HomeA la uneLUTTE CONTRE LE SIDA : Des progrès qui cachent mal d’énormes défis

LUTTE CONTRE LE SIDA : Des progrès qui cachent mal d’énormes défis


La communauté internationale célèbre, aujourd’hui, 1er décembre 2022,  la Journée mondiale de lutte contre le Sida. Comme chaque année, cette commémoration constitue une halte pour évaluer les progrès réalisés depuis l’apparition du Virus d’immunodéficience humaine (VIH)  dont les ravages s’établissent aujourd’hui à près de 36 millions de morts dans le monde. Aujourd’hui encore, l’on estime à 38,4 millions, le nombre de personnes vivant avec le VIH dont plus des deux tiers (25,6 millions) vivent en Afrique. Ces chiffres sont symptomatiques des énormes progrès à réaliser pour éradiquer le virus, mais aussi et surtout les inégalités qui freinent ces progrès pour mettre fin à la pandémie du Sida. C’est sans nul doute en raison de cela que la Journée mondiale de lutte contre le Sida 2022 a été placée sous le signe du slogan « Egalité maintenant » par l’ONU/SIDA. Ce slogan appelle les acteurs nationaux et internationaux « à œuvrer en faveur des actions concrètes qui ont fait leurs preuves et qui sont aussi nécessaires pour lutter contre les inégalités et aider à mettre fin au Sida ».

 

Après 40 ans, le vaccin miracle se fait toujours attendre

 

Il s’agit notamment de renforcer la disponibilité, la qualité et la conformité des services de traitement, de dépistage et de prévention du VIH afin que tout le monde y ait accès ; de réformer les lois, les politiques et les pratiques pour lutter contre la stigmatisation et l’exclusion auxquelles sont confrontées les personnes vivant avec le VIH et les populations clés et marginalisées, afin que chaque individu soit respecté et accueilli ; d’assurer le partage des technologies entre les communautés et entre le Sud et le Nord pour permettre l’égalité d’accès aux meilleures découvertes scientifiques concernant le VIH. Et enfin, de faire en sorte que les communautés puissent utiliser et adapter le message « Egalité maintenant » afin de mettre en évidence les inégalités particulières auxquelles elles sont confrontées et encourager les actions nécessaires pour y remédier. Toutes ces actions devraient permettre, si elles sont correctement mises en œuvre, de faire des progrès substantiels dans l’atteinte des objectifs fixés par l’ONU/SIDA à l’horizon 2030, les « trois 95 », c’est-à-dire 95% de personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique ; 95% des personnes infectées sont sous traitement antirétroviral (ARV) durable et 95% des personnes sous traitement ayant une charge virale indétectable, donc non contagieuse.  En attendant que ces ambitieux objectifs soient atteints, l’on peut saluer les progrès déjà réalisés même si ces derniers cachent d’énormes disparités. Ainsi, même si après 40 ans, le vaccin miracle se fait toujours attendre, il existe aujourd’hui des traitements efficaces qui peuvent stopper la propagation de la maladie. Et les perspectives sont bonnes. En effet, l’on assiste aujourd’hui à l’émergence d’un nouveau type de médicaments révolutionnaires pour prévenir et traiter le VIH.

 

Le second défi est celui du maintien du flambeau de la mobilisation communautaire

 

Bientôt disponibles, ces médicaments dits à action prolongée, ne devront être pris que quelques fois par an au lieu des thérapies quotidiennes actuelles. S’ils sont mis, selon les spécialistes, à disposition d’un très large public au fur et à mesure de leur mise sur le marché, ils pourront sauver de nombreuses vies et aider à mettre fin à la pandémie du Sida. L’autre acquis majeur à saluer dans la lutte contre la pandémie, c’est la mobilisation communautaire. En effet, elle a quelque peu freiné la course folle dans laquelle le VIH avait engagé le genre humain et aidé à enrayer le voile de la stigmatisation et de la peur.  Cela dit, ces importants acquis ne doivent pas cacher le fait qu’ils restent d’énormes défis à réaliser pour parvenir à l’éradication complète de la maladie. Le premier défi reste celui de la mobilisation des ressources pour non seulement financer la recherche sur les vaccins et les traitements, mais aussi et surtout pour permettre l’accessibilité des thérapies à tous, même aux plus démunis. L’on sait que certains pays comme les USA, depuis  Donald Trump, rechignent  à délier les cordons de la bourse au bénéfice de la lutte contre le SIDA et que l’avènement de la pandémie de la COVID-19 a réorienté les priorités en matière de financements. Il faut donc convaincre les Etats,  les grands donateurs, les grands circuits de la haute finance internationale et les firmes et laboratoires pharmaceutiques, que les efforts doivent être poursuivis contre ce virus qui défie, pour l’instant, toute la communauté scientifique et avec elle, toute l’espèce humaine. Le second défi est celui du maintien du flambeau de la mobilisation communautaire dans un contexte de raréfaction des ressources financières. L’on sait, par exemple, que dans des pays comme le Burkina Faso, il existe encore des cibles très vulnérables au VIH, notamment les jeunes et les adolescents et les transmissions mère-enfant et seules les actions de sensibilisation communautaire peuvent permettre de maintenir le taux de prévalence qui est de 0,6%, sous un seuil inférieur à 1%.  Mais pour réussir ce double  pari de la mobilisation financière et communautaire, les pays du Sud qui sont le plus dans l’œil du cyclone, doivent se départir du réflexe qui consiste à  toujours rechercher instinctivement au Nord les financements pour résoudre les problèmes du Sud. Il est de leur responsabilité de chercher et mettre en œuvre des mécanismes endogènes de financement pour freiner voire enrayer cette épidémie du Sida qui constitue un problème majeur de développement sur le continent aujourd’hui.

 

« Le Pays »  


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