MALI


Après la prestation de serment du président de la Transition, Bah N’Daw, le 25 septembre dernier, et la nomination, dans la foulée, du Premier ministre, Moctar Ouane, deux jours plus tard, l’heure est à la formation du nouveau gouvernement. Mais si les Maliens sont à la fois curieux et impatients de savoir qui sont les hommes et les femmes qui composeront l’équipe gouvernementale de cette Transition,  l’attente ne devrait pas être longue puisque le nouveau PM se promet de la dévoiler aujourd’hui, 29 septembre. C’est dire si après la désignation du président de la Transition, les choses sont en train d’aller vite sur les bords du Djoliba où les contours de l’après-IBK sont en train de se dessiner nettement. Comment pouvait-il en être autrement quand on sait que le pays ploie déjà suffisamment sous le poids des sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui attend pourtant encore des gages de bonne foi de la junte militaire qui a renversé Kankélétigui le 18 août dernier, de ne pas confisquer le pouvoir à son profit ?

 

Moctar Ouane a le devoir d’aller vite et bien en besogne

 

A ce propos, après la promesse d’allègement voire de levée des sanctions, conditionnée à la nomination d’un président et d’un Premier ministre civils à la tête de la Transition, l’institution communautaire sous-régionale semble à présent faire une fixation sur le rôle du vice-président. On sait que ce poste a été taillé sur mesure au profit de l’un des leurs, en l’occurrence leur chef, le colonel Assimi Goïta, pour garder un œil et surtout la main sur la transition. Mais pour la CEDEAO, non seulement ce dernier ne doit pas faire ombrage au chef de l’Etat dans l’exercice de ses fonctions, mais aussi il ne devrait pas pouvoir lui succéder, en cas d’empêchement. C’est dire si la désignation de ces deux têtes de proue de la Transition, est un appel du pied du Mali à la CEDEAO, pour un assouplissement des sanctions qui le mettent aujourd’hui dans une situation d’isolement difficilement tenable. Que va faire maintenant l’institution sous-régionale ? C’est le Wait and see. En attendant, c’est la coloration du gouvernement de Moctar Ouane, qui ne manque pas d’intérêt pour les Maliens, mais aussi pour la CEDEAO qui veut voir un peu plus clair dans le jeu des putschistes. Car, on se demande si dans les différentes tractations, l’équipe n’était pas déjà au moins partiellement formée, en attendant la nomination du chef du gouvernement. En tout cas, au regard de la rapidité avec laquelle l’équipe gouvernementale est en train d’être mise sur pied, on peut douter que le Premier ministre Ouane ait eu les mains totalement libres pour faire son casting. A ce propos, on peut se demander si cela ne sera pas plus un handicap qu’un avantage pour lui dans la difficile mission de coordination de l’action gouvernementale qui l’attend. Surtout si ses collaborateurs devaient inscrire leurs actions dans la défense d’intérêts partisans. Quoi qu’il en soit, maintenant qu’il est à la tête de l’Exécutif, Moctar Ouane a le devoir d’aller vite et bien en besogne. Pour cela, il aura besoin d’avoir les coudées franches dans son action.

 

Le plus dur reste la conduite de la Transition à son terme

 

 En tout cas, avec un carnet d’adresses qui pourrait ouvrir des portes à la diplomatie malienne, l’ex-conseiller à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) a, peut-on dire, plus que le profil de l’emploi. Dans ce pays à la classe politique fortement divisée, il apparaît comme l’homme de la situation. D’autant que sa réputation le situe aujourd’hui  à équidistance des chapelles politiques. Cela dit, il y a certes l’enjeu de la formation du gouvernement de Transition qui devra faire l’objet d’un savant dosage des différentes forces politiques. Mais le plus dur reste la conduite de la Transition à son terme, pour déboucher sur des élections démocratiques, libres et transparentes, qui devront signer le retour du pays à l’ordre constitutionnel normal. Cela n’est pas gagné d’avance. C’est pourquoi l’on peut comprendre la CEDEAO, quand elle se montre quelque peu tatillonne sur la charte de la Transition. Car, la réussite de la transition dépend aussi de la qualité de la charte qui en définit les contours et surtout les attributions de ses dirigeants.   Cela dit, on peut s’attendre à ce que la tâche de Moctar Ouane à la tête du gouvernement de la transition, ne soit pas une partie de loisirs. Surtout au lendemain de la forte contestation populaire qui a emporté le régime d’IBK. C’est pourquoi  le Premier ministre de la Transition malienne, qui est, peut-on dire, à son premier examen de passage avec la formation du tout premier gouvernement de cette transition,  n’a pas droit à l’erreur. Car, il a obligation de résultat. Aussi est-il impératif pour lui de ne pas se tromper dans son casting, sous peine d’en payer le prix fort. D’autant qu’il est assis sur un siège éjectable.  En tout état de cause, Il appartient aussi aux Maliens de mettre du leur, pour la réussite de cette transition. A commencer par les militaires qui doivent donner tous les gages de leur bonne foi à travailler à ne pas tirer la couverture à eux pour mieux revenir ou rester aux affaires. Car, loin d’être l’affaire des seuls dirigeants ou de l’élite politique, cette transition se veut celle du pays tout entier qui a besoin de renouer au plus vite avec l’ordre constitutionnel normal.

 

 « Le Pays »

 

 


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