HomeA la uneLE PROCUREUR GENERAL DE LA CPI EN LIBYE : Karim Khan marche sur des oeufs  

LE PROCUREUR GENERAL DE LA CPI EN LIBYE : Karim Khan marche sur des oeufs  


Depuis le 5 novembre dernier, le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, séjourne en Libye. Cette visite s’inscrit dans le cadre des enquêtes sur les crimes commis en Libye.  Dès lors, on comprend pourquoi le parquetier a entamé sa tournée par une visite dans la ville de Tarhouna où ont été découverts des charniers renfermant plus de 300 corps,  l’été dernier. Karim Khan y a rencontré les familles des victimes mais il a aussi eu des séances de travail avec des responsables politiques, notamment le ministre de la Justice et le procureur général militaire. Et ce n’est pas tout. Le procureur général  de la CPI s’est rendu à Benghazi où il a rencontré le maréchal Khalifa Haftar. Que se sont-ils dit ? Mystère et boule de gomme puisque rien n’a filtré de cet entretien. Toutefois, il faut, avant tout propos, saluer le courage pour ne pas dire la témérité de Karim Khan qui a pris le risque de se rendre dans un pays comme la Libye où crépitent au quotidien les armes. La situation est si volatile et délétère que les combats peuvent y reprendre d’un moment à l’autre entre les deux camps rivaux qui se disputent le pouvoir. C’est d’ailleurs pourquoi et conscient qu’il marche sur des œufs, que Karim Khan a rencontré, tour à tour, les responsables des deux gouvernements qui se regardent en chiens de faïence.

 

D’aucuns parlent de séjour politique

 

Dans ces conditions, l’on peut se demander comment la CPI entend conduire ses enquêtes surtout dans un pays en lambeaux, où il n’ y a pas d’autorité légitimement reconnue. La tâche ne sera pas aisée et s’annonce même quasi impossible dans la mesure où ceux-là mêmes qui revendiquent le pouvoir sont de véritables prédateurs des droits humains ; tant leurs hommes, sous leur responsabilité directe ou indirecte, tuent et massacrent à tour de bras. En tout cas, à moins que le déplacement du procureur n’ait pour objectif de dissuader les uns et les autres dans leur folie meurtrière, on ne voit pas comment, dans le contexte actuel de la Libye, il peut obtenir l’extradition d’un seul présumé criminel recherché par la CPI. Surtout pas Seïf-Islam Kadhafi dont on dit qu’il a été déjà jugé, condamné et amnistié en Libye. S’il est vrai qu’un prévenu ne peut pas être jugé deux fois pour les mêmes faits, on peut donc affirmer que le fils de Kadhafi est désormais hors de cause. C’est d’ailleurs cette éventualité que redoutent les parents des victimes qui rappellent opportunément qu’avant d’être procureur général, Karim Kahn était l’avocat de Seïf-Islam Kadhafi. Si fait que d’aucuns parlent de séjour politique.

 

B.O


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