HomeA la uneLIBERATION MASSIVE D’OTAGES PAR L’ARMEE NIGERIANE :  Exploit réel ou coup de com ?

LIBERATION MASSIVE D’OTAGES PAR L’ARMEE NIGERIANE :  Exploit réel ou coup de com ?


Le dimanche 26 juin dernier, l’armée nigériane annonçait la libération massive d’otages, près de 5 000, des griffes de la secte islamiste Boko Haram qui sévit depuis plusieurs années dans le Nord-Est du Nigeria. Ces libérations seraient intervenues à la suite d’une opération d’envergure menée conjointement par l’armée, la police et des civils volontaires dans plusieurs villages autour de Mafa, à quelques encablures de Maïduguri. Elle aurait aussi permis de saisir des véhicules, des armes et des munitions des mains des insurgés dont une dizaine aurait péri dans l’opération. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’armée nigériane semble enfin se réveiller, dans la traque d’Abubakar Shekau et sa horde d’illuminés qui ne cessent de semer la mort et la désolation dans le pays, étendant leurs tentacules jusque dans des pays limitrophes. Au moment où on l’attendait le plus sur le terrain, cette armée nigériane n’en finissait pas de subir les revers et autres humiliations face à la secte qui faisait la pluie et le beau temps dans le septentrion nigérian, avec des visées expansionnistes dans les pays de la sous-région. Mais depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts : Boko Haram a perdu du terrain et de sa superbe. Mieux, son chef Abubakar Shekau qui fanfaronnait jadis et défiait avec raillerie les chefs d’Etat de la sous-région, est devenu subitement aphone et atone.  Certaines sources le disent gravement malade et même finissant. Et comme pour ne rien arranger, d’autres informations, provenant des services de renseignements américains, font état d’une scission au sein de son groupe. Toutes choses qui, si elles s’avéraient, devraient permettre, à défaut d’anéantir la secte, de réduire sa capacité de nuisance à sa plus simple expression. Toutefois, il y a lieu de prendre ces informations de l’armée nigériane avec des pincettes. Surtout en ce qui concerne la secte islamiste Boko Haram.  Car, de par le passé et principalement sous le règne de Goodluck Jonathan, des annonces de prétendues victoires de la Grande muette sur les insurgés,  avaient déjà été faites, alors qu’il n’en était rien.

Si les bidasses du Nigeria se sont chatouillés pour rire, ils se seront moqués d’eux-mêmes

Toutefois, le sérieux  qu’affiche le gouvernement de Muhammadu Buhari, laisse moins dubitatif. On peut accorder à ce dernier un peu plus de crédit qu’à son prédécesseur. Mais, cela ne saurait suffire à lever tous les doutes. D’autant plus que tout porte à croire qu’il n’y a pas eu de couverture médiatique sur l’opération, et que ces affirmations proviennent exclusivement du porte-parole de l’armée nigériane. En effet, comment comprendre que ceux qui fuyaient devant l’ennemi, il y a de cela seulement quelques mois, abandonnant armes et bagages pour sauver leur peau, soient devenus subitement des Zorro qui ne reculent devant rien  pour porter des coups mortels aux insurgés islamistes ? D’où leur vient ce regain subit de courage et de témérité ? Le seul changement de gouvernance à la tête de l’Exécutif suffit-il à expliquer cela ? Quoi qu’il en soit, si les faits s’avéraient, on pourrait alors dire que l’armée nigériane est sortie de sa léthargie pour contribuer à la traque des islamistes ; elle qui semblait jusque-là le talon d’Achille de la coalition régionale qui a décidé d’en découdre  avec le chacal dans le bassin du lac Tchad. C’est pourquoi l’on ne peut non plus s’empêcher de se demander si l’annonce de cette libération massive d’otages est un exploit réel ou seulement une opération de communication destinée à redorer le blason d’une armée qui avait fini par dépiter plus d’un à cause de son incapacité à lutter contre l’hydre terroriste, au moment où certaines armées comme celle du Tchad, du Cameroun et même du Niger, faisaient preuve de plus d’engagement sur le terrain. En tout état de cause, si les bidasses du Nigeria se sont chatouillés pour rire, ils se seront moqués d’eux-mêmes et non de personne d’autre.

Outélé KEITA


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