HomeA la uneLUTTE CONTRE LA DELINQUANCE FINANCIERE EN GUINEE  : Quid des crimes de sang ?

LUTTE CONTRE LA DELINQUANCE FINANCIERE EN GUINEE  : Quid des crimes de sang ?


L’ancien Premier ministre Ibrahim Kassory Fofana et trois anciens ministres guinéens viennent de passer leur première nuit en prison. Ils ont, en effet, été épinglés par la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) qui les poursuit pour des faits présumés d’enrichissement illicite et de détournements de deniers publics. Cela fait suite à des enquêtes diligentées par ladite Cour qui, créée en décembre 2021, entend mettre fin à la délinquance financière en Guinée sur laquelle l’ex-président Alpha Condé, avait volontairement fermé les yeux quand il n’en usait pas comme d’« un moyen de chantage » pour tenir en laisse les adversaires qui cherchaient à lui tailler des croupières. Cela dit, on ne peut que saluer la volonté affichée des nouvelles autorités guinéennes, de mettre fin à l’impunité en nettoyant les écuries d’Augias. Car, très souvent, surtout en Afrique, on voit des gens qui, parce qu’ils sont au pouvoir, se croient tout permis au point qu’ils s’adonnent à des excès s’ils ne prennent pas des libertés dans la gestion des deniers publics. C’est pourquoi il faut souhaiter que tous ceux qui ont trempé la main dans le cambouis, rendent des comptes et que leur soit opposée la rigueur de la loi au cas où ils sont reconnus coupables.

 

Il y a comme du deux poids deux mesures

 

C’est à ce prix, et seulement à ce prix, que la Guinée pourra renouer avec une gouvernance vertueuse à travers l’avènement d’une administration performante débarrassée de tous les affairistes et autres truands qui cherchent à s’enrichir sur le dos du peuple. Cela dit, tout en saluant l’opération « mains propres » en cours en Guinée, on déplore cependant que les nouvelles autorités ne soient pas allées plus loin en ouvrant des investigations sur les crimes de sang, et Dieu seul sait s’ils sont nombreux, commis sous le régime d’Alpha Condé. Il y a comme un goût d’inachevé qui pourrait s’expliquer par le fait que le président Mamady Doumbouya ne veut pas prendre de risques. Car, connu pour être l’un des bras armés du défunt régime, il pourrait avoir des choses à se reprocher dans la répression meurtrière des manifs contre le troisième mandat de son ex-mentor. Ceci pouvant expliquer cela, on comprend la prudence dont fait montre Doumbouya et ce, en dépit des appels incessants des mouvements de défense des droits de l’Homme qui souhaitent que justice soit rendue à tous les Guinéens tués. Il y a comme du deux poids deux mesures. Mais que voulez-vous ? C’est une question de rapports de force. Toutefois, quand on sait que la CRIEF, dans certains pays, a été utilisée comme un instrument politique dirigé contre les opposants, on peut espérer que Doumbouya n’en fera pas de même en versant dans la chasse aux sorcières. Car, si tel est le cas, plutôt qu’un bond en avant, la Guinée ne fera que reculer.

 

B.O


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