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MALI : L’impérieuse nécessité de revoir le système sécuritaire


Aux lendemains du dénouement tragique de l’attaque terroriste de l’hôtel Byblos à Sévaré, il s’est déclenché une autre  guerre : celle de l’auteur de cet acte. Alors  que par un premier communiqué parvenu à la chaîne de télévision qatarienne, Al-Jazeera, et repris par l’agence de presse mauritanienne, al-Akhbar, le groupe djihadiste des  al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar revendiquait la paternité de l’attaque,  un second communiqué émanant, cette fois-ci, d’un cadre  djihadiste du nom de guerre de Souleyman Mohamed Kennen, proche du prédicateur radical malien Amadou Koufa qui rêve d’appliquer la charia dans toute la région de Mopti, s’en dit l’auteur. Pourquoi une telle confusion ?

D’abord parce que  le cerveau de l’attaque, proche de Amadou Koufa,  a également fait partie en 2012 de l’aile des combattants de Mokhtar Belmokhtar ; ce qui pourrait laisser même supposer une coopération des deux groupes dans la conception et l’exécution de l’attaque de l’hôtel Byblos. L’autre raison est que pour les groupes djihadistes,  cette attaque à Sévaré est une victoire en raison du nombre élevé de macchabées (5 contractuels de l’ONU et 4 soldats maliens contre 4 assaillants), et comme le dit l’adage, « la victoire a plusieurs pères, seule la défaite est orpheline ». La dernière raison participe de la guerre psychologique que les terroristes mènent contre le gouvernement malien, lui donnant  l’impression de faire face à une foultitude d’ennemis susceptibles de semer la terreur à tout moment et à partir de n’importe quel  point du territoire. On comprend alors aisément le refus de Bamako de se faire balloter à tout vent par cette stratégie, maintenant sa première hypothèse, celle du Front de libération du Macina, allié à Ansar Dine et dirigé par Amadou Koufa, originaire de la région. 

Face à la nouvelle explosion de violences, on se demande ce que devient l’accord d’Alger

L’un dans l’autre, tout ceci vient complexifier le puzzle du système sécuritaire du gouvernement malien qui doit faire face à un ennemi sans visage, dont la principale caractéristique connue est  sa folie meurtrière. On peut d’ailleurs légitimement se  poser des questions sur ce système sécuritaire, au regard des évènements de Sévaré. Que le commanditaire de ces atrocités soit Koufa ou Belmokhtar, les deux sont connus et on se demande pourquoi des mesures pour sécuriser les points stratégiques n’ont pas été prises face à la recrudescence des actes terroristes. La question n’est pas saugrenue, quand on connaît l’intérêt stratégique  de Sévaré qui est une importante base militaire où sont stationnées des forces françaises de l’opération Serval, des troupes de la MINUSMA et celles de l’armée malienne qui y dispose du plus important camp militaire de la région ! Se partagent-elles les renseignements ? Le système de renseignement français qui dispose de toutes les avancées technologiques en matière de lutte contre le terrorisme, profite-t-il à tout le monde ? Enfin, la zone de Sévaré est un point de transit vers les destinations touristiques du pays dogon. Pourquoi, au regard de l’importante contribution du secteur touristique au trésor malien déjà bien malmené par cette crise, le Mali laisse-t-il asphyxier sa  poule aux œufs d’or ?

Autant de questions sans réponses qui viennent jeter le doute sur ce système sécuritaire et conforter l’idée que le Mali doit miser sur le tout sécuritaire. Et ce travail doit commencer par le recensement rigoureux de tous ses points stratégiques.

Face à cette nouvelle explosion de violences, on se demande finalement ce que devient l’accord d’Alger. On pourrait naïvement arguer que les groupes auteurs de ces attaques spectaculaires n’en sont pas signataires, mais pour qui connaît le modus operandi de la nébuleuse terroriste, l’explication peut paraître bien superficielle. Ces groupes n’opèrent jamais seuls et sont liés entre eux par des réseaux de parrainage où se déroulent de douteux procédés d’échanges.  D’ailleurs, les groupes armés du Nord, signataires de l’accord d’Alger, étaient censés  aider à son application en dissuadant les auteurs de ces actes terroristes, mais la résurgence actuelle de la violence est symptomatique de toute  l’hypocrisie  qui couve sous la signature de ce traité obtenu sous la pression de la communauté internationale. Dans tous les cas, il serait suicidaire pour le Mali de continuer à croire à cet accord qui n’est que de la morphine pour l’endormir, pendant que ses adversaires agissent sous le couvert d’autres manteaux.

Quant à l’ONU qui a payé le prix fort dans cette hécatombe, il devient urgent pour elle d’opérer une mue. Car la posture des Casques bleus  qui consiste à se laisser tuer sans tuer, est aujourd’hui surannée, étant donné que les guerres classiques où ils s’interposaient entre deux belligérants clairement identifiés, relèvent de l’histoire. Le mandat des troupes onusiennes  doit être clairement plus offensif.

SAHO


Comments
  • Très bon commentaire, en réalité le Mali est pris en otage par la communauté internationale par le truchement de la MINUSMA qui dit qu’elle n’est pas là pour faire la guerre contre les terroristes et contre les rebelles. La MINUSMA est là pourquoi alors ? Mettre la vie des soldats africains en dangers face aux terroristes déguisés des groupes armés et intimer à l’armée malienne et aux groupes favorables à l’unité du Mali de ne jamais mettre les pieds à Menaka et à kidal base arrière des narco djihadistes. Dans un pays ou plusieurs groupes qui étaient affiliés aux terroristes sont armés et on parlent même pas de leurs désarmements que pouvons nous attendre si ce n’est la violence.

    12 août 2015

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