HomeA la uneLE HCRUN DANS LES CASCADES : « Nous avons l’impression d’être oubliés par l’Etat », dixit les Forces vives

LE HCRUN DANS LES CASCADES : « Nous avons l’impression d’être oubliés par l’Etat », dixit les Forces vives


 Dans le cadre de ses activités de sensibilisation et d’information, le Haut Conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) s’est entretenu avec les Forces vives de la région des Cascades le 27 juin 2018. L’occasion a été mise à profit par les habitants de cette partie du Burkina pour s’assurer que leurs dossiers soumis à la structure que préside Léandre Bassolé, sont en bonne voie et surtout de traduire à la mission le sentiment qu’a la région d’être oubliée de l’Etat dans la mise en œuvre de ses projets et activités de développement.

 

Créé le 6 novembre 2015 et officiellement mis en place le 22 mars 2016, le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) s’est dévoilé aux Forces vives de la région des Cascades le 27 juin 2018 à la faveur d’une rencontre de sensibilisation et d’information qu’il a organisée. Cette rencontre a permis aux Cascadais de savoir que la mission principale de la structure est de contribuer à la création de conditions favorables à la réconciliation, à l’unité et la cohésion nationales. « Comme le disait le président du Faso, Son Excellence Roch Marc Christian Kaboré, le HCRUN est appelé à traiter un passé douloureux pour en faire un présent fraternel au Burkina », a rappelé le gouverneur des Cascades, Josephine Apiou Kouara, lors de la cérémonie d’ouverture de la rencontre, pour situer toute son importance. Pour elle, cette réconciliation ne saurait s’opérer sans la compréhension et l’implication totale de toutes les parties prenantes que constituent les autorités administratives, coutumières et religieuses ainsi que les Forces vives. Aussi a-t-elle invité les uns et les autres à des échanges francs et fructueux qui pourront couronner les efforts de quête de réconciliation et d’unité nationales. S’adressant aux Forces vives de la région, le président du HCRUN a laissé entendre que la réconciliation est un besoin viscéral tout comme la vérité et la justice. « Elle est ce besoin de reconstruire la confiance ébranlée, de restaurer la paix agitée, le tout dans une approche globale qui implique le retour à la dignité autant des victimes que des auteurs de transgressions ». Avant de recueillir les préoccupations et autres contributions de la population, Léandre Bassolé a tenu à dire que la réconciliation est un acte qui doit être volontaire et éminemment intentionnel car il implique tous les acteurs que sont les autorités politiques et administratives, les Forces de défense et de sécurité, les anciens détenteurs de la force publique, les OSC ainsi que les représentants des victimes. Et de préciser que parmi les autorités appelées à y jouer un rôle, les coutumiers, les religieux, les gouverneurs, préfets et maires de commune tiennent une place de choix de par leur proximité avec la population, leur perception des causes des heurts et discordes et aussi de par leur capacité à intégrer les us et coutumes en usage dans nos villes et villages. Pour lui, ce beau monde constitue les ambassadeurs dévoués de cette cause nationale. D’une manière globale, les Cascadais qui ont participé aux échanges ont montré qu’ils sont tous pour la réconciliation. Toutefois, ont-ils précisé, il faut faire la lumière sur les crimes économiques et de sang. Monseigneur Lucas Kalifa Sanon, pour sa part, a souhaité savoir comment le HCRUN compte établir la vérité et quels sont les liens que le HCRUN a avec la Justice pour s’assurer que courant son mandat, tous les dossiers qui lui sont soumis seront traités. Pour d’autres intervenants, la région des Cascades dans son entièreté a besoin d’être réhabilitée. « Nous avons l’impression d’être oubliés par l’Etat. Il pleut ici certes, mais nous avons soif faute d’investissements en matière de maîtrise d’eau. De plus, c’est la seule région qui ne dispose pas d’école de formation professionnelle au nom de l’Etat et nous constatons un manque de volonté politique pour relancer la Minoterie du Faso dont la moitié des déflatés est aujourd’hui décédée. Tout cela crée de la frustration », s’est exprimé un participant. Un autre intervenant a attiré l’attention du HCRUN sur les velléités d’installation de groupes d’auto-défense dans la région. Selon lui, le HCRUN doit jouer un rôle d’anticipation à ce niveau car, le risque d’un affrontement entre les Koglwéogo et les chasseurs traditionnels, les dozos, n’est pas à écarter. La dissolution de l’institution, son bilan à nos jours, l’évolution des dossiers des déflatés du CRPA et de la RAN sont également des préoccupations qui ont été soumises à Léandre Bassolé qui a rassuré les intéressés que leurs dossiers sont en cours d’examen. Celui de la RAN serait déjà au niveau de la Justice », a-t-il indiqué tout en demandant de la patience car il faut du temps pour bien traiter ce genre de question. En attendant, la présidente de la commission d’étude et d’orientation a invité les intéressés à faire parvenir au HCRUN les informations complémentaires dont ils disposent et qui pourraient  aider à faire avancer leur travail. Quant à la préoccupation portant sur le niveau de développement de la région des Cascades, le président du HCRUN a indiqué que les problèmes de santé, d’éducation, de logement sont transversaux en ce sens qu’ils se retrouvent dans toutes les régions du pays. « Je ne pense pas que ce soit une question d’oubli parce que la volonté exprimée à travers le projet de réconciliation nationale est de faire en sorte que ces besoins soient la chose les mieux partagée entre la Burkinabé », a indiqué le président du HCRUN.

Mamoudou TRAORE

 

La majorité présidentielle, l’opposition et des OSC sont associées à cette tournée de sensibilisation du HCRUN. Martine Yabré, SG de la Coalition femme, paix et sécurité au Burkina Faso exprime ici sa satisfaction.

« Nous avons manifesté le besoin et le HCRUN a bien voulu associer notre structure dans ses missions d’échanges avec les populations. Cela s’inscrit dans leur vision d’impliquer les minorités et bien d’autres couches sociales dans la recherche de mécanismes efficaces pour que nous puissions être réconciliés. Notre coalition prône l’implication des femmes dans les mécanismes traditionnels de règlement des conflits et pour nous, le rôle de la femme est assez essentiel dans la mesure où elle est le socle de la famille. On ne peut pas être réconcilié si les familles elles-mêmes ne sont pas en paix avec elles-mêmes. C’est dans cet objectif que nous avons souhaité et que le HCRUN a accepté de nous impliquer dans cette mission noble et juste pour le Burkina. »


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