HomeA la uneLUTTE CONTRE LE TABAGISME AU BURKINA  : Ce que proposent des Burkinabè

LUTTE CONTRE LE TABAGISME AU BURKINA  : Ce que proposent des Burkinabè


Le monde entier célèbre la Journée mondiale antitabac aujourd’hui 31 mai 2022. Au Burkina, plusieurs personnes consomment le tabac. La tranche d’âge la plus touchée, selon le pneumologue Pr Georges Ouédraogo, est de 35 à 45 ans. Mais les enfants sont aussi de gros consommateurs de tabac, selon lui. Alors, que doit-on faire pour que ces derniers ne tombent pas davantage dans le tabagisme ? Telle est la question que nous avons posée à certains citoyens. Et voici quelques réponses.

 

Dr Francine Ouédraogo, médecin spécialiste en santé publique

 

« Il faut orienter les communautés et les leaders communautaires sur les dangers du tabagisme »

 

« Pour éviter que les enfants tombent dans le tabagisme, il faut sensibiliser sur le tabac et ses méfaits dans les établissements scolaires. Il faut aussi sensibiliser les parents sur la protection des enfants mineurs. Il faut également orienter les communautés et les leaders communautaires sur les dangers du tabagisme. Il faudra, en outre, travailler avec les acteurs communautaires et les ONG sur comment aborder de façon conviviale les enfants et les jeunes sur la question des substances psycho actives, et les voies possibles de recours. »

 

 

Diane Coulibaly

 

« Que les autorités revoient les textes de commercialisation du tabac »

 

« Il faut mettre l’accent sur la sensibilisation des enfants. Les enfants ont besoin de surveillance. Souvent, quand on constate le comportement un peu flou, vite il faut chercher à savoir et poser beaucoup de questions pour comprendre ce qu’il se passe. C’est dans les écoles qu’il faut mettre l’accent, car c’est dans les établissements scolaires que les enfants sont plus influencés par leurs camarades. Aussi, il faut revoir les textes pour la commercialisation du tabac, parce qu’on constate qu’il y a un laisser- aller. »

 

Hermann  Yaméogo, agent de banque

 

« Les parents ne doivent pas consommer le tabac en présence des enfants »

 

« Les parents mêmes doivent éviter de fumer, mais si cela arrive, que çe soit loin du regard des enfants. Nous ne devons pas servir d’exemple aux enfants pour les mauvais choix. »

 

Edouard Bonkoungou, agent de liaison

 

« Les enseignants aussi doivent jouer leur rôle d’éducateurs »

 

« C’est difficile d’interdire la consommation et la vente du tabac, mais il faut sensibiliser pour que les consommateurs le fassent de façon modérée. Les parents doivent mettre l’accent sur l’éducation des enfants à la maison. Mais les enseignants aussi doivent jouer leur rôle d’éducateurs en aidant les parents pour la veille. »

 

Aristide Djiguimdé, pédiatre

 

« Il faut que les enfants soient éduqués très tôt sur les effets du tabac »

 

« Pour lutter contre le tabagisme, les parents ne doivent pas fumer, parce que les enfants prennent exemple sur leurs proches.  Il faut aussi eviter la promotion du tabac par les artistes, les sportifs et autres influenceurs… L’éducation est très importante, il faut que les enfants soient éduqués très tôt sur les effets du tabac. Déjà au primaire, on peut faire une leçon sur les dangers liés à la consommation du tabac comme on le fait pour l’hygiène. Assister les enfants qui sont dans des situations de détresse afin qu’ils ne trouvent pas solution dans le tabac pour oublier leur problème. Encourager et accompagner ceux qui veulent arrêter, au centre de sevrage tabagique et les encourager à témoigner pour éduquer les autres. »

 

Mme Yaméogo, nutritionniste

 

«Il faut une éducation dès la cellule familiale »

 

« Pour éviter que les enfants s’adonnent à la consommation du tabac, les autorités doivent mener des séances de sensibilisation audiovisuelle aussi via les réseaux sociaux. Il faut une éducation dès la cellule familiale, dans les écoles, les lycées et universités, en montrant les méfaits du tabagisme. Voire l’inclusion dans les curriculas de formation, la propagande de champions nationaux anti tabac et la sensibilisation individuelle des prestataires de la santé. »

 

Ahmed Rachid Kaboré, médecin

 

« Que les autorités prennent des dispositions qui interdisent aux moins de 18 ans de fumer »

 

« Pour éviter que les enfants tombent dans le tabagisme, il faut s’attaquer à tous ceux qui en vendent, c’est-à-dire les boutiques, les fournisseurs. Il faut que les autorités prennent des dispositions qui interdisent aux moins de 18 ans de fumer, et sanctionner ceux qui en vendent à ces mineurs. Ce n’est pas une chose impossible. Il faut aussi passer par la sensibilisation à la maison, comme à l’école et au lycée.  Ce qui est déplorable, c’est que la plupart du temps, c’est l’école même qui est le siège de cette mauvaise influence. Logiquement, ce sont les professeurs qui sont en contact avec les élèves, qui doivent les sensibiliser. Mais si eux-mêmes sont des fumeurs, le message passera difficilement. Sinon, on pouvait introduire le tabagisme et ses effets nuisibles sur la santé dans le cours d’éducation civique ; cela contribuerait à lutter contre le tabagisme en milieu scolaire, et au niveau de la population en général. Malheureusement, en tant que médecin, on reçoit, au niveau des centres de santé, des enfants qui, à cause de la chicha,   ont des poumons d’un homme de quarante ou cinquante ans. Un enfant de 17 ans qui a les poumons d’un patient de quarante ans, c’est très compliqué. Il y a des jeunes qui ont des problèmes de poumons et sont sous oxygène. Si quelqu’un a ce problème à l’âge de 17ans, cela veut dire qu’il ne va pas atteindre 30 ans. Il faut faire comprendre aux enfants, la dangerosité de la cigarette, et faire à notre niveau, si possible en association avec des autorités, des visites pour qu’ils puissent voir de leurs propres yeux, les cas dont je viens de parler. Cela va peut-être les aider à prendre conscience de la nocivité de la chicha. »

 

Oscar Paré

 

« Il faut surtout mettre l’accent sur l’éducation »

 

« Cette question me dérange un peu parce que moi-même je suis un grand fumeur. Pour éviter que les enfants ne tombent dans le tabagisme, il faut que l’enfant soit bien entouré. Il faut surveiller ses fréquentations parce que même si tu arrives à le contrôler à la maison, s’il sort il peut suivre l’exemple de ses amis. C’est pour cela qu’il est important de connaître ses fréquentations. Moi personnellement, ce n’est pas à la maison que j’ai appris à fumer ; on avait une association et la majorité des membres qui étaient mes amis étaient de grands fumeurs. Et c’est comme ça que j’ai commencé à fumer. Aujourd’hui, pour ne pas que nos enfants fument, il ne suffit pas de les contrôler à la maison seulement, le plus gros problème, c’est ce qu’ils vont faire dehors. Même à l’école, on peut les conseiller ou même leur interdire de fumer mais hors de l’école, ils peuvent le faire. Je pense qu’il faut surtout mettre l’accent sur l’éducation. »  

 

 

Paulin Kaboré, électricien

 

« Il faut beaucoup les sensibiliser et sensibiliser la population »

 

« Pour que les enfants ne tombent pas dans le tabagisme, il faut beaucoup les sensibiliser et sensibiliser la population. Je pense que les adultes doivent donner l’exemple aux enfants en ne fumant pas. Toute chose qui évitera de les attirer dans le tabagisme, car c’est comme que j’ai commencé à fumer. Je voyais les gens fumer, et j’ai voulu essayer et c’est comme cela que c’est parti.  Du coup, je suis dedans, je ne sais pas ce que ça m’apporte mais je suis dedans quand même. Personnellement, moi j’ai l’intention d’arrêter.  Je suis en train de prendre des mesures pour cela. Je sais que ce n’est pas facile, mais c’est possible. C’est généralement quand je rase les murs que je me mets à fumer. « C’est mon refuge ». Quand je travaille, je n’ai pas le temps de penser à la cigarette. »

 

Zakaria Sagnon, conducteur

 

« Je demande aux fumeurs de tout faire pour arrêter de fumer car la cigarette nuit à la santé »

 

« Pour que les enfants n’en fument pas, il faut éviter   de les envoyer payer de la cigarette. Il faut surtout les sensibiliser et faire en sorte qu’ils ne regardent pas certains films, où on peut voir des personnes fumer quand elles ont des problèmes. Moi-même j’ai fumé mais j’ai arrêté il y a très longtemps.  Le fait de fumer me fatiguait beaucoup, je n’avais pas d’appétit, je sentais dans mon corps que quelque chose n’allait pas. Un jour, j’ai décidé d’arrêter. Quand l’envie de fumer me prenait, je croquais le bonbon pecto et l’envie passait. Je demande aux fumeurs de tout faire pour arrêter de fumer car la cigarette nuit à la santé.

 

Propos recueillis par Valérie YAMEOGO/TIANHOUN et Rahamatou SANOU

 


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