MANQUE DE MOYENS POUR LUTTER CONTRE EBOLA AU BURKINA:Ce n’est pas sérieux
Le mercredi dernier, je parcourais les colonnes d’un journal de la place lorsque je suis tombé sur un article portant sur la fièvre hémorragique Ebola, du nom de cette maladie qui, en quelques mois seulement, a fait plus de 1000 morts en Afrique de l’Ouest. L’article en question rendait compte d’une réunion du comité national de gestion des épidémies, qui a élaboré un plan de préparation et de riposte contre le virus Ebola qui ne connaît pas de frontières. J’avoue que j’étais très heureux de savoir que nos autorités ont pris la mesure du péril, et n’ont pas attendu que le virus frappe à nos portes pour commencer à se secouer. Je me rappelle d’ailleurs que le ministre de la Santé annonçait à qui voulait l’entendre, que des dispositions préventives avaient été prises à l’aéroport international de Ouagadougou aux fins de contrôler l’état de santé de tous ceux-là qui entrent dans notre pays. Vraiment, il n’y a rien à dire. C’est parfait, car comme le dit l’adage, gouverner c’est prévoir. Et là, personne ne peut reprocher à nos dirigeants d’être restés indifférents face à un mal qui tue sans ménagement.
Quand il s’agit de trouver l’argent pour des futilités, on en est capable
Mais là où j’ai commencé à me perdre en conjectures, c’est lorsque le ministre de la Santé et ses collaborateurs ont déclaré que la mise en œuvre du plan de préparation et de riposte qu’ils ont élaboré pour faire face à une éventuelle épidémie de fièvre hémorragique Ebola, nécessite la mobilisation de plus de 12 milliards de francs CFA. Et d’ajouter qu’à l’heure actuelle, ils n’avaient pu réunir qu’un peu plus d’un milliard de francs CFA.
Quant au reste, ils comptent sur la générosité légendaire des partenaires techniques et financiers. Je dis tout simplement que ça ne fait pas sérieux. Comment peut-on élaborer un plan national de riposte et n’être même pas en mesure de mobiliser le quart de la somme globale que l’on recherche ? Pourtant, quand il s’agit de trouver l’argent pour les futilités, on en est capable. Urgence pour urgence, qui du référendum ou de la lutte contre Ebola nécessite une plus grande attention ?
On ne peut pas vouloir d’une chose et de son contraire
La réponse est claire dans la mesure où avec Ebola, il s’agit d’une question de vie ou de mort. Je ne sais pas combien cela a coûté, mais je reste convaincu que rien que l’argent utilisé par le parti au pouvoir pour organiser des meetings et sillonner le pays, pouvait, un tant soit peu, servir le comité national de préparation et de riposte contre Ebola. Et je peux même parier que pris individuellement, ils sont nombreux dans les rangs du pouvoir et dans ceux de l’opposition, ces hommes politiques qui peuvent mobiliser plus que dix milliards à eux seuls. Mais chacun préfère garder sa tirelire et l’admirer chaque matin, oubliant que si Ebola, touchons du bois, arrivait ici, personne ne pourrait jurer qu’il serait à l’abri. Ce que l’on oublie aussi, c’est que si l’on n’a pas actuellement 12 milliards pour prévenir Ebola, on risque d’en dépenser trois ou quatre fois plus, une fois que la maladie arrivera chez nous. Ce n’est pas pour rien que l’adage dit qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Voyez-vous, il faut que nous soyons cohérents avec nous-mêmes. Où mettez-vous notre souveraineté quand vous demandez aux partenaires de nous venir en aide pour lutter contre Ebola ? Je remarque que quand il s’agit des questions qui fâchent comme le référendum et le sénat, on ne tarde pas à brandir l’argument de la souveraineté du peuple burkinabè ; mais quand l’heure vient de tendre la sébile, on le fait sans vergogne. Arrêtons de nous chatouiller pour rire. Ça ne fait pas sérieux. On ne peut pas vouloir d’une chose et son contraire. Depuis nos aïeux qui étaient plus intègres que nous, on savait que la main qui donne est toujours au-dessus de celle qui reçoit. C’est une vérité universelle, et personne ne peut le nier.
« Le Fou »