HomeA la uneLUTTE CONTRE BOKO HARAM : La meilleure défense, c’est l’attaque

LUTTE CONTRE BOKO HARAM : La meilleure défense, c’est l’attaque


Boko Haram vient encore de se signaler de façon négative. C’est dans la nature de ce monstre, dira-t-on. En effet, le mouvement terroriste qui secoue le Nigeria, a attaqué deux villages au Cameroun, le 18 janvier 2015, et pris en otage environ 80 personnes. La réaction énergique de l’armée camerounaise a permis de libérer une vingtaine de ces otages des serres de la secte islamiste. Cette attaque est peut-être pour Boko Haram, une façon de narguer le Tchad et le Cameroun qui s’organisent pour le contrer. La nébuleuse semble  en effet vouloir dire qu’elle est plus forte et plus déterminée que jamais. Histoire de porter un coup dur au  mental de ses ennemis. En agissant de la sorte, les islamistes rêvent certainement d’intimider les troupes tchadiennes surtout, venues porter main forte aux soldats camerounais dans leur traque.

Avec l’entrée en scène du Tchad, ça sent le roussi pour Boko Haram

Mais, en réalité, les hommes de Abubacar Sekhau ne sont pas aussi tranquilles qu’ils veulent le faire croire. La peur a probablement changé de camp. Boko Haram sait que les choses vont se corser. Jusque-là, ce mouvement islamiste a fait la pluie et le beau temps au pays de Goodluck Jonathan. Avançant comme un couteau dans du beurre, cette nébuleuse a réussi à devenir le véritable maître du Nigeria. En tout cas, les autorités nigérianes font preuve d’une incapacité incroyable à faire face à ces islamistes radicaux. L’armée nigériane reste atone quand ce monstre sans foi ni loi attaque. Pire, elle a finalement fait l’option de toujours prendre ses jambes à son cou. Conséquence de cette couardise et de l’incompétence des autorités de ce pays : des villages entiers rasés, des camps militaires conquis et des populations trucidées ou prises en otage par ces “fous de Dieu”. Mais le vent pourrait changer de direction.

En tout cas, avec l’entrée en scène du Tchad, ça sent le roussi pour Boko Haram. Les islamistes ont désormais trouvé adversaire à leur taille, quand bien même le Cameroun leur donnait déjà du fil à retordre, leurs tentatives d’incursion en territoire camerounais s’étant jusque-là soldées par des revers cuisants. L’armée camerounaise, contrairement à celle du Nigeria, s’est montrée déterminée à ne pas céder de terrain à ces extrémistes. Bien au contraire. Elle n’hésite pas, à cet effet, à sortir l’artillerie lourde dès que ce monstre se signale. Maintenant que les forces de défense et de sécurité camerounaise reçoivent l’appui des soldats tchadiens, ces terroristes

 ont vraiment du souci à se faire. La réputation, l’intrépidité de l’armée tchadienne, ne sont plus à démontrer. Il sera donc difficile pour Boko Haram d’éviter une raclée.

Cela dit, ce qui importe plus dans une armée, c’est moins l’importance numérique de ses effectifs que sa détermination, son courage au combat. Le Nigeria qui a jusqu’à présent brillé par son incapacité à endiguer ce péril islamiste malgré ses effectifs militaires considérables, ne dira pas le contraire. C’est dire qu’il est plus que nécessaire pour le régime de Goodluck Jonathan, de se réveiller enfin. Comment peut-on démissionner à ce point par rapport à la sécurité d’un territoire et d’un peuple qu’on a pris l’engagement de défendre ? Certes, le quitus donné aux armées camerounaise et tchadienne, de poursuivre les combattants de Boko haram jusque sur le territoire nigérian, pourrait faciliter les choses. Mais cela illustre bel et bien la démission du Nigeria dans ce combat. Pourquoi ce géant d’Afrique ne peut-il pas commencer par s’organiser et par sécuriser lui-même son territoire ? Quitte à ce qu’on lui prête ensuite main forte ?

Reste à croiser les doigts pour que les armées camerounaises et tchadiennes aient du  succès

Qu’à cela ne tienne, cette autorisation pourrait permettre aux pays déterminés à en finir avec Boko Haram, de la traquer jusque dans ses dernières chiottes, en territoire nigérian. Ainsi donc, l’armée et les autorités nigérianes seraient bien parties pour assister, les bras croisés et toute honte bue, à la traque par des soldats étrangers, de Boko Haram sur le sol nigérian. On imagine bien que le Cameroun et le Tchad auraient bien voulu se passer de ces interventions en territoire nigérian. C’est certainement en désespoir de cause qu’ils se sont résignés à faire le boulot à la place du Nigeria.

Reste à croiser les doigts pour que les armées camerounaises et tchadiennes aient du  succès. Pour ce faire, l’armée tchadienne en ce qui la concerne,  accusée  qu’elle a été, de par le passé, d’exactions sur des civils en Centrafrique, devrait éviter au maximum les bévues. Elles nuiraient à son image et par voie de conséquence, à sa mission. Pour l’heure, cette armée part avec des préjugés favorables. En témoigne l’accueil chaleureux que lui ont réservé les populations camerounaises. Il faudra que ce combat soit mené en bonne intelligence avec ces populations,  leur collaboration étant plus que nécessaire pour démasquer les complices de Boko Haram et anticiper ses attaques. Et puis, il importe que l’accent soit mis sur l’anticipation, sur  l’offensive et non la défensive. Autrement dit, les militaires déployés contre ces islamistes doivent aller chercher les combattants de Boko Haram là où ils se cachent. La stratégie qui consiste à se contenter de riposter quand l’ennemi attaque, est inopérante. Les islamistes ayant toujours le temps de s’organiser, de peaufiner leur plan d’attaque et de bénéficier de l’effet de surprise quand ils décident de passer à l’assaut.

En espérant que leurs collègues nigérians se réveilleront enfin, les militaires camerounais et tchadiens au front devraient donc agir et non continuer de réagir. Car, comme le clament si bien les amoureux du ballon rond, la meilleure défense, c’est l’attaque.

« Le Pays »


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