé ainsi qu’à tous ceux qui se reconnaissaient dans le couple Gbagbo au point de le déifier, yaako* !

 

L’ambition annoncée est très belle pour la Côte d’Ivoire

 

Cela dit, par la création de son parti, Simone Gbagbo vient de passer à une autre étape de sa vie de militante pour ne pas dire de sa vie tout court. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela est un grand évènement pour la Côte d’Ivoire. Et c’est tant mieux pour la démocratie dans ce pays. En effet, Simone Gbagbo connaît la politique de son pays et celle-ci la connaît. En outre, elle a le don de la parole et des formules qui galvanisent. Elle a aussi malheureusement, et cela, il faut avoir le courage de le reconnaître, le don des tirades qui blessent et qui divisent. Saura-t-elle, avec la création de son parti, se muer en une femme politique dont le discours ne sera pas en porte-à-faux avec la nécessité de la réconciliation nationale portée aujourd’hui par presque tous les acteurs politiques majeurs de la Côte d’Ivoire ? Cette question est d’autant plus fondée qu’il existe encore en Côte-d’Ivoire des gens qui ne veulent toujours pas voir l’enfant de Kong, c’est-à-dire Alassane Ouattara, même en peinture, et qui, de ce fait, pourraient jeter leur dévolu sur Simone Gbagbo afin qu’elle porte leur haine et leur ressenti à l’endroit de l’actuel locataire du palais de Cocody. Il n’est pas non plus exclu que Simone Gbagbo ait créé son parti pour se venger, entre autres, de son ex-époux pour toutes les  humiliations et frustrations que ce dernier  lui a fait subir après qu’il a été acquitté par le tribunal de la Haye. En effet, l’on se souvient d’abord du retour triomphal de Laurent Gbagbo à Abidjan, au cours duquel Simone avait été traitée comme une pestiférée. A  contrario,  c’est l’autre, et tout le monde aura compris de qui il s’agit, qui avait été mise en lumière, aux côtés de Laurent Gbagbo. Puis est intervenu le divorce, précisons-le, à la demande de l’enfant terrible de Mama. Comme si cela ne suffisait pas, Laurent Gbagbo a poussé, peut-on dire, l’outrecuidance à son paroxysme en créant un nouveau parti  sans en informer Simone. Connaissant la forte personnalité de cette dernière, pour ne pas dire  son ego surdimensionné, l’on pouvait s’attendre à ce qu’elle répliquât à cette avalanche d’humiliations. Et l’on peut dire que c’est ce qu’elle a fait en fondant son parti.  L’ambition annoncée est très belle pour la Côte d’Ivoire. Il reste à se poser la question de savoir si Simone  Gbagbo ou tout autre personnalité qui sera désignée au soir du 20 août prochain pour piloter ce nouveau parti, sera capable  d’incarner cette nouvelle espérance de la Côte d’Ivoire.

 

Pousdem PICKOU 

 

*yaako : terme baoulé pour traduire sa compassion à une personne en peine


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