LEVEE DES SANCTIONS CONTRE LE MALI
La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a mis fin, le 6 octobre dernier, au calvaire des Maliens en levant les sanctions qu’elle lui avait imposées au lendemain du coup d’Etat qui a renversé le régime de Ibrahim Boubacar Kéita, le 18 août 2020. Cette décision qui est intervenue au lendemain de la formation du gouvernement de la Transition, est justifiée par l’organisation communautaire ouest africaine, par les avancées enregistrées vers la normalisation de l’ordre constitutionnel. Et l’on pourrait dire que ce n’est pas trop tôt ; ce d’autant que l’étau mortifère se resserrait de plus en plus autour des Maliens. L’économie malienne était au bord de l’asphyxie et la CEDEAO courait visiblement le risque de s’aliéner la sympathie du peuple malien si ses sanctions devaient encore rester plus longtemps en vigueur. Dans la mesure où ses grandes exigences qui portaient, entre autres, sur les nominations d’un président civil, d’un Premier ministre civil et la réduction des super pouvoirs du vice-président, ont été satisfaites, l’on ne voyait plus de raisons valables pour que l’organisation communautaire maintenît ses sanctions. C’est dire si la CEDEAO aura fait preuve de cohérence en levant ses sanctions après avoir constaté les avancées enregistrées. Cela dit, l’on ne saurait blâmer cette organisation sous régionale d’être restée droite dans ses bottes jusqu’à ce que la composition du nouveau gouvernement fût rendue publique. Face à des hommes dont la spécialité est le camouflage, la CEDEAO se devait d’être vigilante et exigeante afin d’éviter toute confiscation du pouvoir dont le risque était visiblement bien grand. En tout cas, n’eût été cette intransigeance de l’organisation communautaire, les hommes en treillis se seraient probablement faits le plaisir de présider aux destinées du Mali, au grand dam de la démocratie.
Tout le mal que l’on pourrait souhaiter à ce peuple, c’est que le président Bah N’Daw conduise le bateau à bon port
Maintenant que l’organisation communautaire a fait sa part de boulot, il appartient aux autorités de la Transition d’œuvrer à prouver à cette organisation qu’elle n’a pas eu tort de lever ses sanctions. Car, on le sait, toutes les exigences n’ont pas été entièrement satisfaites par le Mali. C’est d’autant plus vrai que des prisonniers sont toujours détenus à Kati en dehors de tout cadre légal et à défaut de les libérer, la Transition doit hâter le pas en les présentant rapidement à un juge comme l’exige la CEDEAO. Cela dit, cette levée de sanctions est à saluer à juste titre car, elle permettra aux Maliens de renouer avec la vie normale, mais surtout de relancer l’économie mise à rude épreuve depuis que le M5-RFP est descendu dans la rue pour exiger le départ de IBK. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette levée des sanctions est un véritablement ouf de soulagement aussi bien pour les autorités de la Transition que pour l’ensemble des Maliens dont certains commençaient à s’interroger sur les motivations réelles de la CEDEAO à maintenir ses sanctions contre leur pays en proie au terrorisme. Tout porte à croire que les voies sont désormais dégagées pour l’avènement d’un Mali nouveau auquel aspire tant le peuple malien. Et tout le mal que l’on pourrait souhaiter à ce peuple, c’est que le président Bah N’Daw conduise le bateau à bon port. C’est un gros défi ce d’autant que les sanctions de la CEDEAO n’étaient, en réalité, que la face visible d’une chaîne de montagnes de difficultés. Ce n’est un secret pour personne que le Mali est un condensé de problèmes économiques, politiques, sécuritaires, etc. C’est dire si la levée des sanctions, à elle seule, ne saurait suffire à remettre le Mali sur les rails. C’est pourquoi la CEDEAO qui a pesé de tout son poids pour que les militaires remettent le pouvoir aux civils, doit continuer à assister les Maliens dans cette période cruciale de leur histoire.
Dabadi ZOUMBARA