LETTRE OUVERTE DE EMILE PARE A ABLASSE OUEDRAOGO : « Pourquoi voulez-vous mettre le duo Michel-Isaac en difficulté ? »

Ceci est une lettre ouverte de Pargui Emile Paré adressée à Ablassé Ouédraogo, président du parti « Le Faso Autrement », qui, dans une récente sortie médiatique, avait demandé aux autorités de la transition de suspendre « les opposants de la 25e heure », sans les nommer, parce que, dit-il, « ce sont les caïmans d’une même mare ». Pour Emile Paré, cette sortie n’est pas politiquement correcte et ne vise rien d’autre qu’à induire la transition en erreur. Lisez !

Cette lettre ouverte n°3 fait suite aux lettres ouvertes n°1 et n°2 adressées respectivement à monsieur Blaise Compaoré, Président du Faso, et à monsieur Soungalo Ouattara et ses députés, à la veille de l’insurrection populaire des 27-28-29-30-31 octobre et de la Révolution d’octobre 2014.
J’ai opté pour la méthode de « lettre ouverte numérotée » pour m’inscrire dans une dynamique de processus engagé, pour atteindre l’objectif final – le but de cette lutte démocratique et révolutionnaire de notre peuple, à savoir l’avènement d’un Burkina Faso démocratique avec des institutions démocratiques fortes, au service du peuple insurgé des 27-28-29-30-31 octobre 2014.
La méthode lettre numérotée vise à s’adresser à tout citoyen, à toute organisation de la société civile, à tout parti politique de notre pays, qui exprimerait, qui agirait, poserait des actes qui sont de nature à entraver la marche radieuse de ce peuple (qui a tant souffert, trop, trop subi les frasques du pouvoir ancien, du régime Compaoré).
Je précise aussi que j’interviens dans mes lettres, en tant que citoyen intellectuel politique et non au nom de mon parti, le MPP, ni au nom de la Ligue des Electeurs et Electrices du Burkina (LEEB) , association de la société civile créée dans le feu de la lutte insurrectionnelle des 27-28-29-30-31 octobre 2014 dont je suis un des fondateurs.

1- M. Ablassé Ouédraogo, j’ai lu avec indignation politique votre cri du cœur pour demander au Ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, d’étendre la mesure de suspension des activités du CDP, de l’ADF/RDA, de la FEDAP/BC au Front Républicain et au parti MPP créé il y a à peine un an (25 janvier 2014).

2- Pire, vous dites qu’« une des mesures salutaires serait de frapper d’interdiction de candidature aux élections de la fin de la transition, tous les barons et ténors politiques qui ont travaillé d’arrache-pied à tisser la natte du pouvoir de M. Blaise Compaoré et de ses ouailles, qu’ils soient membres du CDP, de l’ADF/RDA et de la FEDAP/BC aujourd’hui suspendus, des partis de l’ex- majorité, du Front Républicain en y incluant bien sûr et sans complaisance les opposants de la 25e heure, malgré les hauts faits de guerre dont ils se réclament à la fin du pouvoir de M. Blaise Compaoré ».

3 – Justificatif de votre requête : « Notre pays n’a certes pas besoin de tomber dans les travers d’une chasse aux sorcières ; cependant, la prochaine étape devrait être de prendre les mesures idoines et requises pour assainir l’espace politique, afin de répondre aux aspirations du peuple qui s’est dressé pour réclamer et exiger une classe politique responsable, intègre …»

4 -Autre justificatif : « Ils sont les caïmans d’une même mare », « ils devront tous subir le même sort ». Autre justificatif : « Chasser le naturel, il revient au galop ».
Autres justificatifs : « Ils ont mis en place le système du « touguili » du CDP ; « ils ont pillé les fonds de l’Etat, ils ont fêté leurs milliards, ils ont défendu bec et ongles que, ne pas modifier l’article 37 était anti-démocratique. Ils ont initié et adopté la loi d’amnistie pour les anciens chefs d’Etat, ils ont soutenu la mise en place du Sénat. »

5- M. Ablassé, quand je vous ai lu, j’ai eu des maux de tête, des vertiges, des nausées. Votre maladie politique m’a rendu politiquement malade.
« Transition : Ablassé et les opposants de la 25e heure ; c’est un véritable pavé dans la mare que le leader du parti « Le Faso autrement » jette à travers l’écrit qui suit », a titré le journal l’Observateur Paalga du 26 au 28 décembre 2014.
M. le président de Faso Autrement, parti d’opposition, membre du CFOP, membre du comité de rédaction de la Charte de transition :
1-Votre écrit est un attentat à l’esprit et à la lettre de la charte de transition consensuelle ;
2-Votre écrit vise-t-il à saboter la transition démocratique?
Pourquoi voulez-vous mettre le « duo Michel-Isaac » en difficulté ? Pourquoi voulez-vous induire le ministre Barry en erreur, en faute, voire en trahison envers le peuple et la Charte de transition ? Un citoyen avisé de la chose politique que je connais bien idéologiquement et politiquement formé, à l’Académie George Namoano au temps de la période révolutionnaire ?

3- Votre écrit est une atteinte grave et gravissime à la Charte, tout comme l’atteinte à la Constitution par l’ex- président Blaise Compaoré.

6- M. Ablassé, dites-nous qui n’a pas travaillé avec, ou soutenu, ou approuvé, un tant soit peu Blaise Compaoré au pouvoir depuis son coup d’Etat du 4 août 1983 ?
. A commencer par vous ; je vous revois, à l’Assemblée Nationale, en train de disserter sur le programme de Blaise Compaoré démocrate, développeur, avec votre théorie bien aimée de la « diplomatie de développement ou de la diplomatie économique contre la diplomatie idéologique et politique » , théorie qui nous a amenés à rompre nos relations diplomatiques avec la Grande Chine socialiste, qui a un droit de veto à l’ONU, pour la Chine Taïwan pour son argent frais (terme cher à M. Alain Yoda, cet autre ministre CDP, ministre du Commerce à l’époque des privatisations sauvages que vous avez cautionnés dans la solidarité gouvernementale) ;
. Du CNR à la IVe République, en passant par le Front populaire devenu ODP/MT, CDP puis FEDAP/BC, et la majorité présidentielle, indiquez-nous un homme politique ou un groupe politique qui n’a pas travaillé « 5 mn » avec Blaise ?
. Des commandos de Pô de 1983, au Régiment de sécurité présidentielle (RSP) d’aujourd’hui, citez-nous qui est noir, qui est blanc comme neige avec Blaise Compaoré ! Voulez-vous que le Président Michel Kafando, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida, le Ministre Auguste Denise Barry se fassent harakiri?

7- M. Ablassé, si vous étiez sur le campus universitaire, les « ANEBistes », les « UGEVistes », et les « PCRVistes » vous auraient caractérisé de « nouveau courant opportuniste et liquidateur (NCOL) » de la Révolution d’octobre, ou de la transition démocratique. Ils vous auraient taxé de « petit bourgeois dangereux, arriviste, verbeux et politiquement creux dans la tête et le ventre».

8 – M. Ablassé, qui a présenté Roch, Salif, Simon et leurs camarades démissionnaires du CDP au public, lors du meeting du 18 janvier 2014 à la place de la Nation, comme des héros pour avoir eu le courage de rompre avec le régime Compaoré, et pour avoir rejoint immédiatement l’opposition et le CFOP ?

9- M. Ablassé, la 25e heure dans l’opposition commence quand ?
Est-ce aux législatives de 2012 où votre parti Le Faso Autrement a participé pour la première fois à des élections ? Ou quand ?
La 1re heure dans l’opposition a commencé quand ?
Est-ce en 1991, année de l’adoption de la Constitution ? Ou en 1997-98, année du crime de Norbert Zongo ? Ou en 2006 année où le Cadre de Concertation des Partis de l’Opposition (CPO), préfiguration du CFOP, dirigé à l’époque par moi-même, Maître Sankara et feu Issa Tiendrébéogo et animé par d’autres chefs de parti de l’époque comme Djézouma Sanou, Ali Lankoandé, Ram Ouédraogo , a engagé la lutte contre la modification de l’article 37 ?

10- M. Ablassé, à suivre votre raisonnement et vos vœux,
1- il ne reste qu’à suspendre tous les partis politiques, y compris le vôtre pour participation secrète ou publique au système et régime de Blaise Compaoré, puisqu’il faut « assainir » l’espace politique par l’avènement d’une « classe politique responsable, intègre », non compromise ;

2- l’ancienne classe politique devra donc, dans votre analyse, laisser place à une nouvelle classe politique « vierge, propre, blanche comme neige ». Est-ce cela l’objectif de la Charte de la transition que vous avez contribué à rédiger ?

3- la fraction du peuple qui a voté Blaise Compaoré aux élections présidentielles de 1992-1998-2005-2010 doit être frappée d’interdiction électorale (candidature et vote).
Et pourtant, commentant les événements politiques de l’année au journal télévisé de 20 heures du 30 décembre 2014, vous avez appelé à prendre en compte tous les fils et filles du Burkina dans la transition, pour un meilleur succès de celle-ci et pour faire de celle-ci un exemple original de réussite d’une transition démocratique en Afrique et dans le monde.

11 – Alors Monsieur Ablassé, ne botte pas inutilement en dessous de la ceinture, car « les testicules et les ovaires des hommes et femmes du MPP sont de marbre ».
Laissons le peuple et ses organes de transition travailler dans la paix, la tranquillité et dans l’unité, et nous saurons qui est démocrate, qui est populaire, qui est patriote, qui est saint et qui le peuple choisira pour sa destinée en novembre 2015.
– Merci pour votre contribution à la lutte démocratique qui a vu l’insurrection victorieuse et l’avènement de la Révolution d’octobre.
Continuons ensemble la poursuite des transformations démocratiques et révolutionnaires exigées par le peuple insurgé et sa transition.
Que le ou les meilleurs de nous, peuples insurgés, gagnent en 2015.
Pour la vérité politique et historique, j’affirme haut et fort :
*que la démission des barrons du CDP et l’avènement du MPP ont accéléré la crise sociopolitique dans notre pays et a permis la victoire de la lutte contre la modification de l’article 37 et la victoire de la Révolution d’octobre 2014.
* Que le MPP a été la force motrice nationale de l’insurrection victorieuse des 27-28-29-30 -31 octobre 2014.
*Que le MPP est en marche, ensemble, avec les autres forces démocratiques sincères, pour la victoire à la présidentielle de 2015 pour « écrire avec le peuple, une nouvelle page de l’histoire de notre pays », pour bâtir une démocratie populaire, pluraliste au Burkina Faso.

Trop de modestie tue la vérité

La vérité rougit les yeux mais ne tue pas.

Docteur Pargui Emile PARE
Un des insurgés des 27-28-29-30 octobre 2014

Militant MPP

Légende :

Pargui Emile Paré