HomeA la uneMARCHES DU CFOP CONTRE L’INSECURITE AU BURKINA

MARCHES DU CFOP CONTRE L’INSECURITE AU BURKINA


Une foule compacte et impossible à dénombrer a pris d’assaut les artères de la ville de Ouagadougou, le 3 juillet dernier, pour une « marche silencieuse et pacifique » contre la manière dont le régime actuel gère la question sécuritaire depuis que le diable s’est introduit dans la ‘’maison Burkina’’ en 2015. Aucun incident n’a été rapporté à Ouaga, pas plus que dans les autres localités du pays où des manifestants ont défilé pour crier leur ras-le-bol et étaler leur indignation face à la recrudescence des massacres atroces et abjects perpétrés par les terroristes. Partis symboliquement de la place de la Nation et brandissant des drapelets aux couleurs du pays, les manifestants ont pointé du doigt la responsabilité des autorités dans la ‘’mort clinique’’ du Burkina en tant qu’Etat aux frontières intangibles, avant d’adresser un message sans ambiguïté au régime de Roch Marc Christian Kaboré : sécuriser, à tout prix, les Burkinabè comme il s’y est engagé. Cette exaspération quasi générale et somme toute compréhensible, fait suite à une nuée d’événements tragiques qui ont secoué notre pays, ces derniers temps, notamment l’horreur indescriptible de l’attentat qui a coûté la vie à onze policiers dans le Centre-Nord, et surtout au massacre et à la dévastation par les formes les plus indicibles, de près de deux cents personnes à Solhan, dans le Sahel.  C’est la bronca soulevée par cette hécatombe qui a contraint, pour ainsi dire, le président du Faso à se débarrasser de ses deux glaives, Chérif Sy de la Défense et Ousséni Compaoré de la Sécurité, devenus trop émoussés aux yeux de l’opinion publique pour continuer à gérer des secteurs aussi stratégiques pendant que tout est en train de partir en vrilles dans le pays.

 

Espérons que les autorités comprendront les messages de détresse  et entendront les cris de cœur lancés par les populations

 

Le gouvernement ayant été remanié comme l’exigeait l’Opposition politique, Eddie Komboïgo et les siens ont eux aussi remanié leurs revendications, en estimant que le départ des deux ministres ne comble pas les attentes du peuple meurtri, et en intimant l’ordre au gouvernement d’équiper adéquatement nos forces de défense et de sécurité qui partent au contact des terroristes. Certes, c’est une très bonne plaidoirie en faveur de ceux qui sont censés protéger nos vies, mais il serait illusoire de croire que la stratégie de la défense de Stalingrad qui consiste à mobiliser d’importantes troupes dotées d’équipements militaires flambant neufs et de dernière génération suffirait, à elle seule, à exterminer les « méchants » à court terme. On risquerait au contraire de faire l’affaire de l’ennemi, d’autant que le gouvernement serait obligé de ‘’dépouiller’’ même les secteurs sociaux de base tels que l’Education et la Santé, des ressources qui leur sont allouées, au profit de la Défense et de la Sécurité, avec le risque énorme de voir l’Etat disparaître dans de nombreuses zones qui deviendraient, du coup, de véritables pépinières de recrutement pour les terroristes. Evidemment, nous devons toujours garder le doigt sur la gâchette pour rappeler à tous ces égarés qui en doutent encore, que « chez nous », au Burkina, c’est l’Etat qui dispose du monopole de la violence légitime. Mais nous devons, comme l’a dit le président du Faso dans sa dernière adresse à la Nation, repenser la stratégie de lutte contre cette insaisissable pieuvre qu’est le terrorisme, qui n’en finit pas d’étendre ses tentacules à travers notre pays. On verra, dans les jours à venir, ce que revêt cette nouvelle approche, et si le gouvernement accédera à la requête de l’Opposition d’organiser dans l’urgence des « assises nationales sur la sécurité ». Mais d’ores et déjà, on peut se réjouir du ton relativement modéré des orateurs qui se sont succédé à la tribune samedi dernier. Car, beaucoup craignaient des débordements et surtout un remake des événements d’octobre 2014 dont on n’a pas besoin de rappeler les détails pour que tous sachent ce qu’ils furent, et surtout ce qu’ils firent au Burkina, en matière d’avancée démocratique, mais aussi de déchirure sociale dont on s’attèle aujourd’hui à colmater les brèches. Espérons que les autorités comprendront les messages de détresse  et entendront les cris de cœur lancés par les populations lors de tous ces mouvements de protestation populaires, pacifiques et pluriels organisés récemment à Fada, Dori, Kaya, Titao, Ouaga, Bobo-Dioulasso et ailleurs. Et que le sacrifice expiatoire des deux ministres ouvrira la voix au retour à l’ordre et à la discipline dans les rangs.    En tout état de cause, c’est un signal fort envoyé au président du Faso, et il serait bien inspiré de le prendre au sérieux, faute de quoi l’Opposition politique va certainement et opportunément remettre le couvert, auréolée par l’impressionnante mobilisation des Burkinabè dans les deux plus grandes villes du pays, samedi dernier, lors de ce premier appel à manifester depuis le début du deuxième mandat de Roch Marc Christian Kaboré.

 

Hamadou GADIAGA


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