HomeA la uneMAISON D’ARRÊT ET DE CORRECTION DE OUAGADOUGOU : Les détenus disent être oubliés de la justice burkinabè  

MAISON D’ARRÊT ET DE CORRECTION DE OUAGADOUGOU : Les détenus disent être oubliés de la justice burkinabè  


 

La 6e promotion de la Garde de Sécurité Pénitentiaire (GSP), dans le cadre de la commémoration de leur 10e anniversaire, a organisé, le 30 juillet 2016, une visite guidée à la Maison d’arrêt et correction de Ouagadougou. L’objectif est d’informer la population sur les réalités que vivent les prisonniers burkinabè.

 

« J’ai été arrêté après la chute de l’ancien gouvernement parce que je travaillais avec un maire. Et depuis 9 mois, je suis incarcéré sans avoir eu une fois l’opportunité de comparaître devant un juge, afin d’être   entendu ou jugé. A chaque fois que je fais appel, c’est sans suite ou ils disent que le dossier est en cours et le maire avec qui je travaillais a eu une liberté provisoire et moi je suis toujours détenu ici en attendant mon sors ». « Moi j’ai eu un problème avec la banque et on m’a enfermé ici et cela depuis 21 mois que je suis là, sans jugement. A l’heure où je vous parle je ne sais même pas à quel niveau se trouve mon dossier, et quand je fais appel le juge rejette et répond que l’enquête est en cours. Tout citoyen, et même le pire des criminels, a droit à une défense pour savoir s’il est coupable ou non, et nous sommes nombreux dans cette situation pitoyable ». Tels sont, entre autres, les déclarations faites par quelques prisonniers de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). En effet, c’est au cours d’une visite guidée organisée par la 6e promotion de la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP), le 30 juillet dernier, dans le cadre de leur activité pour la commémoration de leur 10e anniversaire, que nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec ces détenus. L’objectif de la visite était de pouvoir informer la population sur les réalités que vivent les prisonniers burkinabè. C’est vers 8h30mn que l’Assistant GSP, secrétaire général de la mutuelle, Zoungrana Inoussa, et ses pairs nous ont introduits dans le local de la MACO. « Une autre vie dans un monde coupé de tous et de tout », c’est ainsi qu’on peut appeler ce lieu où vivent les citoyens burkinabè accusés de vol, agressions, viol, détournements de fonds publics et de mal gouvernance sous l’ancien régime politique.

Selon les prisonniers, les conditions de vie dans cette prison ne sont pas humaines et il faut y vivre pour le comprendre. Les cellules sont trop petites pour le nombre de prisonniers et certains sont obligés de dormir la nuit et d’autres dans la journée, et en plus de cela, les toilettes sont insuffisantes et très sales, sans aucune hygiène. Selon eux, la visite des médias est une bonne initiative et ils en ont profité pour lancer un appel au gouvernement et à la Justice burkinabè afin qu’ils reçoivent leur dossier et juger à temps ceux qui doivent l’être et améliorer les conditions de vies de ceux qui sont condamnés, car après tout ils sont des citoyens burkinabè.

« La MACO, lieu de réinsertion sociale pour délinquants »

Par ailleurs, cette visite nous a permis de savoir que la MACO est une prison qui contient environ 400 détenus répartis en 3 quartiers. Ce sont, entre autres, le quartier normal, le quartier d’amendement pour les disciplinés et le quartier d’isolement pour les indisciplinés. Elle reçoit environ 900 à 1 000 visiteurs les week-ends et les jours fériés. Les visiteurs sont minutieusement fouillés par les agents de sécurité avant leurs entrevues avec les détenus. Une visite de 15 mn leur est accordée à travers une ouverture dans le mur, toujours sous le regard vigilant des agents. La maison est composée de plusieurs bâtiments dont celui des femmes et filles mineures, et le bâtiment des hommes, et le bâtiment des garçons mineurs. Dotée également d’un dispensaire, de lieux de prière pour les prisonniers croyants, la MACO organise des jeux de loisirs permettant aux détenus d’oublier leur situation et de reprendre goût à la vie afin de faciliter leur réinsertion sociale. En rappel, la Maison d’arrêt de Ouagadougou a eu ses premiers prisonniers en 1963.

Djeneba OUATTARA

(Stagiaire)


Comments

Leave A Comment