HomeA la uneLETTRE OUVERTE AU PREMIER MINISTRE SUR LA SITUATION A GUENON : « Nos maisons ont encore été brûlées et nos mamans humiliées »

LETTRE OUVERTE AU PREMIER MINISTRE SUR LA SITUATION A GUENON : « Nos maisons ont encore été brûlées et nos mamans humiliées »


 

Dans la présente lettre ouverte adressée au Premier ministre, Isaac Y. Zida, la famille Liliou prend l’opinion à témoin sur les récents événements survenus à Guénon. En effet, de nombreuses concessions ont été encore brûlées dans ce village où la chasse à l’homme est devenue un sport favori. En tout cas, la famille Liliou souhaite une implication totale des autorités pour que soit résolue durablement cette crise qui n’en finit pas. Lisez plutôt !

Excellence Monsieur Le Premier Ministre,

C’est une famille profondément meurtrie, portant lourdement le fardeau de la grande douleur de tant d’exactions subies qui aujourd’hui vous adresse cette lettre ouverte. La plaie est profonde et le flot de la douleur intarissable. Le sanglot de nos cœurs fait écho aux murmures de nos lèvres : « quand pourrons-nous vivre enfin en paix dans notre propre village? », « à quand la résolution définitive de ce conflit combien inacceptable ? », « et comment comprendre la démission et le laxisme de l’administration locale ? Est-ce à dire que l’Etat est impuissant au point que les populations doivent assurer leur propre défense ? Sinon, comment comprendre qu’on puisse devenir un réfugié dans son propre pays ? »

Excellence, Les exactions perpétrées par le clan du « chef » Akongba contre les membres de la famille Liliou et alliés à Guénon depuis mars 2012 et qui se poursuivent encore aujourd’hui relèvent d’une époque moyenâgeuse et doivent immédiatement prendre fin. Une telle situation est intolérable et inacceptable dans un Etat de droit. Dans ce village comme dans tous les autres au Burkina Faso doivent aussi s’appliquer les motifs de la révolution des 30 et 31 octobre 2014 et la résistance du peuple burkinabè face à la forfaiture des 16 et 17 septembre 2015. Nous avons combattu l’injustice, la manipulation politique à des fins partisanes, le mépris de la justice. Comment peut-on comprendre que des groupes d’individus dans le village de Guénon se permettent de ramer à contre-courant de la marche irréversible de notre peuple? Guénon n’étant pas hors des frontières du Burkina, cette arrogance de ces individus hors-la-loi doit immédiatement cesser. Notre « plus rien ne sera comme avant ! » est-il devenu un vain mot ? Le conflit qui se vit à Guénon est devenu une situation nationale et doit être traitée comme telle.

Un bref rappel de l’essentiel des évènements passés vous fera voir l’ampleur et la gravité de la situation et surtout que vous devez agir avec vigueur et diligence pour restaurer l’autorité de l’Etat dans ce village.

2 mars 2012, Guénon au cœur d’un conflit de chefferie:

«C’est une véritable marée humaine qui a déferlé sur les concessions des Liliou. C’était comme dans une opération de ratissage. C’était une véritable battue. En toute sincérité, la gendarmerie n’y pouvait rien », se souvient le commandant de compagnie de la gendarmerie de Pô, le lieutenant Sibiri Samuel Zongo.

La suite, on la connaît. Bilan de cette expédition punitive fourni par les forces de sécurité, l’infirmier-major du CSPS de Tiébéle, Karim Ouédraogo, et le haut-commissaire du Nahouri, Léoua Olo Hien : dix morts dont deux dans les rangs des Akongba et huit parmi les Liliou. Mais chez ces derniers, le décompte macabre s’établirait à douze macchabées dont onze en leur sein contre une dans le camp adverse. A tout cela s’ajoutent les quelque neuf cents déplacés dont les domiciles ont été saccagés et incendiés, le bétail massacré et les greniers brûlés.

Six jours après le drame, le feu continue de lécher des magasins situés au marché. Chez les Liliou, épicentre des affrontements, un décor apocalyptique : habitations calcinées, portes défoncées, tôles froissées, murs éventrés, et objets personnels éparpillés. Des volutes de fumée s’échappent de certaines maisons, du moins de ce qui en reste. Du sang séché se craquelle sur le sol. Ici, une carcasse de cheval abattu à la hache enfle au soleil. Là, des dépouilles de cochons aux groins aplatis gisent sur des tas d’immondices. Plus loin, un tricycle pour handicapé couvert de suie, la roue avant en 8. Que devient le propriétaire ? Brûlé vif. Koukinté Liliou il s’appelait. Le corps a complètement explosé sous l’effet de la chaleur. « Le militaire qui a dégagé le cadavre a été plus tard admis à l’hôpital du fait de l’odeur délétère. Des cochons dévoraient de la chair humaine », se souvient le haut-commissaire[1].

Ces faits sont inimaginables, vous en conviendrez avec nous, Excellence. Mais tout cela s’est déroulé ici au Burkina Faso, à 49 km de Pô, dans le village de Guénon, département de Tiébelé. C’est plus de huit (8) vieillards de la famille Liliou et alliés qui ont été froidement massacrés à la machette. Suite à cette « tuerie», des interpellations ont été faites et une procédure judiciaire est en cours. Dans cette situation, nous dénonçons le laxisme de certaines autorités locales dans la gestion du conflit et nous pointons du doigt certains hommes politiques qui utilisent et ravivent le conflit pour des fins électoralistes.

Nous avons enterré nos parents morts dans des conditions épouvantables, mais nos cœurs baignent toujours dans une douleur sans nulle autre pareille au regard des exactions dont nous sommes toujours victimes.

Dernier développement de l’histoire :

Ce samedi 10 octobre 2015, certains membres de la famille Liliou ont décidé de rentrer au village, lassés de vivre en « réfugiés », loin de leur terre. A ce sujet, une lettre d’information a été envoyée aux autorités locales. Le lendemain 11 octobre 2015, le clan du « chef » Akongba et alliés sont venus les encercler. Ceux qui pouvaient courir ont pris la clé des champs. Ils ont enlevé les femmes qui ne pouvaient pas courir, les amenées de force chez leur chef (Akongba) et leur infliger des sévices d’un autre âge. Un de nos frères, rentré avec les autres nous a envoyé un message pour dire qu’il est entre la vie et la mort… Nos maisons ont été encore brûlées, nos mamans humiliées et près d’une dizaine de personnes admises aux soins au CMA du 30 pour traumatismes, fractures et autres blessures.

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Une telle situation est inacceptable et intolérable dans le pays des hommes intègres. Une solution doit être trouvée dans les plus brefs délais pour protéger la vie de ceux qui sont menacés, ramener l’ordre et permettre une coexistence pacifique entre les protagonistes.

Nous lançons donc un appel pressant à toutes les autorités de la transition, aux structures de défense des droits de l’Homme et au peuple burkinabè tout entier : ces exactions doivent cesser dans le village de Guénon. Plus jamais ça à Guénon et nulle part ailleurs au Burkina Faso! Nous ne vivons pas dans une jungle, mais bien sur la terre sacrée de Yennega.

La chefferie coutumière étant au cœur de ce conflit sanglant, nous demandons qu’elle soit suspendue le plus tôt possible jusqu’à nouvel ordre. Que justice soit rendue dans cette affaire et dans les précédentes et que les coupables et complices répondent de leurs actes. Nous demandons aussi l’installation permanente de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) dans le village pour servir de force de tampon et prévenir tout affrontement à l’avenir.

Nous en appelons donc au sens de responsabilité de l’ensemble du gouvernement de transition. Minimiser cette crise, c’est donner libre cours à l’impunité et aux conflits inter-communautaires qui déjà ont ravagé tant de villages dans notre pays.

Dans l’espoir que notre cri de cœur sera entendu, nous vous renouvelons, Excellence Monsieur le Premier Ministre, la disponibilité de la famille Liliou et alliés à œuvrer de toutes ses forces pour que soit trouvée une solution durable et pacifique à ce conflit qui n’a que trop duré.

Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Premier Ministre, l’expression de notre considération distinguée.

Fait à Ouagadougou, le 13 octobre 2015

                                                                                                               La Famille Liliou

[1] Cf Observateur Paalga du 15 mars 2012


Comments
  • Ôtez moi d’un doute: les tueurs de Guenon sont-ils moins barbares que ceux du RSP? Ou ont-ils simplement la chance de défendre les intérêts d’un cheffaillon et non de Blaise Compaore? SVP expliquez-moi la différence fondamentale.

    17 octobre 2015
    • La famille Liliou cree un conflit en s’auto intronisant chef de guenon et leurs fils qui sont des cadres et proches de lex pouvoir dictatorial de François Compaore et son frere Blaise provoquent le massacre de leurs parents puisque comptant sur leurs fortune et leurs statuts d’hommes branches comme on aime le dire pour les personnes qui ont les forces de l’ordre;la justice… sous la main dont les proches n’ont meme pas ete inquiètes par la justice après avoir egorges le jeune Tangouam et

      31 octobre 2015
  • Quand on est un homme politique dynamique et qui a de la suite dans les idées comme Simon Compaoré, on ne peut avoir seulement que des amis. Les gens sont libres d’aimer ou de ne pas aimer Simon Compaoré, mais tel un lièvre, ils sont obligés de reconnaître qu’il court, qu’il travaille bien. Regardez comment la circulation est redevenue dangereuse à Ouagadougou par l’encombrement des voies bitumées par des vendeurs d’objets France-au revoir et autres avec des risques d’accidents. Face à cette anarchie dans la ville, des citoyens se demandent s’il y a un maire à Ouagadougou. Beaucoup de citoyens sincères regrettent aujourd’hui le départ de Simon de la Mairie, un homme qui savait prendre des initiatives pour mettre de l’ordre dans la ville dans le but de la sécurité publique.

    17 octobre 2015
  • Bonjour à tous!
    il est nécessaire que vous comprenez que la famille LILIOU ment énormément. Le problème de GUENON a commencé le 2 mars 2012 par l’assassinat RITUEL d’un jeune commerçant (Tigassé LOUGOUDIE) très populaire appartenant à la grande famille LONGOBIE (c’est cette famille qui porte le bonnet rouge à tout chef intronisé à GUENON).ce jeune ne fait pas partie de la famille AKONGBA.Il a été assassiné devant 2 gendarmes (2 autres gendarmes ,ceux qui les transportaient étaient en couverture à 50 m à coté d leurs motos) qui étaient présents sous le même manguier ou une bagarre s’était déclenchée entre lui et un colosse appelé ADA n’appartenant pas à la famille Liliou. c’est après avoir terrassé contre toute attente ce colosse hors norme (pres de 2m et plus de 100kg) que 2 jeunes LILIOU sont venus par derrière les gendarmes qu’ils ont bousculé pour fendillé la tête du jeune commerçant en 2.(Voir photo).Ce jour 2 mars il y avait 4 autres gendarmes(le CB, le CBA étaient parmi eux) qui étaient en entretien avec le chef AKONGBA à son domicile situé à plus de 1000 m des lieux de la bagarre.au total 8 gendarmes donc présents dans le village. Alertés par ceux qui ont assisté au meurtre, toute l’équipe de gendarmes au lieu de procéder à l’arrestation des 2 meurtriers immédiatement et sur le champ, ont décidé tout simplement de replier sur TIEBELE sans rien faire ni entreprendre une quelconque sécurisation des lieux…….Selon vous si vous êtes à la place de ces jeunes nombreux qui ont assisté au meurtre et au refus des gendarmes de faire leur travail dans le contexte de l’époque ou la contestation de l’autorité avait pignon sur rue qu’allez- vous faire? Ceci n’est pas pour excuser et justifier l’agissement de qui que ce soit. Mais si l’autorité militaire refuse d’assurer la sécurité dans une zone ou un meurtre a eu lieu …….je vous confirme que les gendarmes n’ont jamais été menacés ni insultés par qui que ce soit tout simplement parce qu’ ils avaient de bons rapports avec la plupart des jeunes du village.
    Cependant je vous signale que courant 2011 ce sont les memes gendarmes qui ont pratiquement accompagné,securisé et assisté (c’etaient les seules autorités de la province) à l’intronisation du fameux 2e chef de GUENON issu de la la famille Liliou.Il faut noter qu’un des responsable de la brigade de tiebele etait l’amant d’une demoiselle bien connue de la famille Liliou et residant à Ouaga.cela les villageois le savaient.Les gendarmes de l’epoque ne repondaient jamais aux sollicitations de Guenon que quand c’est la famille Liliou qui est en cause .cela est aussi une realité de l’epoque (2012).Les jeunes de la famille liliou le proclamaient d’ailleurs à qui qui mieux que la Brigade de tiébélé est à leur service.D’ailleurs 3 jours avant le drame de GUENON un imminent membre de la famille LILIOU a parrainer l’inspection technique de la brigade de Tiébélé.(de l’argent a du couler,vous en couvenez d’autant plus que l’intérréssé est genereux et est riche).D’apres les rumeurs de l’epoque 2012 des gendarmes auraient bénéficié de motos et d’autres pratiquement des emoluments mensuels de ce parrain.Tout cela les villageois le savaient et s’en plaiganent..
    ..Je vous laisse maintenant à vos propres conclusions et analyses relatives à l’ampleur d ce drame.Guenon fait 18 villages administratifs et 20 000 habitants.Une seule famille (La famille Liliou) s’oppose à l’autorité du chef Akongba. Guenon a connu 14 chefs intronisés dont un seul vient de la famille Liliou.Le dernier chef intronisé a Guenon en 1975 s’appelle AKONGBA Koudaryé suite à des elections organisées par l’administration térritoriale.Voila Monsieur la verité simple.Quant au regain de tension recent cela est consécutif à l’assassinat RITUEL le 7 juillet 2015 d’un autre commerçant tres populaire et riche et appartenant aussi à la grande famille LONGOBIE.ce n’est pas un membre de la famille AKONGBA.Tangouam DOUA etait precedemment detenu suite aux evenements de 2012 et liberé pour raison de santé.IL A EN FAIT ETE EGORGE COMME UN MOUTON ET SON SANG RECEULLI ET POUR DES SACRIFICES ET LE RESTE DEVERSE DANS UNE PORCHERIE.Tout l’ecrit de la famille Liliou n’est que pure affabulation. Merci

    20 octobre 2015

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