HomeA la uneLUTTE CONTRE LE TERRORISME AU BURKINA : Enfin le sursaut d’orgueil de l’armée ?

LUTTE CONTRE LE TERRORISME AU BURKINA : Enfin le sursaut d’orgueil de l’armée ?


A l’issue du Conseil supérieur de défense tenu le 20 juin dernier sous la présidence du chef de l’Etat, chef suprême des armées, d’importantes mesures ont été prises par la hiérarchie militaire dans le cadre de la lutte contre les groupes armés terroristes qui prennent à la gorge les Burkinabè qui sont chaque jour, un peu plus, menacés d’asphyxie. Au nombre de ces mesures, l’on note la création de zones d’intérêt militaire. Ces espaces désormais interdits aux populations civiles, recouvrent les bandes forestières du Sahel et de l’Est du pays considérées comme les sanctuaires des Hommes armés non identifiés (HANI). Point n’est besoin de faire une école de guerre pour comprendre que l’ambition des Forces armées nationales (FAN) est d’aller à l’assaut de ces citadelles jusque-là imprenables pour les expurger des forces du mal qui les occupent. C’est, du reste, ce qui se dessine très clairement à travers l’imminence  de grandes opérations militaires dans l’Est et le Sahel du pays.

 

Il faut joindre l’acte à la parole pour inverser durablement les tendances

 

 

En plus de ces grandes manœuvres qui s’annoncent, il ressort des communiqués du commandement du théâtre des opérations militaires, la réorganisation de la défense civile dans l’objectif certainement de la rendre plus opérationnelle en l’adaptant aux mutations rapides du front et de l’ennemi.  En attendant de voir dans les prochaines semaines, les résultats de ces réaménagements dans le dispositif  de défense du territoire national, l’on ne peut que saluer ces mesures qui, de l’avis de nombreux observateurs, ont même quelque peu tardé. L’on peut même se surprendre à rêver enfin du sursaut d’orgueil tant attendu des Forces de défense et de sécurité (FDS) pour que la peur change enfin de camp. C’est, en tout cas, la seule option qui reste au lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba qui est actuellement sous les feux des critiques de bien des Burkinabè qui avaient espéré que l’avènement des hommes en treillis au pouvoir, marquerait la fin de la récréation pour les ingénieurs du mal. Le chef de l’Etat est d’autant plus dos au mur que le délai des 5 mois qu’il s’était fixé pour faire un premier bilan de son séjour à Kosyam, se dérobe à vive allure sous ses godasses sans que les HANI ne lui cèdent la moindre parcelle du territoire qu’ils ont soustrait à l’autorité de l’Etat. La dernière preuve en date de l’irrédentisme de ces débiles armés, est le massacre des populations civiles de Seytenga dans le Sahel burkinabè et  dont le dernier bilan officiel est établi à 86 macchabées. L’heure n’est donc plus aux simples appels à plus d’engagement des  unités combattantes comme cela a été réitéré une fois de plus à l’issue de ce Conseil de défense  mais il faut joindre l’acte à la parole pour inverser durablement les tendances. Cela dit, on peut espérer que les lignes bougeront véritablement dans les tout prochains jours. Cela est d’autant plus nécessaire que les populations burkinabè qui sont en grande majorité rurales, ont besoin de retourner au champ en cette période de saison des pluies pour espérer mettre fin à la crise alimentaire qui s’est ajoutée à la crise sécuritaire.

 

 

Des mises en garde fermes ont été faites à l’endroit de certaines FDS

 

 

Cela dit, si l’on accueille avec une forte dose d’optimisme, les nouvelles mesures du commandement militaire, il n’en demeure pas moins qu’il y a aussi de fortes inquiétudes qui sont nées de la lecture de certains communiqués qui ont les ont accompagnées. En effet, des mises en garde fermes ont été faites à l’endroit de certaines FDS qui, par leurs comportements, violent l’éthique militaire, freinant ainsi les populations dans leur élan de collaboration avec les FAN. Les mêmes menaces ont été proférées à l’endroit des FDS qui, abandonnant armes et munitions à l’ennemi,  tournent casaque au combat, renforçant ainsi son arsenal militaire.    Certes, ces avertissements ne sont pas nouveaux et sont fondés. Mais ils sont révélateurs de grands dysfonctionnements au sein de la Grande muette où la communication ressemble véritablement à un dialogue de sourds. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la discipline, le sens de l’honneur et l’unité d’action qui font la force des armées ne sont pas les valeurs les mieux partagées au sein de l’armée burkinabè et il urge que des solutions adéquates y soient trouvées. Car, ce dont il s’agit, ce n’est pas de prendre parti pour X ou Y, mais de défendre la patrie en péril. Il est temps d’ailleurs que les forces morales de la Nation s’impliquent dans le débat pour ramener la cohésion et la sérénité au sein des FAN. Et c’est maintenant qu’il faut le faire car plus tard pourrait être trop tard. Et pour cause. D’abord, parce que cette guéguerre est loin de rassurer les populations qui ne peuvent que compter sur l’Armée nationale comme dernier rempart. Il faut donc craindre que la persistance de dysfonctionnements au sein de la Grande muette, ne brise la confiance entre les populations et les FDS avec ce que cela peut comporter comme réactions par instinct de survie et comme hystérie collective préjudiciable à la survie même de la Nation. Enfin, parce que la faiblesse du dépositaire de la violence légale, fait le nid de discours extrémistes avec la crainte que tout cela ne débouche sur une violence aveugle qui vienne mettre définitivement en péril le fragile tissu social qui permet encore le vivre-ensemble.

 

 

« Le Pays »

          


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