HomeA la uneLUTTE CONTRE BOKO HARAM AU NIGERIA : La décapitation de l’armée sera-t-elle suffisante ?

LUTTE CONTRE BOKO HARAM AU NIGERIA : La décapitation de l’armée sera-t-elle suffisante ?


Le président nigérian, Muhammadu Buhari, se prépare-t-il à aller à l’assaut de Boko Haram ? C’est l’impression qu’il donne ; lui qui, depuis son arrivée au pouvoir en fin mai dernier, n’avait jusque-là envoyé aucun signal fort, montrant sa volonté d’en découdre avec la bande d’Abubakar Shekau. En effet, par un communiqué lu par le porte-parole de la présidence, le successeur de Goodluck Jonathan a limogé le chef d’Etat-major général des armées, les chefs de l’armée de terre, de l’air, de la marine   ainsi que le chef de service des renseignements de l’armée. A tous ces postes de responsabilités, il a nommé de nouveaux chefs ; histoire de redonner du sang neuf à l’armée nigériane qui, face aux islamistes de Boko Haram, aura étalé toutes ses limites et ses insuffisances. Car, ils sont nombreux, ces soldats nigérians qui, dès le premier coup de feu des « barbus », prennent la poudre d’escampette, laissant armes et munitions à l’ennemi qui n’en demande pas mieux. Pire, il y en a parmi cette armée d’affairistes qui seraient de mèche avec Boko Haram, annihilant tous les efforts déployés par le pouvoir central dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Nigeria, par ailleurs, première puissance économique et militaire continentale. C’est dire que la décapitation de l’armée nigériane par le nouveau président Buhari, n’avait que trop tardé ; elle aurait dû intervenir plus tôt, tant tous ces chefs militaires sortants ne présentaient aucun haut fait d’armes dans la lutte contre la secte islamiste. Le rapt de plus de deux cents jeunes lycéennes à Chibok, portées disparues depuis plus d’un an, est la preuve que la hiérarchie militaire nigériane était des plus incompétentes, plus occupée qu’elle était à défendre ses propres intérêts qu’à protéger les pauvres populations abandonnées à elles-mêmes. A ce propos, on se rappelle que des villages entiers avaient été rasés, incendiés et les habitants égorgés comme des caprins, pendant que l’armée se la coulait douce quelque part.

Depuis l’avènement de Boko Haram, l’armée nigériane donne l’impression d’être à la peine

C’est cette incurie doublée d’une irresponsabilité notoire qui avait refroidi les ardeurs des Etats-Unis qui, visiblement dépités, avaient fini par déclarer que l’armée nigériane était la plus corrompue au monde. Et c’est peut-être ceci qui explique cela. Le limogeage des chefs militaires pourrait en effet, participer de la volonté du président Buhari de rassurer ses partenaires américains, déterminés à l’accompagner dans la lutte contre les islamistes insurgés.

Certes, c’est une décision courageuse. Mais à elle seule, elle ne suffit pas. Il faudra l’accompagner d’autres mesures, notamment la réforme intégrale de l’armée et la lutte contre la corruption qui a presque gangrené tout l’appareil d’Etat. C’est à ce prix que l’on pourra redonner à l’armée nigériane toutes ses lettres de noblesse. Car, en vérité, depuis l’avènement de Boko Haram, l’armée nigériane, qui avait pourtant fait ses preuves au Liberia et en Sierra Leone à travers l’ECOMOG, donne aujourd’hui l’impression d’être à la peine.
Il est donc de la responsabilité de Buhari qui est lui-même Général, de travailler à relever ce défi, si immense soit-il.

Cela dit, il faut espérer que la nouvelle hiérarchie militaire mise en place, sera à la hauteur des missions qui lui sont assignées pour mériter la confiance, à la fois du chef de l’Etat et des populations qui vivent le supplice à longueur de journée et de nuit. En tout cas, elle n’a pas intérêt à faire moins que ses prédécesseurs, quand on sait qu’il s’agit là d’une question de survie nationale. Et le rôle d’un militaire est de défendre l’intégrité de son territoire et non de se prélasser dans des fauteuils douillets.

Boundi OUOBA


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