HomeA la uneLUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES EN MILIEU SCOLAIRE AU TOGO : Une simple loi suffit-elle ?  

LUTTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES EN MILIEU SCOLAIRE AU TOGO : Une simple loi suffit-elle ?  


Le Togo est passé à la vitesse supérieure dans la lutte contre les violences sexuelles avec l’adoption, le 29 novembre 2022, d’une nouvelle loi qui durcit la répression contre les actes à caractère sexuel sur les mineurs. Concrètement, selon le nouveau cadre juridique, désormais, tout auteur d’acte à caractère sexuel sur un apprenant, tombe sous le coup de la loi. Pour une grossesse, l’auteur encourt une peine d’emprisonnement de 1 à 5 ans et une amende allant de 1 à 5 millions de F CFA, si l’apprenant a 16 ans. Le double de la peine lui sera infligé si la victime a moins de 16 ans. Aux dires des autorités, ce tour de vis vise à garantir un environnement sûr et propice à l’épanouissement des apprenants, filles comme garçons.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette loi est la bienvenue quand on connait l’ampleur de ce fléau social qui a occasionné, au cours des trois dernières années, plus de 5000 grossesses non désirées. Il était vraiment urgent d’agir en durcissant l’arsenal répressif contre les violences sexuelles en milieu scolaire, qui comprennent les actes comme l’atteinte à l’intimité, l’attouchement et le harcèlement sexuel, la pédophilie et le viol,  auxquels le boom des réseaux sociaux confère des dimensions nouvelles.

 

C’est une véritable opération de salubrité publique que tentent de réussir les autorités togolaises

 

 

En effet, il n’est pas rare que des auteurs d’actes sexuels, après avoir assouvi leurs instincts, prennent un malsain plaisir à balancer sur la toile, les vidéos de leurs ébats, jetant ainsi en pâture la dignité des victimes. Sous d’autres cieux, cela s’est parfois soldé par des suicides. C’est donc une véritable opération de salubrité publique que tentent de réussir les autorités togolaises face à un phénomène dont les conséquences néfastes sont nombreuses et multiformes.  En effet, au plan physique, les jeunes victimes d’abus sexuels en sortent souvent avec des blessures à gravité variable, qui peuvent aller jusqu’à  porter atteinte à leur croissance normale et cela, sans préjudice des risques d’infections aux maladies sexuellement transmissibles et au SIDA (MST/SIDA). Au plan psychologique, elles peuvent porter durablement les séquelles des traumatismes subis avec des risques de développer des phobies nuisibles à leur plein épanouissement. Au plan scolaire, les impacts sont évidents sur les rendements scolaires qui s’en trouvent gravement altérés avec des risques de déboucher sur l’échec ou l’abandon scolaire. Enfin, au plan social, les victimes des violences sexuelles, en plus des difficultés de toute nature  à gérer les grossesses précoces ou à s’occuper convenablement des nouveaux-nés qui en résultent, se trouvent confrontées à la stigmatisation. C’est donc au regard de ces graves conséquences, que l’on ne peut qu’applaudir les élus du peuple togolais qui ont donné à l’unanimité, quitus au texte de loi qui leur a été soumis.  Cela dit, ce serait faire preuve de naïveté que de croire qu’un simple texte législatif peut suffire à enrayer le phénomène des violences sexuelles à l’école qui, il ne faut pas se voiler la face, a la peau dure et est même parfois pernicieux.

 

La première arme contre les violences sexuelles, c’est la prévention

 

L’application de la nouvelle loi va certainement se heurter à de nombreuses difficultés. Et la première barrière est sans doute l’environnement socio-culturel. L’on sait que très souvent, nos traditions africaines choisissent comme mode de règlement des violences sexuelles, les arrangements en famille sous l’arbre à palabre, qui se terminent parfois, ironie du sort, avec le mariage du bourreau et sa victime. Il ne faut pas non plus perdre de vue que bien des sociétés en Afrique, ont pour pratique les mariages précoces et ont donc une appréciation de l’âge de la maturité différente de celle du législateur. Dans ce schéma traditionnel,  le statut de femme de la jeune fille prime sur son statut d’élève.  L’autre grosse difficulté résidera dans la peur des victimes, à dénoncer leurs bourreaux. Cette peur résulte surtout de la difficulté à supporter le regard de la société et à trouver plus tard un partenaire pour un foyer dans des communautés qui sont très exigeantes sur la virginité des nouvelles mariées. Enfin, une dernière source de blocage pour cette nouvelle loi, c’est l’impunité prégnante dans les démocraties bananières comme le Togo où la loi ne s’applique dans toute sa rigueur, qu’aux faibles. Les puissants qui développent les vices libidinaux qui débouchent parfois sur les violences sexuelles, disposent souvent d’un parapluie qui leur permet d’échapper à la Justice.  C’est, en toute connaissance de cause donc, qu’il vaut mieux pour les parents, de prévenir que guérir.  En effet, la première arme contre les violences sexuelles, c’est la prévention. Il faut fournir aux adolescents, par l’éducation familiale, les moyens de prévenir ces violences, non seulement en dissuadant les potentiels auteurs des actes de violences de ces pratiques amorales et immorales, mais aussi en les en prémunissant. Et cela peut commencer par des faits simples comme le refus des habillements extravagants ou le rejet des mauvaises compagnies pour les enfants. Mais les familles, à elles seules, ne peuvent venir à bout du phénomène si elles ne sont pas accompagnées par les structures éducatives au sein desquelles il se développe d’autres fléaux sociaux dont les violences sexuelles ne sont que très souvent les conséquences. Il s’agit, entre autres, de la consommation de drogue et d’alcool. Cela dit, il faut faire en sorte que le règlement intérieur des établissements serve donc à prévenir les dérives avant qu’elles ne prennent les contours du crime ou délit pénal réprimé par la loi.

 

« Le Pays »     


No Comments

Leave A Comment