MANIF CONTRE LE NOUVEAU CODE ELECTORAL AU NIGER
Le landerneau politique nigérien est encore en ébullition. Pas plus tard que le samedi dernier, l’opposition a encore battu le macadam pour réaffirmer son opposition au nouveau Code électoral qu’elle juge taillé sur mesure en faveur du dauphin du président Mahamadou Issoufou qui, contrairement à bien de ses pairs africains, a vite désigné son successeur en la personne de son ministre de l’Intérieur, Mohamed Bazoum. Et ce n’est pas tout : l’opposition remet également en cause, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qu’elle qualifie de non consensuelle et non inclusive. Faut-il le souligner, cette manifestation intervient au moment où la CENI s’apprête à lancer l’enrôlement des électeurs dès demain 1er octobre. En vérité, ces manifs ne sont ni plus ni moins que des tirs groupés contre le candidat du pouvoir, qui, dit-on, semble bien parti pour faire mordre la poussière à l’opposition au motif qu’il bénéficierait de gros moyens de l’Etat. Comme pour ne rien arranger, en plus de s’opposer au nouveau Code électoral et à la CENI, l’opposition estime que le candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), ne peut être juge et partie, étant donné que le département ministériel qu’il dirige est impliqué dans l’organisation des élections. C’est dire si l’opposition est en ordre de bataille pour la présidentielle de 2021. Mais jusqu’où ira-t-elle? A-t-elle les moyens de faire courber l’échine au pouvoir ? Sa cause sera-t-elle entendue ? Rien n’est moins sûr. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à moins de deux ans de la présidentielle au Niger, la bataille pour la conquête du pouvoir d’Etat fait rage et Dieu seul sait jusqu’où elle mènera.
Il y a lieu de savoir raison garder
Car tout porte à croire que le Niger court dangereusement le risque de s’installer dans une crise postélectorale ce d’autant que chaque camp, présidentiel comme opposition, semble camper sur sa position. En tout cas, l’opposition n’entend pas reculer d’un iota. Loin s’en faut, elle se dit même déterminée à poursuivre la lutte jusqu’à ce qu’elle obtienne gain de cause. Mais a-t-elle les moyens de ses ambitions ? Bien malin qui saurait répondre à cette question. Toujours est-il que ce bras de fer entre pouvoir et opposition n’augure rien de bon pour le Niger. Certes, dans un Etat de droit, les manifestations, pour autant qu’elles soient pacifiques, sont l’expression d’une vitalité de la démocratie. Mais dans un pays comme le Niger où l’hydre terroriste continue de frapper, il y a lieu de savoir raison garder et c’est pourquoi chacun doit mettre de l’eau dans son vin. On ne le sait que trop bien, en Afrique, les crises postélectorales ont toujours eu des conséquences dramatiques sur la vie de la nation et des citoyens. Et le Niger le sait mieux que quiconque, au regard de son passé politique agité. Il urge donc que l’opposition et le pouvoir s’asseyent autour d’une table de négociations pour accorder leurs violons. Il y va de l’intérêt supérieur du pays. En tout cas, le Niger n’a pas besoin d’une crise politique supplémentaire. Car, une telle crise pourrait non seulement mettre sa jeune démocratie en péril, mais aussi et surtout ternir le bilan du président sortant qui, quoique l’on dise, aura permis au Niger de prendre des galons sur bien des plans.
Dabadi ZOUMBARA