LUC COMPAORE, 2e SECRETAIRE NATIONAL DE LA JEUNESSE MPP
C’est l’un des jeunes du Mouvement du peuple pour le progrès, qui, comme beaucoup d’autres, essaie de tisser sa toile dans le milieu politique. Régulièrement « tâclé » par les activistes, l’homme est accusé de bénéficier des bonnes grâces de Simon Compaoré dont on dit qu’il est parenté. De même, il fait l’objet d’une plainte en justice déposée par Hervé Ouattara qui le soupçonne d’avoir organisé des jeunes pour s’attaquer à son domicile pour « extraire » un certain… Kémi Séba. Luc Arnaud Compaoré, puisque c’est de lui qu’ il s’agit, occupe actuellement le poste de chargé de missions au ministère de la Femme, de la solidarité nationale, de la famille et de l’action humanitaire. Sur le plan politique, il est le deuxième secrétaire national de la jeunesse MPP en charge des élèves et étudiants et membre du Bureau exécutif national.
« Le Pays » : D’aucuns disent qu’un poste de chargé de missions, sert uniquement à récompenser des amis. Qu’en dites-vous ?
Luc Arnaud Compaoré : Ce poste est une marque de confiance que je m’évertue à mériter chaque jour que Dieu fait dans l’accomplissement de mes tâches. Je pense que le dynamisme et la rigueur avec lesquels je conduis mes actions, ont peut-être pesé en ma faveur. Moi, mon objectif, c’est de travailler à ne pas détruire la confiance qu’on m’a accordée en me nommant à ce poste.
Vos détracteurs disent que c’est votre lien de parenté avec Simon Compaoré, qui a donné droit à votre nomination au ministère de la Femme. Qu’en dites-vous ?
Vous savez sans doute qu’au fur et à mesure que le temps passe, au vu de l’engagement et du dynamisme sur le terrain, les uns et les autres se démarquent. Notre parti a été créé pour conquérir le pouvoir. Il va de soi que les mérites de ceux qui se sont battus sur le terrain, soient reconnus ; pas besoin de lien de parenté. Seul le travail paye.
Que répondez-vous à ceux qui disent que vous vous prenez trop la tête ?
On ne peut pas plaire à tout le monde. Ce n’est pas parce que j’arrive à me frayer un chemin dans la politique que je me prends forcément la tête. Je suis un jeune qui travaille de façon à mériter ce que l’on me donne comme récompense et cela déplaît sûrement à ceux-là qui trouvent que je me prends la tête. Or, c’est loin d’être le cas.
Comment êtes-vous arrivé en politique ?
Mon entrée en politique s’est faite avec l’avènement du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), plus précisément après la démission des 75 membres du Bureau politique national du CDP, le 4 janvier 2014. C’est suite à cela que je suis entré en politique. Je suis allé voir certains responsables pour montrer mon engagement. Je me suis dit qu’après ces démissions, c’était l’occasion pour moi de pouvoir faire la vraie politique parce qu’avec l’ancien régime, on savait ce qui se passait.
Nous sommes dans une année électorale. Visiblement, le contexte n’est pas très favorable au parti, le MPP. Quelles sont les chances du MPP de sortir gagnant de ces élections ?
Je suis très optimiste quant aux chances du parti d’en sortir vainqueur. Quand on fait le bilan des années de gouvernance du président Roch Marc Christian Kaboré, nous voyons qu’il y a eu beaucoup de réalisations. Il y a eu beaucoup d’engagements. Nous ne doutons pas que cet engagement qu’il a pris vis-à-vis du peuple, ne puisse pas être tenu s’il est réélu. Il suffit de voir les actions sur le terrain. Dans plusieurs secteurs, il y a eu beaucoup d’avancées. Nous savons que notre pays est sur la bonne voie. Nous avons foi qu’avec l’engagement de chacun et avec la bénédiction de Dieu surtout, nous pourrons mettre fin à ce fléau qu’est l’insécurité dans notre pays.
Selon vous, quelle peut être la contribution des jeunes à une victoire de Roch et du MPP ?
Le parti accorde une place très importante à la jeunesse. Comme vous le savez, les jeunes représentent plus de la moitié de la population et des électeurs du pays. C’est pourquoi nous nous efforçons de leur montrer qu’ils ne sont pas en marge du développement du pays. Ils sont importants. Nous comptons donc sur cette frange de la population pour voter massivement pour le président Roch Kaboré.
Il semble que les jeunes du MPP se font des bagarres. Qu’en est-il exactement ?
Il est vrai que comme tout grand parti, nous rencontrons quelques difficultés au niveau de l’union nationale des jeunes. Mais nous nous attelons à taire nos divergences et nos intérêts égoïstes au profit de l’intérêt général du parti. Que l’opinion publique comprenne qu’au MPP, on est une famille et on le restera pour toujours afin que le soleil brille pour toujours sur un Burkina de paix et de sécurité.
D’aucuns estiment qu’en réalité, les jeunes se font des bagarres par procuration. Ce serait les ténors du parti qui les manipulent. Qu’en dites-vous ?
Je dis toujours que les jeunes qui se laissent manipuler auront du mal à se frayer un passage en politique. J’ajoute que les ténors n’ont aucun intérêt à provoquer des divergences au sein du MPP. Comme je le disais tantôt, les disputes entre jeunes sont des situations normales au sein d’un grand parti mais c’est assez absurde de penser que les devanciers en sont les initiateurs. Ils sont ceux-là mêmes qui nous conseillent et nous remettent sur le droit chemin lorsque nous nous égarons.
Que répondez-vous à ceux qui disent que les jeunes font preuve de beaucoup d’insuffisances en politique ?
Il faut noter que de par le passé, les jeunes ne s’intéressaient pas vraiment à la politique et maintenant que c’est le cas, il est normal que se posent certaines insuffisances. Néanmoins, les premiers responsables du MPP ont créé le centre de formation Kwame N’Krumah afin de remédier à ce problème. Et cela nous permet de positionner des jeunes bien formés et compétents dans les différentes instances du parti afin de plus les responsabiliser.
Certains de vos camarades estiment que ceux qui sont chargés de la jeunesse dans votre parti, ne font pas correctement leur travail. Qu’en dites-vous ?
Il est facile de jeter la pierre aux pécheurs lorsque nous ne sommes pas à leur place. Je dirais que dans tout parti politique, il y a une organisation qui permet le bon fonctionnement du parti et sa bonne marche. Chaque responsable fait aussi de son mieux pour exécuter correctement sa tâche et nous nous en sortons assez bien au vu de tous ces progrès que nous avons réalisés au sein de la jeunesse.
Avez-vous le sentiment que le parti accorde beaucoup de places aux jeunes dans les instances ? Si oui, dans quelles proportions ?
Le parti accorde une place importante à la jeunesse. Nous remarquons de plus en plus que la proportion des jeunes dans le gouvernement, ne fait qu’accroître. Nous retrouvons également des jeunes compétents qui occupent des postes de responsabilités dans les institutions et instances du parti. La preuve en est que, et vous l’aurez remarqué, je suis jeune et membre du Bureau exécutif national. Cela montre qu’il y a une confiance que les premiers responsables du parti placent en la jeunesse. Il appartient à nous jeunes, de pouvoir travailler à mériter cette confiance. Seuls les jeunes peuvent traiter les questions des jeunes. Alors nous visons au moins 50% des jeunes, dans les temps à venir. Pour l’instant, la proportion ne dépasse pas 30% mais nous travaillons toujours à atteindre l’objectif visé.
Vous vous êtes fait remarquer il y a quelques mois en mobilisant des jeunes pour s’attaquer au domicile de Hervé Ouattara. Que s’est-il passé exactement ?
Avant tout propos, je voudrais souligner que notre présence chez Hervé Ouattara avec mes camarades patriotes, n’avait pas pour but de nous attaquer au domicile de ce dernier. Nous avons reçu l’information de source sûre que Kémi Séba logeait chez lui. Nous lui avons tout simplement demandé de le faire sortir afin qu’il quitte le territoire burkinabè après qu’il a insulté publiquement notre président. Hervé Ouattara a fait des tirs de sommation pour disperser la foule mais c’était sans compter sur notre détermination. Pour montrer notre patriotisme, nous avons entonné l’hymne national devant sa cour et c’est la gendarmerie qui est finalement venue nous demander de partir.
N’est-ce pas de l’hooliganisme de votre part ?
Il ne s’agit pas d’hooliganisme mais plutôt d’intégrité. Roch Marc Christian Kaboré a été le seul président à recevoir Kémi Séba et à soutenir sa lutte alors que les autres pays le chassaient. Il était donc inconcevable pour nous qu’il vienne injurier le président de tous les Burkinabè.
Une plainte a été déposée en justice contre vous et vos hommes par rapport à cet acte. Où en est-on avec cette plainte ?
Vous m’apprenez qu’une plainte a été déposée en justice contre les compatriotes et moi car jusqu’à la date d’aujourd’hui, je n’ai reçu aucune plainte ni assignation à comparaître en justice.
En tant que jeune, jusqu’où vont vos ambitions politiques ?
Je suis un homme de terrain et un homme d’actions. J’aime être proche de ma communauté. Etre en politique, pour moi, c’est contribuer à la prise de décisions pour impacter positivement la vie des populations. C’est également créer les mécanismes nécessaires à un essor socio-économique de notre pays. Je ne suis pas animé par le désir d’un poste donné. Je prends les choses étape par étape, et je me forme toujours en vue de pouvoir faire partie de la relève sûre dont a besoin notre cher pays.
D’aucuns disent que Luc a créé une milice pour casser des activistes et autres. Qu’en dites-vous ?
Nous sommes dans un Etat de droit. Je n’ai donc pas besoin de créer une milice pour casser des activistes.
Quel regard portez-vous sur la fronde syndicale contre l’application de l’IUTS ?
On ne peut pas vouloir des routes, des écoles, des hôpitaux, renforcer efficacement nos FDS…et refuser de payer les impôts. Il est regrettable que des gens qui se considèrent comme les chantres de la justice sociale en le professant à longueur de rencontres syndicales, s’opposent à ce rétablissement de la justice fiscale.
Vous avez entrepris des Assemblées générales dans les 18 sous-sections du Kadiogo. Quel en est l’objectif ?
Depuis le 4 janvier 2020, nous avons effectivement entrepris nos Assemblées générales en commençant par la commune rurale de Saaba. Nous estimons que ce n’est pas seulement pendant les campagnes que nous devons rencontrer nos camarades. L’objectif était de créer un cadre d’échanges avec les camarades élèves et étudiants pour discuter sur la vie du parti, la situation nationale et recueillir leurs préoccupations afin de les transmettre aux premiers responsables du parti. Durant nos tournées, nous avons constaté une mobilisation sans faille des camarades élèves et étudiants. C’est le lieu également, pour moi, de remercier ces camarades qui ont fait le déplacement le dimanche 1er mars au Palais de la culture et de la jeunesse Jean Pierre Guingané pour la grande assemblée générale du Kadiogo. Je ne saurais terminer sans adresser un merci aux responsables du parti qui ne ménagent aucun effort pour nous accompagner.
Le 1er mars dernier, les élèves et étudiants ont tenu une Assemblée générale à Ouagadougou. Quelles ont été les principales recommandations ?
Les grandes recommandations ressorties de cette assemblée générale sont, entre autres, la dotation des élèves et étudiants de moyens nécessaires dans le but de faciliter leurs activités sur le terrain, la création de cadres d’échanges afin que nous apprenions davantage auprès de nos devanciers, l’octroi de stages et d’emplois aux étudiants en fin de cycle dans le but de parfaire leurs parcours, une meilleure accessibilité des jeunes désirant se lancer dans l’entrepreneuriat.
Régulièrement, des articles de presse éclaboussent des personnalités du régime pour des cas de mauvaise gestion. Comment peut-on expliquer les survivances de la corruption dans ce Burkina post-insurrection ?
Le président Roch Marc Christian Kaboré, dès son arrivée au pouvoir, a montré son attachement aux principes démocratiques, notamment la lutte contre la corruption. Cet attachement à lutter contre la corruption, s’est concrétisé par l’indépendance de la Justice. Mais, la corruption a la peau dure dans notre pays et les dossiers de corruption doivent être traités avec diligence par la Justice. La survivance de la corruption s’explique par la recherche du gain facile et le maintien des anciennes pratiques. Cette pratique prendra fin lorsque les citoyens prendront conscience car s’il y a un corrompu, c’est qu’il y a un corrupteur.
Propos recueillis par Michel NANA