Léonce Koné, président du Directoire du CDP : « Il n’y a aucune raison pour que nous nous sentions orphelins »

Après plus de deux mois d’absence sur la scène politique nationale, le Bureau exécutif national (BEN) du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), ancien parti au pouvoir, a tenu sa première session ordinaire post-insurrectionnelle, le 31 janvier 2015 au Stade du 4 -Août à Ouagadougou. Au cours de celle-ci, une commission ad ’hoc du parti, dénommée « Directoire pour la gestion quotidienne du CDP», a été mise en place pour accompagner les activités du parti. C’était en présence de plusieurs bonzes du parti.

Les ténors du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) sortent de l’ombre. En effet, après plus de deux mois de silence après l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre derniers, les membres du Bureau exécutif national (BEN) de l’ancien parti au pouvoir ont refait surface dans la salle de conférences du Stade du 4-Août à Ouagadougou, le 31 janvier dernier. C’était à l’occasion de la 23^e session ordinaire du parti, qui a servi de cadre à l’installation du Directoire pour la gestion quotidienne des activités du parti. La cérémonie d’ouverture des travaux a été présidée par Assimi Kouanda, Secrétaire exécutif national du parti. Dans la salle de conférences qui était pleine à craquer, l’occasion a été belle pour les militants du CDP de réaffirmer leur engagement vis-à-vis de leur mentor, Blaise Compaoré. A en croire le président du directoire, Léonce Koné, l’ancien parti majoritaire, le CDP, ne se sent pas orphelin de son père fondateur, Blaise Compaoré. « Nous sommes un grand parti. Il n’y a aucune raison pour que nous nous sentions orphelins. Un parti comme le CDP n’est pas le parti d’un seul homme. Nous restons fidèles et loyaux au président Blaise Compaoré, mais la vie du CDP continue et nous avons des défis importants à relever », a-t-il dit. Et d’ajouter : « le contexte politique du pays a changé. Nous devons montrer que nous avons la capacité, nous aussi, de nous y adapter, en apportant les changements qui sont nécessaires dans notre organisation, dans notre fonctionnement, dans notre méthode de travail ». Parlant des différends qui existent au sein du parti, notamment le groupe de jeunes, qui exige le départ du Secrétaire exécutif national du parti, Assimi Kouanda, le président du directoire, Léonce Koné, a rétorqué qu’il n’y a aucune division au sein du CDP. Pour lui, c’est la presse qui a mal interprété les propos de ces jeunes, car, de ce qui est ressorti de leur rencontre, les « contestataires » n’ont jamais demandé le départ d’Assimi Kouanda de la tête du Secrétariat exécutif national. A son avis, ceux qui quittent le parti ne constituent pas « une saignée significative », mais permettent « d’assainir les rangs du parti ».

« Je souhaite que nous nous départissions de nos égo »

Comme pour sonner déjà la mobilisation au sein du parti pour les élections présidentielle et législatives couplées du 11 octobre prochain, Léonce Koné, président du directoire pour la gestion quotidienne  des activités du CDP, a appelé les militants, dont la plupart avaient marqué leur absence sur la scène médiatique, à plus d’union. « Nous devons nous unir pour affronter les adversités. Nous devons gagner ces élections pour confirmer aux yeux de notre pays et du monde que nous sommes la première force politique de ce pays (…). Nous devons les gagner parce qu’elles marqueront le retour de notre pays à une gouvernance démocratique et républicaine  », a-t-il clamé. Selon les explications de M. Koné, pour le moment, le CDP n’a pas de candidat pour la présidentielle prochaine. « Quand le moment viendra, nous allons investir le candidat que le parti aura choisi pour se présenter à l’élection présidentielle de 2015 », a-t-il conclu. Traduisant la compassion et l’encouragement du CDP aux militants, le Secrétaire exécutif national dudit parti, Assimi Kouanda, les a invités, au cours de son allocution d’ouverture des travaux de la session, à tourner la page insurrectionnelle. «La session du BEN se tient dans un contexte difficile et doublé d’un environnement marqué par des expressions d’hostilités ouvertes ou voilées des adversaires du parti et de ses alliés politiques. Dans cette période difficile de la vie de notre parti, beaucoup d’entre nous ont été diabolisés. Je vous invite à tourner la page, car le temps permettra un meilleur éclairage », a-t-il lancé aux militants, avant de les appeler à plus de loyauté, de fidélité et d’engagement au parti de l’ex-président du Faso, Blaise Compaoré, à qui il a rendu un hommage. « Je salue le patriotisme, la foi militante du fondateur du parti, le grand bâtisseur, Blaise Compaoré. Sa leçon d’humilité et d’amour pour sa patrie restera une référence. Je vous exhorte a toujours faire preuve de modestie, d’esprit de sagesse. Je souhaite que nous nous départissions de nos égo et de nos calculs personnels afin d’œuvrer, ensemble, au renforcement de l’union et de la cohésion au sein du parti », a-t-il soutenu.  Selon M. Kouanda, le directoire est composé d’une centaine de membres. « Il ne remplace pas le Bureau exécutif national (BEN), mais aura pour mission d’accompagner les actions du Secrétariat exécutif national du parti pour les échéances électorales à venir », a-t-il précisé. En rappel, la 23^e session a connu la présence de plusieurs membres du BEN dont beaucoup avaient quitté le pays et d’autres s’étaient réfugiés dans leurs villages (NDLR : lire Confidences du week-end).

Mamouda TANKOANO